La Vacherie municipale du parc de la Tête d'Or
La Goutte de lait
La « Goutte de lait » est une organisation destinée à distribuer du lait stérilisé aux mères qui ne peuvent allaiter leur enfant. Elle fut créée en 1892 par le Dr Gaston Variot (1855-1930), chef de service à l'hôpital Hérold, puis à l'hôpital Trousseau, à l'hôpital Necker et enfin à l'hôpital des Enfants-Assistés. Attaché à la modernisation et à la multiplication des hôpitaux pour enfants, il crée le premier dispensaire de proximité dans le quartier populaire de Belleville.
Sa fonction est tout à la fois médicale, sociale et éducative. Pour participer à la distribution, la mère doit avoir une ordonnance du médecin attaché à l’œuvre. Cette ordonnance indique la quantité à délivrer par nombre de flacons. L’enfant devant téter à heures fixes, on donne autant de biberons que de tétées convenant à son âge. Tous les quinze jours l’enfant est amené à la consultation gratuite, pour suivre son développement et ajuster l’alimentation.
Là où "les Gouttes de lait" existent, on remarque une diminution significative de la mortalité infantile grâce à l’hygiène simple qu’elles imposent. Le constat était effrayant car chaque année on dénombrait plus de 125 000 petits êtres qui mouraient en France de tuberculose ou de gastro-entérite, dues au lait contaminé ou au gavage.
Un enfant de 1 jour à un an avait moins de chance de vivre une année qu’un vieillard de 90 ans. Il était temps que le gaspillage de cette richesse sociale essentielle, la vie humaine, cesse.
Les deux images sont des tableaux de Jean Geoffroy de 1903 représentant les scènes au dispensaire de Belleville.
Ils sont visibles au Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de Paris.
Cliquez dessus pour en améliorer la qualité et mieux les admirer.
La Vacherie municipale du Parc
À Lyon, on connait « La Vacherie municipale ». Bâtiment conçu par l'architecte Tony Garnier à la suite d'une commande en 1904 de la ville de Lyon dirigée par le maire Jean-Victor Augagneur. La Vacherie a été installée au Parc de la Tête d’Or en face de l’enclos aux crocodiles.
Elle abritait, le logement du vacher et une étable de 40 vaches saines et vigoureuses, éprouvées à la tuberculose. Tous les jours, ce sont 250 à 300 litres de lait qui étaient recueillis dans de vastes berthes brillantes destinées au service de la stérilisation. Voici ce qu’écrivit en 1909, Justin Godart, député du Rhône et adjoint d’Édouard Herriot, maire de Lyon depuis 1905 :
— Dans ce service à la droite du bâtiment un ouvrier lave de petites bouteilles de 125 grammes de contenance à l’aide d’une machinerie ingénieuse qui fait mouvoir dans chacune d’elle une brosse animée d’un rapide mouvement de rotation pendant qu’un jet d’eau puissant balaye l’intérieur du flacon avant un rinçage antiseptique au jet de vapeur.
Les bouteilles propres sont alors disposées par dix dans de petits paniers en fil de fer pour être passées au remplissage. Le lait onctueux est alors distribué très rapidement par un autre appareil.
Puis se fait la fermeture ; le goulot de chaque flacon est creusé d’une profonde rainure ; un bouchon de verre, muni d’une simple rondelle de caoutchouc est posé. Lorsque le lait aura été stérilisé, et refroidira, le vide se fera dans la bouteille, aspirant le bouchon et appliquant hermétiquement, le caoutchouc dans la rainure. Le bouchage sera alors parfait.
Pour la stérilisation, deux étuves sont installées qui tous les jours élèvent et maintiennent la température pendant une heure à 107, 108 degrés à plus de deux mille petits biberons de 125 grammes. Nous voyons alors dans une salle voisine l’alignement sur les étagères d’une innombrable armée de flacons prêts à être délivrés aux mères de famille. Le matin, une voiture vient chercher la provision journalière et la transporte aux huit crèches de quartier pour la remise aux ayants-droits.
Bientôt, la Vacherie, disposera de trois types de contenance variée car 125g c’est trop pour les petits et pas assez pour les grands. Il importe de donner pour chaque enfant le nombre de bouteilles avec la quantité exacte de lait pour chaque tétée.
Il faut éviter de donner aux mères l’occasion de conserver une bouteille pour le repas suivant car chaque bouteille doit être consommée immédiatement en entier ou jetée.
Ce dispositif est complété par une visite obligatoire chaque semaine de l’enfant au médecin de la crèche qui délivrera pour la semaine suivante, l’ordonnance fixant le nombre de bouteilles et leur quantité.
La Vacherie subsistera jusqu’en 1914 pour être transférée, sur la demande du maire de Lyon, Édouard Herriot, à l’école d’agriculture du domaine de Cibeins situé sur la commune de Misérieux dans l’Ain. La Vacherie fut réaménagée de 1922 à 1924 et transformée en fauverie. Elle permit d'accueillir Loulou, l'éléphant d'Indochine, les panthères et les lions. Le bâtiment encore visible au Parc est maintenant affecté à un usage administratif.
Précisons que cette commande de 1904 fut la première reçue par Tony Garnier qui n’a ensuite cessé de façonner des constructions qui font le rayonnement de Lyon, de l’hôpital Grange Blanche (renommé Edouard Herriot) au stade de Gerland, en passant par le quartier des États-Unis.
Mes recherches à la Bibliotèque municipale de Lyon m'ont permis d'afiner le texte de Justin Godart du livre de 1909 "travailleurs et métiers lyonnais" et de récupérer l'article de la délibération du conseil municipal de 1904 comme la photo du bâtiment. je le répète pour ceux qui ne sont pas habitués à naviguer sur ce site, mais toutes les photos et images sont améliorables d'un simple clic sans perdre la page de votre visite. C'est le petit plus de la technologie. Alors n'hésitez pas.
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