La Maman des Poilus
Née le 20 janvier 1871 à Coligny dans l'Ain, Clotilde Bizolon deviendra une personnalité lyonnaise pour sa participation à l'effort de guerre de la Première Guerre mondiale. Cliquez sur les images pour bien les visualiser
En 1915, agée de 44 ans, suite à la disparition au front de son mari et de son fils, elle se retrouve seule. Elle décide alors d'ouvrir sa buvette, Le déjeuner des soldats, devant la gare de Perrache à Lyon. Au tout début, avec quelques planches et six tonneaux, elle compose le petit comptoir derrière lequel, elle distribue café, vin et mots de réconfort. Avec l'appui d'Edouard Herriot, maire de Lyon, et le soutien financier d'un riche Américain, John Jacob Hoff, une vraie buvette en dur avec un comptoir en zinc est érigée.
Sans relâche, elle voit défiler des dizaines de poilus qu'elle encourage quotidiennement. Sa renommée grandit et les soldats la baptisent " la mère Bizolon ", puis " La Madelon " comme la chanson qu'ils lui chantaient régulièrement pour la remercier de sa générosité. Et finalement elle deviendra
" La Maman des Poilus ".
Après l'armistice, du 11 novembre 2018, elle n'en restera pas là. Elle transforme l'ancienne boutique de cordonnier de son mari en un modeste bouchon lyonnais et participe à de nombreuses œuvres charitables de bienfaisance.
Touché par sa modestie et sa notoriété, Edouard Herriot en 1925 lui remet la légion d'honneur. Elle devient alors la plus célèbre " Patronne des bouchons lyonnais ".
Au début de la seconde guerre mondiale en 1939, à presque 69 ans, Clotilde Bizolon rouvre Le déjeuner des soldats pour accueillir les bidasses partant au front. L'affluence est la même, mais la Dame se fait vieille. Sa célébrité réveille des jalousies. Dans une ville en pleine déconfiture, elle se fait agresser chez elle, le 29 février 1940, avant de mourir quatre jours plus tard.
Le 4 mars 1940, la nouvelle se répand dans toute la ville. Clotilde Bizolon, la maman des Poilus est morte, l'émotion est vive. Des centaines de personnes se réunissent pour ses obsèques à la basilique de Saint-Martin-d'Ainay. Le cardinal Gerlier, primat des Gaules est présent tout comme le président du Cartel des anciens combattants, le maire de Lyon et plusieurs conseillers municipaux.
L'enquête - Découverte le crâne fracassé à coups de marteau, avant de mourir, elle réussit à parler d'un homme jeune à casquette.
L'enquête s'enlise, jusqu'à ce que les soupçons se portent sur un unijambiste cambrioleur multirécidiviste qui se suicide avant son interrogatoire.
Le docteur Edmond Locard qui est en charge de l'enquête confirme que le marteau avec les cheveux collés, retrouvé au domicile du suspect est bien l'arme du crime. Le dossier est clos, mais des témoignages ultérieurs, laissent planer un doute sur sa véritable culpabilité.
Avait-il un complice, était-ce bien lui l'assassin ?
On ne le saura jamais.
Une plaque en hommage à Madame Bizolon, la mère des Poilus durant les deux guerres mondiales est apposée en gare de Lyon-Perrache.
Une rue proche d'Ainay, dans le 2e arrondissement, porte aussi son nom.
11 novembre 2021
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