Les concierges

C'était mieux avant

Les loges de concierges, c’était mieux avant ! Maintenant ce sont des sociétés de nettoyage qui entretiennent les parties communes des immeubles. 30/10/2017

1909 – Des loges de concierges à Lyon, c’est un lieu commun de constater la coupable exploitation, par les propriétaires, des gardiens de leurs immeubles. Je veux ici montrer mon indignation, la motiver et l’adresser publiquement aux responsables.

Place des Carmélites, un bel immeuble bourgeois. La loge, 2 mètres de large sur 3 m. de long et 1 m. 80 de haut, tout au fond de l’allée, donne sur une cour de même dimension et diminuée par les lieux d’aisance, placés sur une fosse. À l’intérieur un fourneau, une table et trois chaises ; là, vivent : la mère, veuve, un garçon de 20 ans, deux fillettes de 12 et 9 ans. Pour coucher, une soupente de mêmes dimensions sauf la hauteur qui est de 1 m. 40. Trois lits dans ce « tiroir » sans air et sans lumière, où l’on monte par une invraisemblable gymnastique que surchauffe la gaine du fourneau.

Quai Saint-Clair et rue Royale, deux propriétaires d’immeubles superbes ont installé un concierge commun dans la cour. Une minuscule devanture vitrée annonce la loge. Sitôt la porte ouverte, franchissons un seuil humide recouvrant un caniveau et descendons deux marches et nous voilà dans une cave sans autre ouverture. Le fourneau ronfle tout le jour car il y fait frais et il faut vite déménager quand la fosse déborde. Un ménage est là de 7h du matin à 10h du soir qui monte se coucher au septième étage dont l’ascension est douloureuse aux pauvres jambes ankylosées par l’humidité de la loge.

Et ce ne sont que quelques exemples des encoignures inutilisables où s’atrophient des êtres humains, masures de briques givrées de salpêtres, éclaboussées de toutes les déjections ménagères qui giclent des tuyaux de décharge mal construits, édifiées dan des cours où le soleil n’a jamais paru, où les dalles imprégnées d’eau de vaisselle grasse n’ont jamais séché.

Ce n'était peut-être pas si bien que ça avant, du moins pour les concierges, non !

Ce texte est éloquent d’une situation qui fait songer à « Les Misérables »  de Victor Hugo. Il fut écrit en 1909 par Justin Godart, ardent défenseur de la cause sociale et qui n’hésitait pas à se rendre sur le terrain pour dénoncer l’intolérable. L’image ci-dessous vous donnera un bref aperçu sur ce grand homme qui fut aussi un ardent défenseur du vote des femmes et de l’égalité homme-femme.

En savoir plus sur cet homme d'exeption : lisez l'excellent livre : Justin Godart de François Bilange, aux Editions lyonnaises d'Art et d'Histoire 

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Justin godart