Utopies
l'avenir du XXe siècle ?
En 1901, au début du XXe siècle, la science progressait à grande vitesse. Le mutualisme, la solidarité émergeaient avec des idées humanistes mais surtout utopiques. Voici ce que les chroniqueurs proposaient et prédisaient sur le devenir de ce nouveau siècle, en transcrivant l’opinion d’un scientifique et d’un écrivain.
Le scientifique : - Les arrangements de plus en plus compliqués entre les nations, les efforts immenses et les sacrifices accomplis pour rendre formidable l’outillage de combat, le spectacle entrevu du mal que les nations pourraient se faire en temps de guerre, ont créé au sein de l’humanité civilisée un état mental, une opinion instinctive qui rendront les guerres futures plus difficiles en vouant d’avance l’agresseur à l’exécration du genre humain.
La science a révélé à l’homme l’art d’améliorer les races. Il devra s’en servir pour améliorer sa race elle-même. Il s’appliquera les procédés de sélection d’entraînement, d’alimentation. Il s’agira de faire pénétrer dans tous les cerveaux des notions suffisantes de méthode scientifiques, pour que la liberté individuelle accepte avec délice le joug de la science. Ce sera un très beau spectacle dont je voudrais voir le commencement.
Je ne sais pas vous, mais ça me glace les sangs ; nous avons l’impression d’entendre le discours du national-socialisme. Comme quoi, il y avait déjà de bien vilaines idées qui émergeaient en ce début du XXe siècle. Cette idée de la science qui doit conduire au surhomme a cheminé jusqu’à ce que l’on en vienne à ce que déclarait Hitler : « Certaines espèces sont marquées de dégénérescence, d’autres sont annonciatrices du futur et portent les germes de l’avenir...Les Tziganes, les Nègres et les Juifs ne sont pas des hommes, au sens réel du terme... Ils imitent l’homme et le jalousent... Leur extermination n’est pas commettre un crime contre l’humanité : ils ne font pas partie de l’humanité et sont étrangers à l’ordre naturel... »
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » écrivait Rabelais en prônant pour l’éducation de Gargantua : une solide pratique sportive et de grandes études en toutes matières. Alors, si nous y regardons de plus près, que constatons-nous ? Par quoi commence l’asservissement d’un peuple ? Par la suppression de l’éducation individuelle et de l’instruction, remplacée par l’endoctrinement. C’est valable non seulement pour les religions, mais aussi pour toute idéologie même scientifique.
Lisons le second avis qui est tout aussi prémonitoire, dans un autre registre.
L’écrivain : - Le progrès scientifique ne sert pas à la masse, il ne profite qu’aux plus malins. Et comme la moralité de ceux-ci est restée très basse, il n’y a pas réellement progrès, il n’y a qu’apparence de progrès.
Dans une société collectiviste, tout le monde serait fonctionnaire. Il faudrait qu’ils fussent des anges, ces fonctionnaires-là, pour réaliser l’idéal marxiste. Oui, ce sera possible quand on pourra rendre effective la parabole de la multiplication des pains.
Léon Tolstoï. (1828-1910)
Le moins que nous puissions dire, c’est qu’il fut lui aussi un visionnaire avec une jolie pointe d’humour. Quand on connait les dérives du bolchévisme qui a précédé le fascisme et les dégâts qui ont résulté de ces deux idéologies, les articles de presse de cette année 1901 sont bien troublants.
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