épisode1choisir l'agent

Tupeutla - épisode1 partie4 la formation de Leroidec

Le colonel demanda à Leroidec s’il a une idée de sa mission. Leroidec répondit par la négative en rajoutant que par les temps qui courent, les avantages sociaux, il ne faut pas passer à côté. À son tour le psychanalyste Kaugelfreser questionna : 
« 
Représentant en enclumes, est-ce un métier rentable ? Les gens ont-ils vraiment besoin d’enclumes ? » 
« 
Si les gens n’achetaient que ce dont ils ont besoin, ils ne dépenseraient pas un sou. » 
« 
Pourquoi donc quittez-vous la profession ? »
« 
Parce qu’à chaque grève des forgerons, je me fais traiter de jaune et avec une valise d’enclumes dans chaque main, difficile de s’élever socialement. »
Kaugelfreser conclut que Leroidec possède un jugement clair et lucide sur les gens et il fera un bon agent. Le colonel le reprit en main et lui demanda s’il sait ce qu’est le SDUC.
« 
La centrale française d’espionnage ! » hasarda Leroidec.
« 
Que nenni, rétorqua de Guerlasse, nous faisons du renseignement, c’est l’ennemi qui a des espions. »
Le monocleLa porte s’ouvrit et un homme portant un monocle traversa la pièce. 
« 
Bonjour monsieur Maurice, vous désirez quelque chose ? » s’enquit Hubert. 
« 
Non merci, colonel, je passais juste… » Et il repartit comme il était venu. Pour répondre à la surprise de Leroidec, le colonel précisa : 
« 
Personne ne sait qui il est, même pas moi, mais nous saluons toujours avec respect monsieur Maurice quand on le croise ici ou ailleurs. »

Je précise qu’il s’agit de Paul Meurisse, le Monocle, un ami de Pierre Dac qui passe toujours dans ses feuilletons pour lui faire un coucou.

Hubert de Guerlasse commence donc la formation de Leroidec en lui inculquant les douze commandements du parfait agent secret.
1- Un bon agent à toujours à l’esprit que la prudence est mère de la Sureté nationale et la belle-sœur des Renseignements généraux.
2- Pour réussir une mission, il faut voir les choses venir de loin pour pouvoir les regarder de plus près.
3- En cas de difficultés, il faut se dire que l’espoir demeure au niveau de l’espérance, inutile de désespérer.
4- En cas de coup dur, toujours tirer d’abord, viser ensuite et réfléchir après.
5- Pour s’asseoir, ne compter que sur ses fesses.
6- Si l’adversaire est supérieur en nombre, se montrer plus fort que lui en calcul mental.
7- L’art du camouflage est indispensable que ce soit en basset, en pin parasol ou en chandelier à sept branches.
8- Au téléphone, toujours composer un faux numéro pour dissimuler le vrai.
9- Il faut aussi être capable d’imiter le cri de la langouste ou du ver solitaire.
10- Ne jamais flirter avec une femme sans s’assurer que ce n’est pas un homme.
11- S’il se sent épié par l’ennemi, l’agent doit l’épier à son tour pour le déstabiliser de sorte qu’il ne sache plus s’il épie ou est épié et réciproquement.
12- Si l’on doit être un agent double, il ne faut jamais se donner rendez-vous au même endroit, de crainte de se retrouver tout seul ensemble…

