Chambre 212
Film d'auteur de Christophe Honoré
Après 20 ans de mariage, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, Maria a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision. Bien des personnages de sa vie ont une idée sur la question, et ils comptent le lui faire savoir.
En préambule, il me parait important de souligner ce que Christophe Honoré déclarait à la presse :
« En France, nous constatons un rétrécissement, très fort aujourd'hui, d'un public de cinéma d'auteur français, qui vieillit énormément, se renouvelle très très peu - le public, pas le cinéma. Cela fait que l'on devient une espèce un peu menacée, mais j'ai quand même une obstination à refuser ces injonctions venues de l'extérieur qui me pousseraient à dire qu'il faut aller faire des séries, comme beaucoup de mes collègues font, ou qu'il faut sortir de mon territoire. Au contraire, ça me stimule dans mon côté breton, teigneux et obstiné, à continuer de faire des films de plus en plus proches de ce que j'ai envie de faire. »
Effectivement nous sommes bien avec Chambre 212 dans du pur cinéma d’auteurs français ce qui explique que les critiques professionnels saluent le travail. C’est bien pour cela que je comprends le fait que, si à la fin de la première semaine, 90% des critiques spectateurs avaient aimé le film, ils ne sont plus que 56% en seconde semaine, même si la notation qui porte sur 750 personnes confirme que 65% des pesonnes aiment ce film. Il n'est certes pas tout public et s'adresse à des cinéphiles "avisés", mais pas que, car il peut toucher et aider des personnes en questionnement sur leur couple.
Pour ce qui me concerne, il est empreint d’une profondeur triste difficilement prévisible au regard de la bande annonce. Ce qui peut apparaître comme un vaudeville théâtral léger révèle en réalité une réflexion lourde sur la nostalgie et le temps qui passe, sur le délitement du lien sentimental sous l'usure du temps et du quotidien. Tour à tour drôle et mélancolique, le film s’interroge sur la notion de couple qui dure, plutôt que celle de l’amour qui peut s’avérer volatil.
Le scénario est une merveille d'invention. Des époques et des personnages qui se croisent dans d'infinis jeux de miroir, des trouvailles improbables et poétiques (la volonté avec une imitation de Charles Aznavour, excellent Stéphane Roger), les portes qui s’ouvrent mais ne claquent pas.
Chiara Mastroianni est monumentale, elle irradie le film et est magnifique. Vincent Lacoste confirme son talent pour osciller entre la comédie et le sérieux. Camille Cottin se révèle toujours aussi douée, en fantasmatique professeure de piano d'une folle sensualité. Benjamin Biolay sort de sa zone de confort en acceptant de s'enlaidir en homme au foyer vêtu en pilou-pilou ; cela lui va très bien ! Rajoutons la courte mais subtile participation de Carole Bouquet, qui interprète la professeure de piano à 60 ans. Des comédiens géniaux pour une comédie sentimentale douce-amère, tendre et joyeuse sur le couple.
La bande originale son est épatante qui mélange Scarlatti, Vivaldi (revisité par Max Richter), Charles Aznavour et Barry Manilow.
? voir absolument si l’on aime le cinéma d’auteur français. Ne vous fiez pas à la seule bande annonce.
Nationalité : France, Belgique, Luxembourg. Genre : Cinéma d’auteur, comédie dramatique
09 octobre 2019
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