Blanche comme neige

tragi-comédie d'Anne Fontaine

Claire, jeune femme d’une grande beauté, suscite l’irrépressible jalousie de sa belle-mère Maud, qui va jusqu’à préméditer son meurtre. Sauvée in extremis par un homme mystérieux qui la recueille dans sa ferme, Claire décide de rester dans ce village et va éveiller l’émoi de ses habitants... Un, deux, et bientôt sept hommes vont tomber sous son charme ! Pour elle, c’est le début d’une émancipation radicale, à la fois charnelle et sentimentale.

Blanche afficheAnne Fontaine, nous propose un film qu’il faut surtout ne pas comparer au conte de Grimm. Ce n’est pas une parodie, ni un pastiche et encore moins une caricature du conte de fées. C’est sans doute une des causes du désamour des spectateurs qui s’attendait à une comédie reprenant les thèmes de l’histoire originelle.

Reconnaissons aussi que ce n’est pas un film grand public, mais nous ne sommes pas non plus dans le style irrespectueux de Hara-Kiri ou Charlie Hebdo. La réalisatrice se montre toujours à l’écart des modes avec des longs métrages excellents comme Nettoyage à sec ou l’impressionnant Les innocentes qui nous avait bouleversés ainsi que des films moins prisés, mais toujours avec des actrices et acteurs prestigieux. Certains en sont à leur quatrième participation à un film d’Anne Fontaine.

Elle nous propose une joyeuse relecture féministe avec une « Blanche-Neige » moderne et une galerie de portraits d’hommes fragiles, des personnages peu reluisants magnifiquement interprétés par des acteurs qui ont fait preuve d’un réel courage dans leur implication.

Elle se moque de tout : la morale, les tabous, avec une histoire drôle, inventive, subversive, extravagante, parsemée d’allusions détournées comme le miroir, les pommes et aussi les nains. Le tout est bercé par la musique de Bruno Coulais.

Lou de Laâge (qui était touchante dans Les innocentes) est lumineuse, candide, impressionnante de sensualité joyeuse face à Isabelle Huppert impeccable, dévorée de jalousie, n’acceptant pas l’obsolescence programmée de sa beauté en voyant dans Claire/Blanche Neige sa rivale puisque son amant, Charles Berling, est amoureux transi de sa belle-fille, laquelle pourtant, ne se soucie pas plus de lui que de colin tampon.

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Les personnages masculinsJe me suis amusé à retrouver, enfin presque, les sept nains.
Voici ma sélection (qui n’engage que moi, car ils sont tous tellement croquignolets dans leur jeu !) :
Tout d’abord Richard Fréchette, le seul qui est ‘’fort et digne’’, et qui cette fois nous montre un prêtre serein, plein de tolérance et de compassion pour ses ouailles ; C’est Prof. Damien Bonnard, excellent, le sauveur de Claire, qui joue à la fois, les deux jumeaux, le premier : mélange de rêveur et de contrariété, ce pourrait être Dormeur et le second un peu autiste et doux ce serait Simplet.
Benoit Poelvoorde, magistral en libraire libidineux et sado-maso, est surtout ; Joyeux. Pablo Pauly, son fils, est à la fois ; Timide et un peu Prince charmant.
Jonathan Cohen, le vétérinaire, est sans conteste ; Grincheux. Vincent Macaigne, le plus touchant et parfait en mélomane hypocondriaque, est bien sûr ; Atchoum.

Je ne sais si Anne Fontaine est d’accord, mais si c'est aussi son avis, elle a bien composé ses personnages ! 
Film d'auteur, il est donc bien normal que les critiques presse soient plus enthousiastes que les spectateurs et je n’exprime ici que mon avis véritablement positif pour cette créativité, cette originalité, pour ce film qui est je le conçois, déroutant.

Opinion des gens :
Presse (24 titres) – 79% de positif dont 48% de 4/5 et en négatif 9% de passable et 12% de mauvais.
Spectateurs (36 critiques) – 58% de positif dont 11% de 5/5 et 22% de 4/5 et en négatif 25% de passable et 17% de mauvais.
Notations (220 personnes) – 56% ont aimé le film.

Nationalité : France. Genre : Tragi-Comédie extravagante.

14 avril 2019