Inaugurations
Métropolitain Paris et Lyon
Ouverture de la première ligne du métropolitain à Paris
Il y avait foule ce 20 juillet 1900 dans la coquette petite gare de départ de la porte Maillot où, derrière un bureau à grillage, j’entrevois le souriant minois accorte d’une jolie préposée aux billets.
Pas cher le prix du voyage ! 25 centimes en première ; 15 centimes en seconde.
En vareuse noire à liseré rouge, avec un M brodé au collet, entre des palmes, les employés s’empressent. Avec une obligeance parfaite (pourvu que cela perdure), ils renseignent les voyageurs. Le quai se prolonge d’un petit trottoir qui disparait dans le noir ; devant nous une large fosse cimentée où sont posés les rails de chaque voie avec un troisième rail surélevé, énorme, qui charrie sur tout le parcours, les 600 volts du courant continu et qui assurera quand tout sera en train, le courant triphasé à 5000 volts et à 25 période, venu de l’usine du quai de la Rapée.
Mais voilà le train qui s’arrête sous la haute voûte qui s’élève à six ou sept mètres, en grès cérame imbriqué, où la lueur des lampes électriques se brise en reflets irisés.
– En voiture, mesdames et messieurs !
Elles sont parfaites les voitures du métropolitain ; longues de neuf à dix mètres et hautes de trois mètres trente, chaque rame en charrie trois pour l’instant. La première est prolongée d’une cage en verre où le chef de train et son second veillent, le premier au régulateur, l’autre au frein. Nous nous engouffrons dans les wagons.
Elégantes et vernies, les voitures portent, à l’extérieur, sur un fond d’or, l’écusson bleu et rouge de Paris. A l’intérieur des banquettes de bois cannelées pour les secondes, des sièges bien rembourrés sous leur cuir rouge pour les premières, sont séparés par un couloir au milieu.
De la porte Maillot aux Champs-Elysées nous mettons à peine huit minutes et trois de plus pour atteindre le Palais-Royal. Nous voici à L’Hôtel de Ville, une gare illuminée de lampes à arc qui est, avec la Gare-de-Lyon et les Champs-Elysées, la plus spacieuse du parcours. Bastille, la station ensoleillée, la seule sortie de terre puis Gare-de-Lyon, Nation et nous voici à Vincennes. Pour les treize kilomètres de trajet : 27 minutes, je crois qu’on va vite !
– Terminus !
Tout le monde descend dans un joyeux brouhaha en face d’un escalier où les voyageurs grimpent tandis que le train disparaît derrière une rotonde et vient se replacer de l’autre côté sur la gare de départ. Des cris fusent en haut de l’escalier où nous remontons au jour : - Quelle chaleur !... C’est atroce. Nous sommes bien une cinquantaine à redégringoler dans le métropolitain. Voilà un succès de plus que les ingénieurs n’avaient pas prévu !
Et Lyon !!!
Comme de bien s'accorde un clic sur les photos, c'est plus beau !