Jeanne

Un film de Bruno Dumont

Année 1429. La Guerre de Cent Ans fait rage. Jeanne, investie d’une mission guerrière et spirituelle, délivre la ville d’Orléans et remet le Dauphin sur le trône de France. Elle part ensuite livrer bataille à Paris où elle subit sa première défaite. Emprisonnée à Compiègne par les Bourguignons, elle est livrée aux Anglais. S’ouvre alors son procès à Rouen, mené par Pierre Cauchon qui cherche à lui ôter toute crédibilité. Fidèle à sa mission et refusant de reconnaître les accusations de sorcellerie diligentées contre elle, Jeanne est condamnée au bûcher pour hérésie.

Bruno Dumont, nous propose ici sa version de l'oeuvre de Charles Peguy. Chaque plan du réalisateur est d'une époustouflante beauté. Les idées fusent, à commencer par ce ballet équestre qui devient une chorégraphie symbolisant les batailles. Tout est immensément travaillé, les anachronismes sont géniaux et renforcent le côté atemporel de cette légende qui a connu jusqu’alors, de multiples versions. Pourtant mille fois vus et entendus, le procès trouve ici un nouvel écho, à la fois historique et mystique.

Affiche JeanneDans le rôle-titre, on découvre la jeune Lise Leplat Prudhomme, qui incarne Jeanne, laquelle accomplit une étonnante performance. Un extraordinaire petit bout de femme de dix ans à peine, qui sublime la geste de la Pucelle par sa pureté, sa foi et sa grâce. Elle est d'une grâce indicible.

Les juges en habits de gala pérorent, complotent, s’interrogent. Ce sont tous des « gueules »  et leurs mimiques parfois à la limite du ridicule, comme leur phrasé sur un ton théâtral, ampoulé et exagéré nous font rire, mais c’est aussi la cause de l’énervement de ceux qui n’adhèrent pas à cette forme de style propre à Dumont.  

Il y a un juge, dont on ne voit pas les traits cachés sous une capuche, mais dont la voix fluette et gracile trahit l’identité : c’est Christophe, le chanteur ici acteur et créateur de la bande-son, dont on entend à plusieurs reprises des chansons originales d’une puissance folle que l’on aime ou déteste.

Le très bref passage de Fabrice Lucchini qui joue le Dauphin Charles VII, est un clin d’œil au réalisateur, une participation amicale.

Ce long métrage est fidèle à l’héroïne mystique Jeanne d’Arc de l’œuvre de Charles Péguy ; il est envoûtant, complètement dingue et drôle, mais je précise qu'il s’adresse à un public averti voire cinéphile. Il est comme les expositions d’un musée d’Art moderne où le visiteur crie au génie ou à l’imposture selon sa sensibilité ; d’où les avis des spectateurs qui sont très tranchés.

Opinion des gens :
Presse (30 titres) – 100% de positif dont 13% de 5/5 et 70% de 4/5.
Spectateurs (35 critiques) – 50% de positif dont 23% de 5/5 et 20% de 4/5 et en négatif 10% de passable et 40% de mauvais.
Notation – pas d’indication car nous sommes dans un film d’auteur et de cinéphiles qui est forcément déroutant pour une partie du public qui s’est fié aux avis très positifs de la presse spécialisée et autre. C’est ce qui explique que l’on aime ou pas avec soit du très bon, soit du très mauvais.

Nationalité : France. Genre : historique, film d’auteur.

17 septembre 2019