Dark waters
Biopic drame de Todd Haynes
Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie...
Todd Haynes, avec Dark Waters, nous propose un long métrage sur un sujet complexe, mélange de formules chimiques et de jargon juridique, qui met en scène des personnages humbles, excellent Victor Garber, le fermier lanceur d’alerte, besogneux sous un ciel de Virginie perpétuellement maussade.
Ici rien n’est glamour, séduisant, sans humour ni héros exubérant. Il filme l’Amérique des petits patelins, une petite ville qui ne doit sa prospérité qu’à l’immense usine chimique qui la fait vivre et finance tout : c’est sobre, mais d’une réelle invention esthétique.
Si le scénario s’étire en longueur, c’est pour montrer combien le combat de Bilott est lent et difficile, même si le risque est de laisser quelques spectateurs en route. Précisons d’entrée que le film est aussi produit par Mark Ruffalo qui incarne lui-même Robert Bilott, un avocat consciencieux dont la détermination est en acier trempé. Il est totalement investi et parfait dans ce rôle en apparence ingrat, qui d’une certaine façon s’efface derrière son personnage.
Nous avons aussi le plaisir de voir Tim Robbins à l’écran, formidable comédien. Son rôle est intéressant car c’est l’associé principal du cabinet, le chef de Bilott en quelque sorte qui ne le lâchera pas. Anne Hathaway, la femme de Bilott est touchante pleine de retenue malgré ses angoisses pour rester fidèle au combat de son mari.
Todd Haynes se situe avec ce film parmi les grands cinéastes américains, honnêtes, généreux, attachés à leurs personnages ; il se montre en équilibre tel un funambule pour transcrire la réalité dans le respect de la conformité avec une pointe de suspense. Il faut aller voir ce film un peu froid, un peu long, un peu austère et en rentrant vous ouvrirez vos placards et comprendrez pourquoi il n’y a pas d’happy end à l’histoire.
Le cinéma ne change pas la vie, ça se saurait. Oui mais bon ! Même si tout semble perdu d’avance, le courage, parfois, c’est d’y aller quand même, sans chercher la gloire ou l’argent, faire ce qui est juste et défendre ceux que personne ne défend. La prise en compte des victimes et la gestion des déchets toxiques est tout de même une petite bataille gagnée, une avancée qui ne doit pas masquer notre responsabilité de consommateur.
Opinion des gens :
Presse (37 titres, un record) – 97% de positif dont 14% de 5/5 et 70% de 4/5 et en négatif 3% de passable.
Spectateurs (106 critiques) – 91% de positif dont 19% de 5/5 et 47% de 4/5 et en négatif 6% de passable et 3% de mauvais.
Notation (1080 personnes) – 89% ont apprécié le film.
Nationalité : Américain. Genre : Biopic, drame humanitaire
3 mars 2020
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