Denise de 1944 à la fin de la guerre

Une dernière période de la seconde guerre mondiale très éprouvante

26 mai 1944 – Bombardement américain de Lyon. Les voies de communication et le réseau ferré étaient visés, mais les dégâts collatéraux ont été considérables plus de 700 morts et un millier de bléssés sans compter deux églises et 20 000 logements détruits.

16 juin 1944 – Assassinat à Saint-Didier-de-Formans de 30 détenus dont Marc Bloch et le jeune Joseph Chwalsky.

Veilleur de pierre27 juillet 1944 – Cinq résistants, dont Gilbert Dru l’ami de Denise et de son frère, sont extraits de la prison de Montluc et fusillés pace Bellecour. Le monument "Le Veilleur de pierre" érigé en 1948, à l’angle de la rue Gasparin, leur rend hommage et fait toujours l’objet d’une commémoration émouvante.  

7 août 1944 – Départ de Drancy, sous les ordres d’Aloïs Brunner, du dernier convoi de 51 déportés juifs à destination de Buchenwald.

19 août 1944 (Denise)Toutes ces morts m’accablent et par moments, il me semble que je suis un peu morte moi-aussi. Gilbert Dru, que nous connaissions depuis quinze ans et qui était fiancé avec Denise Jouve, une de mes amies de fac, a été fusillé le 27 juillet en compagnie de Francis Chirat, un bon camarade de combat. Ils ont été fusillés à midi à l’angle de la rue Gasparin et de la place Bellecour, en représailles d’un attentat, sous les yeux de mon frère Bernard qui sortait de classe. On vieillit vite en ce moment, quand on ne meurt pas.  

Hélas en rentrant à Lyon, j’ai appris l’arrestation d’André  Reussner par la milice. Il a été interrogé, ou plutôt martyrisé, pendant douze jours, jugé – il y a des moments où je me demande si les mots ont encore un sens – par la cour martiale de Lyon le 4 août, condamné à mort et fusillé le même jour au fort de la Duchère par la milice. J’ai tout essayé pour le sauver, mais j’ai été impuissante et je ne m’en consolerai jamais. Je suis allée voir ses parents et son père se tordait les mains. C’était leur fils unique et il avait dix-neuf ans, et nous l’aimions tant.

27 août 1944 (Denise) – Plus d’électricité depuis trois jours, d’où plus de radio. Plus de nouvelles et plus de pain non plus. Ah ! On l’aura désiré jusqu’à en crever, cette libération et on n’est même pas sûr de la voir.  

Et parfois j’en arrive à envier ceux qui ont sacrifié leur vie ; nous, nous serons obligés d’apprendre à vivre sans eux, en nous demandant pourquoi eux et pas nous.

3 septembre 1944 – Libération de Lyon

Après la Libération de Lyon, Denise montera à Paris et sera nommée responsable du Mouvement de Libération Nationale (MLN).

7 septembre 1944 (Denise)Je vais avoir vingt ans. Et j’ai encore tant de questions sans réponses. La Libération est là, à nos portes, et je l’ai tellement espérée. Mais j’ai remarqué que ce que l’on attend, quand ça arrive, n’est jamais tout à fait ce qu’on attendait. 
J’ai tellement attendu de réussir mon bachot ; il me semblait que quand je l’aurais réussi, je serais pleinement heureuse et, en réalité, ce n’est qu’une porte ouverte vers d’autres difficultés. Vers d’autres joies aussi, soyons justes. Par moment la joie de la Libération m’enivre et puis soudain j’ai le sentiment que je marche sur des cadavres. 
J’espère que je saurai être heureuse, mais je ne serai plus jamais innocente.

8 MAI 1945 – Capitulation de l’armée allemande.

A suivre...