Vice

Biopic de Adam McKay

Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd'hui.

Affiche ViceAdam McKay opte pour la farce, dans un film jubilatoire, instructif et irrésistible. Il réalise une démonstration implacable du système politique américain instrumentalisé par les financiers qui jouent leurs pions comme dans un jeu d’échec.

Comme dans Big Short qui racontait la crise des subprimes, il oscille entre burlesque et tragédie, avec ce film insolent qui fait sourire, mais surtout donne froid dans le dos. C’est aussi et sans doute un pamphlet sur l’administration actuelle de Donald Trump.

Nous retrouvons Christian Bale qui, dans le rôle de Cheney, est méconnaissable ; il force l’admiration, est flippant et passionnant. Steve Carell qui joue ici Donald Rumsfeld est tout aussi impressionnant que Sam Rockwell qui fait de Georges W. Bush un idiot goguenard hanté par l'écrasante figure de son père auquel il va succéder.  

"Vice" est une vraie réussite cinématographique qui maintient le rythme de la narration durant plus de deux heures sans une seconde d'ennui, en multipliant les ruptures de ton. Il nous surprend en imaginant vers le milieu du film une fin alternative ; que ce serait-il passé si Cheney avait abandonné la politique après l'élection de Clinton ?

Nous avons aussi de savoureux plans-séquences métaphoriques et nous assistons à un face-à-face shakespearien entre Dick et son épouse Lynne (l’excellente Amy Adams), véritable Lady Macbeth, au moment d'accepter le poste de vice-président, une charge purement symbolique qui n'a d'intérêt que si le président accepte de déléguer à son titulaire des pouvoirs.

Nous pouvons certes regretter que ce long métrage soit sans nuance, un portrait à charge de Cheney en le chargeant de tous les maux : terne, ambitieux, calculateur, sans scrupule, le privant ainsi de crédibilité et d'humanité. Il était peut-être l’homme le plus puissant des États-Unis de l’époque, mais nous ne devons pas oublier les lobbies (notamment dans les armes et le pétrole) qui étaient tout autant les instigateurs de la politique menée.

Porté par l’impressionnante carrure de Christian Bale, ce long métrage à voir en VOST bien sûr est un régal, un grand moment de cinéma.

Opinion des gens :
Presse (32 titres) – 91% de positif dont 18% de 5/5 et 60% de 4/5 et en négatif 9% de passable.
Spectateurs (77 critiques) – 85% de positif dont 14% de 5/5 et 49% de 4/5 et en négatif 6% de passable et 9% de mauvais.
Notation (620 personnes) – 76% ont aimé ce film.

Nationalité : États-Unis. Genre : Biopic, Drame, Contemporain.

14/02/2019