Sadi Carnot

Président de la République française

Marie François Sadi Carnot, plus souvent appelé Sadi Carnot, est un homme d'État français, né le 11 août 1837 à Limoges et mort le 25 juin 1894 à Lyon. Il est président de la République du 3 décembre 1887 à sa mort.
La famille paternelle de Sadi Carnot, initialement composée de petits notables gagne véritablement en importance à partir de la Révolution française, avec Lazare Carnot : surnommé l’« organisateur de la Victoire », celui-ci vote l’exécution de Louis XVI, puis appartient au Comité de salut public et préside la Convention nationale sous la Terreur, avant d’exercer la fonction de directeur, d’être deux fois ministre de Napoléon et de mourir en exil sous Louis XVIII.
Originaire de la Charente et de la Haute-Vienne, la famille maternelle de Sadi Carnot possède une demeure à Limoges, où naît le futur président. Sa mère, Claire, est la fille de Marie-Thérèse Nieaud (1781-1866), dont le père est un riche négociant et un révolutionnaire, maire de Limoges de 1790 à 1791 et du colonel François Dupont-Savignat (1769-1845), inspecteur général des haras et frère du général Pierre Dupont de l'Étang. La famille possède une propriété (appelée « château de Savignac ») à Grenord, hameau de la commune charentaise de Chabanais.
À partir de la sixième, Sadi Carnot est scolarisé au très réputé lycée impérial Bonaparte (futur lycée Condorcet), où il choisit la filière littéraire ; il obtient un baccalauréat ès lettres en 1854, puis l’année suivante, un baccalauréat ès sciences. À l’issue de ses trois années à Polytechnique, en 1860, Sadi Carnot finit septième sur les 91 étudiants de sa promotion et se voit offrir un poste dans les services publics. Il intègre alors l'École nationale des Ponts et Chaussées, major de promotion, il le reste durant les trois années de sa scolarité. Il commence sa carrière professionnelle à 27 ans, un âge très avancé pour l’époque. Il devient ingénieur ordinaire de première classe puis ingénieur en chef de la Haute-Savoie.
Le 1er juin 1863, il épouse Cécile Dupont-White (1841-1898), fille de Charles Brook Dupont-White, avocat et économiste d'origine britannique, ami d’Hippolyte Carnot. Si ce mariage renforce la situation économique de Sadi Carnot, il ne présente pas la particularité, d'unir des familles de grands notables, propriétaires ou industriels. Quatre enfants naissent de leur mariage : Cécile Carnot maîtrise l’anglais, se passionne pour la philosophie des Lumières et conseille régulièrement son mari sur les sujets politiques.
Engagé en politique à partir de 1871 comme républicain modéré, Sadi Carnot est député de la Côte-d'Or, préfet de la Seine-Inférieure, sous-secrétaire d'État puis ministre des Travaux publics et ministre des Finances. Il est également vice-président de la Chambre des députés et président de la commission du Budget. À la fin de l’année 1887, Sadi Carnot est élu président de la République, face au général Saussier avec 74 % des voix. Le président Carnot est rapidement confronté à une forte remise en cause des institutions républicaines avec la montée de l’antiparlementarisme, les succès électoraux du boulangisme et les attentats anarchistes, alors que se poursuit l’instabilité ministérielle et qu’éclate le scandale de Panama. Son mandat est également marqué par le centenaire de la Révolution française et l'Exposition universelle de Paris avec aussi l’inauguration de la Tour Eiffel. En politique étrangère, il favorise la signature de l’alliance franco-russe avec l’empereur Alexandre III (Au début de 1891, le président français sera décoré par le tsar de l'ordre de Saint-André, la plus haute décoration russe, en remerciement de l'arrestation d'anarchistes russes à Paris).
Le 5 mai 1889, alors qu'il se rend à Versailles pour fêter le centenaire des états généraux de 1789, un magasinier de la Marine, Jean-Nicolas Perrin, tire une fois pour protester contre sa mutation au Sénégal avec des cartouches sans poudre. Le 14 juillet 1890, l'inventeur Martial Jacobs, pour protester d'avoir été spolié de certaines de ses inventions, tire en l'air (encore des balles à blanc) au passage du président avenue de Marigny. À partir de 1893, pour lutter contre les attentats anarchistes, plusieurs lois, plus tard appelées « lois scélérates », sont adoptées. La haine des milieux anarchistes envers Sadi Carnot se renforce en raison de son refus d’accorder la grâce à Ravachol (juillet 1892), Auguste Vaillant (février 1894), auteur d’un attentat à la Chambre des députés, et Émile Henry (mai 1894).
« Assassinat du président Carnot » en une du Supplément illustré du Petit Journal du 2 juillet 1894.
Le 24 juin 1894, à cinq mois de la fin de sa présidence, Sadi Carnot effectue un déplacement officiel à Lyon, où se tient l'Exposition universelle, internationale et coloniale. Après avoir participé à un banquet organisé au siège de la chambre de commerce, au palais du Commerce, il prend place à l’arrière d’une voiture décapotable basse, en compagnie notamment du docteur et maire de Lyon, Antoine Gailleton. Il prévoit alors de rentrer brièvement à la préfecture du Rhône avant d’assister à une représentation au Grand-Théâtre de la ville. 
