Vœux 2022 d'Edmond Rostand

À la façon de Cyrano

Je vous souhaite à tous la bonne année 2022

Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh! Dieu!... bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple, tenez:

Agressif :   Moi Monsieur si je dis « la bonne année ! »
             Cette formule est pour toi tout aussi destinée.
             Alors la ramène pas et c’est définitif
             Accepte ! Où sinon, je te colle un bourre-pif

Amical :    Reçois donc mon ami mes vœux les plus joyeux
             C’est un peu lapidaire, n’en soit pas sourcilleux
             Allez vient dans mes bras, je te bise sous le houx
             Ne crains pas mon haleine, j’ai sucé un cachou.

Descriptif : Une année ça comporte, trois cent soixante-cinq jours
             Douze mois, cinquante-deux semaines et oui un jour
             Tout ça c’est compliqué disent les pessimistes
             Mais vit donc sans compter disent les optimistes

Curieux :    Te souhaitant mon ami : bonne année bonne santé
              J’ignorais le disant que t’étais un coquin
              On t’a mis en prison qui se nomme la Santé
              Je n’en fais plus de vœux, j’ai peur d’être un devin

Gracieux :  Tu es douce, tu es belle et brille de mille feux
              Petite année nouvelle. Je te fais les doux yeux

Truculent : Année nouvelle, es-tu la déesse qui dirige
             La valse quotidienne des saintes et des saints
             À moins que tu ne sois, Vénus Callipyge
             Aussi belle des fesses, que sont fermes tes seins

Prévenant : On dit que chaque année, ménage ses surprises
             On les aime parfois ou elles nous terrorisent
             En l’an deux mille vingt-deux laisse-moi te protéger
             De tous ces médisants qui veulent te dénigrer

Tendre :    Une nouvelle année, c’est un petit bébé
             Qui apporte la joie, il suffit de l’aimer  

Pédant :    Souhaiter la bonne année, c’est un peu trop commun
             Laissons les petites gens, s’en charger dès demain

Cavalier :   Je te souhaite en riant, bonne année, bonne santé !
             Je rajoute, c’est navrant "goutte au nez toute l’année"

Emphatique : Au-delà des planètes et jusqu’au bout des cieux
               Que l’année se révèle une envoyée des dieux

Dramatique : Et si elle n’est pas bonne, cette année qu’on célèbre
               Le réveillon n’est plus qu’une veillée funèbre

Admiratif :   Petit plat dans les grands, smoking, nœud papillon
               Tu es de tous nos hôtes, le roi du réveillon

Lyrique :     Offenbach a créé en voyant toute cette bouffe
               La meilleure parodie de ses opéras-bouffe

Naïf :        S’embrasser sous le gui, porte bonheur dit-on
               Je n’en ai pas trouvé, me voilà tout couyon
               Réjouis-toi dit sa femme, et ne sois plus chagrin
               Le voisin en possède, il m’en donnera un brin

Respectueux : C’est à vos pieds mon cher que je dépose mes vœux
                Ils sont les plus sincères et très respectueux

Campagnard : Qui sème aux quatre vents les plus joyeux des vœux
                Récoltera souvent les fruits les plus juteux

Militaire :     Que le clairon résonne de ses notes les plus claires
                Pour annoncer la paix, cette idée visionnaire 

Pratique :     J’ai mon crayon, j’ai mon carnet, je suis fin prêt
                Pour t’offrir mes vœux les plus croquignolets

Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot :
      Deux mille vingt-et-un est mort, que vive deux mille vingt-deux

Cyrano voeux

C'était il y a 124 ans le 1er janvier 1898 qu'Edmond Rostand reçu la légion d'honneur après le triomphe de sa pièce Cyrano de Bergerac jouée le 28 décembre 1987.
La tirade du nez à été reprise en France comme à l'étranger un nombre incroyable de fois et même parodiée par Roger Pierre et Jean Marc Thibaut.

S'il était vivant, nul doute qu'il formulerait ses voeux de bonne année 2022 en parodiant sa tirade.
C'est aussi un hommage que je lui rend, car il est décédé le 2 décembre 1918 à 50 ans après avoir attrapé la grippe espagnole. Il n'y avait pas de vaccins en ce temps là.

Je suis sûr que, assis sur son nuage, il me sourit.

Vœux de Rostand