Rose restitutions et activités

Rose Valland restitution des œuvres et poursuite de son activité

Entre 1945 et 1954, elle aura participé au rapatriement de plus de 60 000 œuvres et objets divers spoliés aux institutions publiques (Musée de l'Armée, loges maçonniques, Bibliothèque polonaise, etc.) et aux familles juives persécutées (Bacri, Bernheim, Cassel, David-Weill, Dreyfus, Alphonse Kann, Paul Rosenberg, Rothschild, Seligmann, etc.).
À son retour à Paris en mars 1952, elle réintégra l'administration des Musées de France, comme conservatrice des Musées nationaux. Elle devint chef du Service de protection des œuvres d'art (SPOA), service créé à son intention dans un but prospectif de protection des œuvres d'art en cas d'un 3e conflit mondial.
Si son travail sur la restitution des œuvres spoliées a bien été reconnu par les victimes qui lui témoignèrent leur gratitude, il demeura toutefois peu valorisé et peu encouragé par son administration. Etait-ce dû à son indépendance de corps et d’esprit, car à cette époque l’homosexualité masculine était relativement cachée alors une femme qui vivait avec une femme, ça craignait.
Rose Valland et Jeanne Moreau en 1963En 1961, elle fit connaître son action sous l'Occupation dans le livre Le Front de l'art (réédité en 1997, puis en 2014).
Elle prit sa retraite en 1968, mais continua à travailler sur la restitution des œuvres spoliées, à la demande du Service des bibliothèques, des archives et de la documentation générale (SBADG) des Musée nationaux. Elle joignit ses archives personnelles aux archives des services français de récupération artistique (Commission de récupération artistique, Office des biens et intérêts privés, SRPOA, Bureau central des restitutions, Bureau d'investigation artistique), avec le souhait que l'ensemble rejoigne le Bureau des archives de l'occupation française en Allemagne et Autriche, à Colmar. Depuis 2010, l'ensemble de ces archives est conservé au Centre des archives diplomatiques de La Courneuve.

Son action héroïque durant la guerre et l'après-guerre lui valut de nombreuses décorations françaises et étrangères. Elle obtint la médaille de la Résistance française (1946) et Les États-Unis lui ont remis la médaille de la Liberté (1948), Elle devint Commandeure des Arts et des Lettres (1960) puis officière de la Légion d'honneur (1969), Elle a aussi été faite officier de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne (1972). Dans l'image à gauche nous voyons Rose Valland et Jeanne Moreau lors du tournage du film Le train qui sortira en 1964 et que j'ai vu au cinéma.
Durant les années d'après-guerre, Rose Valland rencontra la Britannique Joyce Heer (1917-1977), secrétaire-interprète à l'ambassade des États-Unis, qui devint sa compagne jusqu'à sa mort. Les deux femmes partageaient un appartement rue de Navarre dans le 5e arrondissement de Paris. Rose Valland lui réserva une place à ses côtés dans le caveau familial.
En 1979, Rose Valland publia la thèse de sa compagne, La personnalité de Pausanias, de façon posthume aux éditions des Belles-Lettres. Un avant-propos signé par le directeur de thèse révèle, avec pudeur et avec l’accord de Rose Valland, les liens qui unissaient les deux femmes : « Elle habitait Paris chez une amie qui lui avait appris le français et qui depuis très longtemps l’aimait comme une très proche parente. Bien des personnes vont deviner qui est cette amie avant que je ne dise son nom, si j’indique que, Conservateur du Musée du Jeu de Paume pendant la guerre… ». S'ensuivit le récit de son action en tant que résistante.

Rose Valland mourut en 1980 à l'âge de 81 ans dans une relative solitude à Ris-Orangis, en banlieue parisienne. Elle est inhumée avec sa compagne dans son village natal de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, où le collège et une place portent son nom. La 47e promotion de l'IRA de Lille porte les noms de Jacques Jaujard et Rose Valland.

À suivre,
04 juin 2022