Ceux qui travaillent
Drame d'Antoine Russbach
Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank consacre sa vie au travail. Alors qu'il doit faire face à une situation de crise à bord d'un cargo, Frank, prend seul et dans l'urgence une décision qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, trahi par un système auquel il a tout donné, le voilà contraint de remettre toute sa vie en question.
Cette première œuvre d’Antoine Russbach, jeune cinéaste suisse frappe fort au niveau du contenu : un monde du travail contemporain gangréné par le capitalisme sauvage. Un film intelligent, radical et sans concessions, un constat sociétal amer, affreusement réaliste, qui pointe du doigt l’impact sur la cellule familiale.
Olivier Gourmet tient le film sur ses épaules dans un de ses meilleurs rôles. Il est de tous les plans, imposant, massif et complètement en phase avec le personnage. D’abord froid, taiseux et impitoyable, on suit la lente évolution psychologique de son personnage, grâce à son jeu de comédien. Chacune de ses expressions et de ses postures sont en totale adéquation avec le rôle, une brillante et grande interprétation.
Nous commençons par le détester pour son absence de culpabilité où seul compte la survie de l’entreprise, puis peu à peu nous parvenons à le plaindre lorsqu’il constate la fragilité de sa “réussite” qui repose sur le fait qu'il est juste un pion "éjectable" pour la société qui l'emploie et qu’il est juste un tiroir-caisse pour toute sa famille (son fils joué par Louka Minnela, disant à ce propos, qu’il peut perdre son père mais pas renoncer à son train de vie). Pour les seconds rôles, qui ont du mal à se placer, notons que les personnages de la femme de Franck (Delphine Bibet) et de sa plus jeune fille (la craquante Adèle Bochatay) arrivent au bon moment pour apporter un peu d’humanité et de fraîcheur dans cette atmosphère étouffante.
Nous pouvons aussi saluer la grande précision du scénario et des dialogues comme la réalisation cynique, anxiogène et froide qui correspond parfaitement à l’univers impitoyable du monde des grandes entreprises et de la recherche d’emploi pour les cadres. La troisième partie nous conduit sur un chemin dérangeant en nous plongeant crûment dans les coulisses des marchés de gros qui alimentent notre confort occidental et donne à réfléchir sur le côté autruche des consommateurs que nous sommes. La fin peut aussi déranger, à chacun d’apprécier. Un film qui ne peut laisser indifférent.
Opinion des gens :
Presse (25 titres) - 92% de positif dont 24% de 5/5 et 40% de 4/5 et en négatif 8% de passable.
Spectateurs (60 critiques) - 79% de positif dont 16% de 5/5 et 34% de 4/5 et en négatif 16% de passable et 9% de mauvais.
Notation (400 personnes) - 68% ont aimé ce film (le côté amoral peut déranger).
Nationalité : France. Genre : drame sociétal (famille et grandes entreprises capitalistes).
01 octobre 2019
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