La communale - Bonus, Malus

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Les bons points

Ils existaient déjà sous l’Ancien Régime et au début du XIXe siècle, on usait d’incitants matériels pour faire travailler les écoliers, le maître pouvant échanger les bons points contre un objet utile comme un couteau ou même... de l’argent.

Bon pointImage bon pointLe statut des écoles dites républicaines préconisera en 1834 l’usage des bons et mauvais points. Un certain nombre de bons points donnait lieu à une inscription au « tableau d’honneur ». Dans certains établissements il existait aussi une curieuse catégorie de bons points : les bons points de « sagesse ».


Dix bons points s’échangeaient contre une petite image, dix images contre une grande image. Celles en couleurs, les plus onéreuses, étaient offertes par des sociétés commerciales, mais au contenu éducatif ; une entreprise de chocolat publia dans les années 30, une collection des « chefs d’Etat » de l’histoire de France.

Temoignage satisfactionBillet d honneur novembre 1930Les « témoignages de satisfaction », sorte de super bons points formaient un petit feuillet de 6 X 9cm officialisant la bonne attitude de l’enfant ; ils étaient quelques fois ornés d’une maxime de morale et étaient signés par le maître ou le directeur de l’école. C‘était aussi le cas des « billets d’honneur ».

Soulignons que pendant l’occupation allemande de 1940-1944, les instituteurs pouvaient se procurer la série de bons points du maréchal Pétain qui décrivaient les grands moments de son existence.

ImagePorteurs d’une « idéologie » vantant le progrès social, les colonies ou les grands personnages de l’Histoire les images devinrent neutres dans les années 1970-1980, ne représentant plus qu’animaux ou scènes de la vie quotidienne.

LuMieux que les bons points, il y avait la croix d’honneur décernée chaque samedi au premier de la classe, sorte de légion d’honneur enfantine symbolisant la « méritocratie » voulue par les pères de la République.

L’élève décoré rentrait chez lui, arborant la croix bien en vue sur sa blouse. Les promeneurs, les commerçants savaient ainsi que le fils ou la fille d’Untel était en tête de classe : un honneur qui rejaillissait sur sa famille. L’objet tant convoité était rendu au maître le lundi matin pour être « remis en jeu ».

Cette récompense jugée trop ostensible, fut interdite en 1969. Nous pouvons voir cette croix d’honneur sur une célèbre marque de biscuit avec l’image d’un écolier de 1897.

Dans mon école de la rue de Saint-Cyr à Vaise, la maîtresse de CM2, donnait chaque semaine aux trois premiers, un petit poisson en chocolat et comme j’étais de ceux-là et souvent le premier de la classe (place que je n’ai plus jamais eue dès le collège, même si je glanais quelques prix en fin d’année), je me régalais de ces petits chocolats que je trouvais succulents, les meilleurs au monde.

 

Le bonnet d’âne

La discipline à l’école était sévère : pour les plus petites fautes, c’était l’agenouillement simple ; pour les grandes l’agenouillement avec un livre sur la tête et surtout ce qui a perduré après les années 30, la règle, arme redoutable de l’instituteur. Nous tendions la main, les doigts collés les uns contre les autres et... aïe ! Il y avait aussi la mise au piquet les mains dans le dos, les tours de cours pendant la « récrée », les cheveux ou les oreilles tirées. Le plus dur c’était aussi de recopier cinquante ou cent lignes du genre « je ne dois pas bavarder en classe » ou de conjuguer un verbe irrégulier à tous les temps et tous les modes. Les parents acceptaient en général ces punitions, ajoutant parfois même la leur à celle du maître ou de la maîtresse. C’était la double peine.

Bonnet d aneOutre ces délicieusetés, ajoutons le célèbre « bonnet d’âne » que les élèves ne connaissent plus depuis longtemps mais qui est resté dans les mémoires. Contrairement à ce que l’on imagine, cet attribut n’était pas porté en classe mais à l’extérieur, au moment des récréations et souvent le motif était placardé au dos de l’élève du genre « paresseux », ou « celui qui ne travaille pas ressemble à un âne ». Inscription
L’élève puni s’approchait de la chaire du maître et celui-ci attachait le bonnet en faisant une boucle sous le menton. Précisons que le bonnet d’âne était réservé aux garçons. Les filles se voyaient attribuer une langue de bœuf en carton, peinte en rouge et qui symbolisait leur bavardage (misogynie quand tu nous tiens !). On leur accrochait dans le dos.

Ces attributs particulièrement humiliants pour les enfants furent supprimés sous le ministère d’Edouard Herriot (un vrai bon gone de Lyon), vers 1926 quand il était président du Conseil.

Je ne suis pas nostalgique de ce passé et ne souhaite pas son retour. L’absence de véritables règles de discipline fixées dans un cadre de respect réciproque est un peu dommageable car tous les parents ne sont pas en capacité d’inculquer les vraies valeurs à leurs enfants.

Mais attentif à ce qui se passe autour de moi, les enfants sont majoritairement « normaux » dans leur comportement et je reste optimiste sur le devenir des jeunes.