Vers 21 h 15, le convoi s'engage rue de la République, avec le chef de l’État qui salue une foule compacte et vient de faire reculer le cavalier situé à sa droite pour avoir une meilleure visibilité30. C’est alors qu’un anarchiste italien de 20 ans, Sante Geronimo Caserio, s’approche du landau présidentiel en faisant mine de vouloir remettre un document, monte sur le marchepied et poignarde le président de la République.
Gravement touché au foie et à la veine porte, Sadi Carnot, âgé de 56 ans, est transporté inconscient à l’hôtel de préfecture. Les soins prodigués et l’intervention chirurgicale conduite par les professeurs Lacassagne et Poncet ne stoppent pas l’hémorragie : le président se vide de son sang pendant plusieurs heures, avec un moment d'interruption pendant lequel il reprend connaissance. Son acte de décès indique qu’il est mort à 0 h 40 le 25 juin.
Sante Geronimo Caserio est arrêté sur le lieu de l’assassinat. Condamné à mort à l’issue de son procès, il est guillotiné le 16 août 1894.
Cécile Carnot refuse dans un premier temps que le corps de son défunt époux ne soit autopsié ; elle se laisse finalement convaincre par Antoine Gailleton, qui invoque l’intérêt national, mais à la condition que l’examen soit effectué par le professeur Ollier.
Bien que très symbolique, la mort de Sadi Carnot ne remet pas en question la stabilité des institutions républicaines, confortées par les échecs du projet de Troisième Restauration et du boulangisme35. Le drame n’en suscite pas moins une forte vague d’émotion populaire, qui entraîne notamment des émeutes anti-italiennes. Les parlementaires adoptent quant à eux la dernière et la plus marquante des lois visant les anarchistes, qui sont privés de tout type de communication ; le texte sera abrogé en 1992.
Le corps de Sadi Carnot est ramené à Paris et des obsèques nationales sont organisées en vertu d’une loi adoptée le 29 juin 1894. Les funérailles ont lieu le 1er juillet en la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence notamment de Jean Casimir-Perier, son successeur à l’Élysée. Il est ensuite inhumé au Panthéon, à côté de son grand-père Lazare. Sadi Carnot est le seul président de la République française à reposer dans ce bâtiment.
Contrairement à son épouse, Sadi Carnot n’est pas un catholique très pratiquant. En tant que président de la République, il affiche une stricte neutralité religieuse cherchant à apaiser les relations entre l’État et l’Église. Marié à l’église, il donne une instruction religieuse à ses enfants, et, au risque d’irriter la frange la plus laïque des républicains, demande à recevoir l’extrême-onction après avoir été poignardé à Lyon.
Dans l'opinion publique
Les Français des décennies suivant sa mort voient surtout en lui un « martyr de la République », mortellement poignardé par un activiste italien. La plupart des ouvrages et travaux académiques du XXe siècle le concernant traitent d’ailleurs essentiellement du crime de Sante Geronimo Caserio et de ses conséquences. Avec Paul Doumer (tué par balles en 1932), Sadi Carnot est l'un des deux seuls présidents de la République française à avoir été assassiné.
Après sa mort, 384 communes donnent son nom à des rues, et 17 communes érigent des statues ou des bustes de lui. Le musée d'Orsay relève 22 monuments qui lui sont consacrés en France.
À Lyon, sur la place de la République, à proximité du lieu de son assassinat, un important monument est érigé à sa mémoire quelques années après sa mort, avant d’être déplacé dans les jardins de l’hôtel de préfecture du Rhône lors de la construction du métro dans les années 1970. Une rue du Président-Carnot se trouve également dans le quartier central des Cordeliers. La place Carnot, où Sadi Carnot est venu inaugurer la statue de la République en 1889, a en revanche été baptisée ainsi en hommage à son grand-père Lazare.
En 1897, une statue installée sur la place portant son nom à Limoges, est détruite en 1942 sous l'occupation allemande ; elle est remplacée en 1987 par un médaillon inauguré par le maire de la ville, Louis Longequeue.
Un monument est érigé en 1897, après souscription populaire, à Angoulême sur le rempart Desaix ; œuvre du sculpteur charentais Raoul Verlet, il représente un buste du président assassiné entouré de deux allégories : celle de la renommée (portant une branche d'olivier et une couronne de laurier) et celle de la France en veuve éplorée.
Un buste le représentant est érigé en 1897 à La Ferté-Alais (Seine-et-Oise, actuelle Essonne), sis place Carnot.
À proximité, dans la commune de Cerny, se trouve le château de Presles, domaine de la famille Carnot sur lequel Sadi Carnot a fait construire une ferme.

En 1895, une souscription populaire permet l'érection à Nolay (Côte-d'Or), où vivait la famille Carnot, d'un monument réalisé par le sculpteur Alexandre Falguière ; cette réalisation est détruite lors de l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le même département, à Dijon, un Monument à Sadi Carnot, réalisé par les sculpteurs Mathurin Moreau et Paul Gasq, est installé en 1899.
Une rose, baptisée 'Souvenir du Président Carnot', lui est par ailleurs dédiée en novembre 1894
Après l’assassinat de son époux, Cécile Carnot refuse la pension que le gouvernement veut lui octroyer.
Elle meurt quatre ans après lui, des suites d'une maladie cardiaque.