Denise à l'entrée en Guerre
Les jeunes dans la tourmente en 1940
Denise Domenach-Lallich est née le 10 octobre 1924 à Lyon.
Troisième enfant d’une famille de neuf, son père est ingénieur dans l’entreprise Les câbles de Lyon. La famille s’inscrit dans la mouvance du catholicisme social.
Elle est élève au Cours Belmont lorsqu’éclate la guerre.
Je mettrais en italiques quelques extraits du journal qu’elle écrira jusqu’à la fin des hostilités et qui ont été repris dans l’hommage qu’elle reçut lors de l’exposition temporaire Génération 40, des jeunes dans la tourmente du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation qui se déroula d’octobre 2018 avec prolongation jusqu’en septembre 2019.
1er juin 1940 : Cet après-midi, nous avons eu trois alertes. La première a durée de midi à 2h15, ça ne nous a pas empêché de déjeuner.. La seconde à durée de 2h30 à 3h30 et la troisième de 4 heures à 5h30 (…). Maman qui vient de rentrer, m’apprend que les Boches ont bombardé Givors, Saint-Rambert-D’albon et qu’il y a déjà beaucoup de morts. Je pense que cette nuit on va y avoir droit nous aussi. Peut-être que c’est bientôt moi qui vais recevoir une bombe sur le rikiki. Ça m’embêterait quand même un peu de mourir comme ça bêtement à quinze ans. Quitte à mourir, j’aime mieux mourir bravement en soldat et pour une cause noble pour laquelle j’aurais fait de ma propre volonté le sacrifice de ma vie.
Le 10 mai 1940, offensive allemande avec bombardement de l’aérodrome de Bron et le 19 juin Lyon est déclarée ville ouverte. Le 16 juin 1940, le gouvernement du maréchal Pétain signera l’armistice et le 18 juin se sera l’appel du général De Gaulle. Elle écrira le 10 octobre 1940 : Il paraît qu’il y a à Londres un général français qui pense comme nous.
18 novembre 1940 : Aujourd’hui, Philippe Pétain est venu à Lyon. Il y avait des affiches absolument partout. Les scouts étaient chargés du service d’ordre, il fallait faire la chaîne et nous avons vu passer les gosses des écoles qui brandissaient tous des drapeaux tricolores et ensuite le lycée du Parc. J’ai vu les taupins, les cornichons, les flottards et les Khâgneux. Ils étaient tous OBLIGÉS de venir et j’en connaissais qui sont des camarades de Jean.
Jean-Marie son frère, s’engagea dans la résistance avec son ami Gilbert Dru. Denise qui vient d’avoir 16 ans les aida. Son nom de code sera Duplessy.
10 janvier 1941 : Pendant les vacances nous avons écouté De Gaulle parler à la TSF, car je suis gaulliste, et mon père et mes frères aussi. Je porte une petite croix de lorraine accrochée au bracelet de ma montre. La mairie a fait prévenir les scouts que si les allemands occupaient Lyon, il ne fallait plus mettre d’insigne, ni d’uniforme ; pour que les cheftaines nous disent ça, il faut que le danger soit imminent. Toute la France voudrait avoir confiance en Pétain, même les gaullistes, mais moi je ne l’aime pas, et papa non plus parce qu’il a trahi la République.
Le 9 mars 1941 ce fut la création d’un service civique rural pour tous les jeunes de 17 à 21 ans, à l’exclusion bien sûr des juifs et des étrangers.
23 mars 1941 : Jeudi soir je suis allé à un grand meeting de la jeunesse étudiante chrétienne (…) Le cardinal Gerlier est monté sur scène ; je trouve qu’il a beaucoup d’allure et qu’il parle bien. Il a fait une improvisation très simple et a terminé par ces mots : « Vous travaillerez mes enfants, jusqu’à ce que la France reprenne sa place dans le monde, et cette place, j’ose le dire, c’est la première. » Je ne sais pas s’il s’imagine que c’est en nous faisant travailler qu’il va gagner la guerre, mais il est plutôt sympathique.
En mai 1941, elle participe avec d’autres jeunes à un chahut monstre au cinéma la Scala où les lyonnais ne verront jamais le film de propagande Le juif Süss. La police de Vichy, "les hirondelles" les poursuivirent mais elle dira plus tard « Nous n’avions pas peur, on courait plus vite qu’eux ».
? suivre...
21 août 2020 - ciquez sur les images pour mieux les visualiser
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