L'épreuve et l'eclaircie

Chapitre deux

Où Astrid Ericsson devient la mère de Lars, son fils qu’elle appellera Lasse, puis en 1931 elle épousera Sture Lindgren.

Ce qui se présentait comme une carrière de journaliste extrêmement prometteuse connut une fin brutale en août 1926 lorsqu’Astrid ne fut plus en mesure de cacher sa grossesse. Le père de l’enfant était Reinhold Blomberg alors âgé de 50 ans. Il était tombé amoureux d’elle et elle ne l’avait pas repoussé. Elle écrira : Les filles sont tellement bêtes. Personne n’avait été amoureux de moi avec énergie sauf lui. Et j’ai trouvé ça passionnant. Astrid Ericsson était totalement ignorante des choses du sexe et ne savait absolument rien sur les méthodes contraceptives.

Enceinte en mars 1926, elle partira pour Stockholm en août et accouchera du petit Lasse en décembre à Copenhague. Elle dira en 1976 : Je voulais l’enfant, mais pas le père de l’enfant. Copenhague était le seul endroit en Scandinavie où les femmes n’étaient pas obligées de donner leur nom et celui du père au moment de la naissance, et ces informations n’étaient transmises ni à l’état-civil, ni aux autorités. Elle avait toutefois au préalable accepté, avant son départ, une promesse de mariage faisant de Lasse un enfant de fiancés ce qui lui conférait les même droits qu’un enfant né au sein du mariage. Il pouvait hériter et porter le nom de son père.

Reinhold Blomberg accepta sa responsabilité ; il aidera financièrement Astrid et participera à la pension de son fils qui vécut les trois premières années de sa vie en nourrice chez la famille Stevens dont Marie jouissait d’une réputation impeccable en qualité d’assistante maternelle.
Le fils Stevens, Carl, âgé de 16 ans, prit en charge Astrid à son arrivée à la gare, il l’accompagnera pour son installation à Copenhague, pour son accouchement et trois ans plus tard quand elle reprendra son fils. Astrid garda un contact épistolaire avec Carl pendant plus de soixante ans.

Le mariageEn janvier 1927, Astrid reprit à Stockholm, ses études de dactylographie, sténographie, comptabilité et correspondance commerciale. Elle acquit des savoir-faire et une capacité d’observation de son entourage qui plus tard, lui rendra service en tant qu’auteure et éditrice. Elle obtint un premier emploi en 1927 à la Centrale des Libraires de Suède puis ensuite fin décembre 1928 à l’Automobile Club où Sture Lindgren était le chef de bureau.

Ce dernier était en instance de divorce et il courtisa Astrid qui ne resta pas indifférente à ses avances. Peu après son divorce, ils se marièrent le 4 avril 1931. Les trois dernières années de galère et de dépression prenaient fin.

C’est avec une bonne dose d’optimisme qu’Astrid Lindgren commença une nouvelle décennie. Passée secrétaire du Grand-Prix de l’Automobile Club, elle publiera le 20 juin 1933 un grand article Les vacances de l’automobiliste, un guide de voyage et d’itinéraires en Scandinavie qui connut un grand succès.

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Lasse et KarinPendant la période de noël de la même année, pour le magazine Tidningen, elle écrira un feuilleton L’autoradio du Père Noël où un petit garçon découvre dans une grotte, le Père Noël affublé d’écouteurs branchés à un écran et relié à des caméras de surveillance pour surveiller les familles suédoises et décider si leurs enfants méritent des cadeaux. Il dira à l’enfant : Tu comprends, il faut bien que le Père Noël vive avec son temps. Encore un succès et jusqu’en 1941, elle créera d’autres contes pour améliorer son ordinaire.

Elle écrira : Tant que les enfants sont petits, j’ai été femme au foyer, je me suis occupé de ma maison, j’ai joué avec mes enfants et je leur ai raconté des tas d’histoires et d’aventures. S’il m’est arrivé de publier quelques petites histoires, j’ai tenu longtemps ma promesse de ne pas devenir écrivaine. Sa fille Karin était née le 21 mai 1934, elle sera à l’origine de la création de Fifi Brindacier. Vous en connaîtrez la raison au prochain chapitre.