Fin de l’épisode, à suivre…
27 juin 2022

Opération Tupeutla épisode1 partie3 Leroidec

Le troisième candidat fut introduit dans le bureau du colonel. Il présenta son curriculum vitae :
« 
Leroidec, Nicolas, César, Alexandre, Auguste, Octave… » De Guerlasse l’interrompit lui disant que Nicolas suffisait comme prénom, inutile d’y ajouter l’histoire romaine. Leroidec reprit : 
« 
Je suis né un 15 juin à Bouilly-les-Engelures dans la Nièvre, sur les bords de la Semoule entre Morzy-les-Gracieuses et Issoubly-sous-l’Hui près de l’auberge du Chromosome Hystérique. J’ai perdu mes parents très jeune, bêtement dans la foule du Salon des Arts ménagers et on m’a remis une carte d’orphelin provisoire certifiée conforme par la préfecture. J’ai un frère et une sœur. Mon frère est dans l’enseignement et ma sœur est première femme de chambre du duc et de la duchesse de Montfort L’Amaury.»
Lorsqu’il en vint à sa situation familiale, il déclara vivre dans le péché avec une compagne, mais ils vont régulariser.
« 
Elle s’appelle Antoinette Duglandier ; je lui ai donné le petit nom de Mémaine car c’est plus doux t-à l’oreille. Elle est petite main dans une fabrique de joints de culasse. » Pour ce qui concerne son passé professionnelle il précisa : 
« 
J’étais il y a peu, représentant en enclumes, un dur labeur de se trimbaler avec des enclumes de plus de 25kgs. Auparavant, à l’âge de dix ans, j’étais essayeur de sucette à la menthe et à la framboise, puis adulte, vérificateur des faux-poids et contremesures à Bonn, aide magasinier à la Secrétairie d’Etat du Vatican, moniteur de gymnastique abstraite à Joinville, donneur dans un institut d’insémination artificielle et pendant un an, j’ai aussi été interne des hôpitaux en qualité de malade, je le précise. Mais tout va bien depuis.
Il termina par son adresse : 84bis avenue du Général-Motors à Houilles.
Le colonel Hubert de Guerlasse le remercia. Il déclara qu’il allait faire taper ses notes par sa fidèle secrétaire chargée de les transmettre au service de contrôle car la règle d’or du SDUC et de toujours tout vérifier, tout contrôler. Il informa le postulant qu’il devra repasser les tests en sa présence et avant de le congédier temporairement lui dit : « 
Est-ce clair ? »
« 
Aussi clair qu’un jour où le soleil se lève dans une apothéose de gloire comparable à celle du matin de la bataille d’Austerlitz. » répondit Leroidec.

Fin de l’épisode, à suivre…
18 juin 2022

Célestine Troussecotte

L'actrice de cinéma Helena Bossis (1919/2008) prêtait sa voix à la secrétaire Célestine Troussecotte. Pierre Dac l'avait sollicité alors qu'elle jouait dans le feuilleton Belphégor, car elle était surtout actrice à la télévision, séries et téléfilm et au théâtre jusqu'en 1980. Elle sera ensuite directrice du Théâtre Saint-Antoine en 1984 à la mort de sa mère qu'elle remplaça.

La photo date du début des années 1950 et sans doute de son dernier film en 1954, Comme vous pouvez le constater, elle était très belle et Pierre Dac n'avait pas hésité à faire en sorte qu'elle soit courtisée, ce qui transparait à la fin de cette 2e partie de l'épisode 1.

Opération Tupeutla - épisode 1 partie 2 - Les postulants

Le lendemain, une longue file d’attente cernait l’immeuble occupé par le SDUC. Le colonel de Guerlasse demanda à l’adjudant Tifrisse de faire accomplir aux postulants le parcours du combattant de l’ombre afin de décourager les plus timorés. Il fallait tous les trois obstacles avaler un grand verre de punch guadeloupéen, le préféré de Tifrisse qui critiquait toujours le punch Martiniquais. Et bien sûr, les moins dynamiques abandonnèrent, les médecins éliminaient ceux qui ne tenaient pas l’alcool et les psychotechniciens se montrèrent encore plus sévères.
Résultats : seuls trois candidats furent reconnus ÉLÉM.DYNAM.
Le colonel fit donc introduire comme c’est l’usage le premier des trois. Quand il lui demanda son identité, celui-ci déclara : 
« 
Augustin Congre-Debout, mais en fait je suis venu par erreur car ce qui m’intéressait dans la cinquième colonne c’était les voitures d’occasion. Donc je vous laisse et la prochaine fois j’achèterai une voiture neuve et si possible étrangère. »
Il sortit et le deuxième postulant entra qui dit s’appeler Alexandre Humenvrac.
« 
Humenvrac est en mission, rétorqua de Guerlasse, retirez vos lunettes noires, votre perruque et votre moustache postiche. C’est bien ce que je pensais, vous êtes l’agent-double Zorbec Legras. Je vous prie de sortir à reculons pour ne pas vous faire botter les fesses. »

Fatigué, le colonel demanda à sa secrétaire de le laisser méditer quelques minutes pour récupérer et lorsque celle-ci s’apprêta à quitter la pièce, il la retint :
Helena Bossis Célestine Troussecotte« 
Restez, au milieu de ces hommes rudes portant les stigmates de la guerre de l’ombre, vos jambes si spirituelles sont un véritable rayon de soleil. Mais dites-moi : vous habitez chez vos parents ? »
Célestine Troussecotte, éclata de rire en déclarant :
« 
Sans vouloir vous vexer patron, tous ceux que je rencontre depuis mon arrivée dans le service me posent la même question. » « Qui sont-ils ? »
« 
Il y a eu : messieurs Albert Tumoulé, Julien Bougre-Decombre, Jean-Marie Coldepatte, les frères Fauderche… »
De Guerlasse en colère dit : « 
Quel toupet ! De mon temps, la secrétaire du patron, c’est sacré ! »
« 
C’est bien ce que m’a dit Napoléon Bougnaplat : la secrétaire du patron c’est sacré, il faut qu’elle y passe… »
« 
L’abject individu ! Je vais l’envoyer pour cent jours à l’île d’Elbe ! Chère enfant, oubliez tous ces malotrus. Je vais moi-même ce soir vous raccompagner à votre domicile. »
Le sourire de Célestine se fit soudain plus mutin : « 
Du moment que c’est un ordre, patron ! Il faut en attendant faire entrer le dernier candidat. »
« 
Vous avez raison, le devoir avant tout, quoique le repos du guerrier ne soit pas désagréable non plus ; et pour ce soir c’est entendu… »

Fin de l’épisode, à suivre…
10 juin 2022

Opération Tupeutla le SDUC, agents – épisode 1 partie 1

Helena Bossis Célestine TroussecotteCe soir-là, les onze coups de 22h35 sonnaient au beffroi de Saint-Germain-l’Auxerois. Le colonel Hubert de Guerlasse, chef du SDUC (Service de Documentation Unilatérale de Contre-espionnage) était entouré de sa secrétaire Célestine Troussecote et de ses bras droits : AMX33 alias Théodule Létendard, B12 et B14 Raphaël et Jules Fauderche, PiR2 le révérend père Paudemurge et l’adjudant Tifrisse Marie-Rose métis né à Pointe-à-Pitre Guadeloupe qui vantait les avantages du Rhum de la Guadeloupe sur celui de la Martinique. Le colonel prit la parole : 
« 
Messieurs, l’ennemi ayant le bras long et des oreilles partout, je ne vous en dirais pas plus ni moins sur l’opération en préparation. Mademoiselle Troussecote veuillez sténographier le débat, une ligne codée et une ligne en clair, le tout au crayon gras pour pouvoir brûler le contre-rendu en fin de cette réunion secrète ! Il nous faut choisir le nom de code de l’opération. Je rappelle que lorsque Napoléon avait choisi Austerlitz et Wagram il fut vainqueur, mais quand il opta pour Waterloo, ce fut une défaite cuisante. J’ai donc choisi Tupeutla pour notre opération car cela sonne comme… »
« 
Comme le téléphone », enchaina Célestine en décrochant le combiné.
« 
Répondez que nous n’y sommes pour personne ! » ordonna le colonel ;
« 
Allô, oui, ici le QG du SDUC, je vous écoute… Entendu je fais part de votre message à qui de droit. » Elle annonça qu’il s’agissait de l’agent-double Zorbec Legras double qui voulait des informations sur l’opération Tupeutla. Tous glapirent qu’ils allaient avoir tous les services secrets sur le dos.
« 
Qui vous dit que ce n’est pas ce que je cherche avec l’opération Tupeutla », répondit le colonel qui congédia les bras droits, les renvoyant à leurs missions. Puis il s’adressa à Mademoiselle Troussecote pour faire un point sur les candidatures reçues pour diriger l’opération. Célestine précisa que les experts n’avaient validé aucun des 8123 postulants dont l’adjudant Tifrisse en rappelant qu’il avait échoué dans sa dernière mission. Envoyé au Groenland chez les esquimaux, on ne voyait que sa figure de métis et il était repéré tout de suite.
« 
Nous allons passer une petite annonce dans les journaux, prenez le texte Mademoiselle. »
« 
Je suis toute à vous »
« 
Nous verrons plus tard, dit en souriant le colonel. Maison sérieuse, cherche élément dynamique, raisonnablement ambitieux, formation assurée, avantages sociaux, possibilité de devenir cadre. Voulez-vous relire »

« MAIS.SER.CHER.ELEM.DYNAM.RAIS.AMBI.FORM.PAR NOS S. AVAN.SOC.POSS.DEV.CAD. J’ai rédigé en abrégé  pour que ça nous coûte moins cher. »
« 
Excellent, faites passer l’annonce dans : Le Figaro, France-Soir, Le Parisien, Le Monde, Le Chasseur français, La vie du Rail. Car pour être duraille, elle est duraille la vie ! »

Fin de la 1ère partie de l’Episode 1, à suivre…
03 juin 2022