Mademoiselle de Joncquières
film d'époque d'Emmanuel Mouret
Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère...
Emmanuel Mouret nous propose un film d’époque avec des costumes et décors splendides y compris les éléments de décoration et les ‘’fleurs’’. Les dialogues en grande partie de Diderot (extraits de Jacques le fataliste) nous régalent de magnifiques joutes oratoires dans ce phrasé désuet et sublime où Edouard Baer (le marquis) comme Cécile de France (madame de la Pommeraye) s’expriment comme s’ils étaient au XVIIIe siècle à la veille de la Révolution.
La distribution est parfaite avec Edouard Baer fin et subtil dans sa composition du marquis libertin et Cécile de France qui parvient à cacher derrière ses rires, sa douleur interne ; tous deux parviennent à libérer la parole et faire surgir leurs sentiments enfouis sous de fausses apparences.
Ils sont accompagnés de Laure Calamy, l’amie de la marquise, excellente en confidente, conseillère, restant fidèle sans prendre part au stratagème de son amie. Bien sûr les rôles de mademoiselle de Joncquières et sa mère sont plus en retrait dans le respect du scénario, mais la fraîcheur juvénile de la charmante Alice Isaaz, nous fait un peu songer à Emmanuelle Béart dans Manon des sources ; et Natalia Dontcheva qui joue sa mère montre bien sa détermination à retrouver un statut quitte à sacrifier sa fille.
Qui tire les ficelles et qui va sortir les marrons du feu, qui souffre le plus et qui triche, qui ment, autant de questions que nous nous posons. Nous avons aussi de nombreux plans fixes, des entrées comme au théâtre, ce qui accentue le côté ‘’époque’’.
Un film salué à plus de 90% de façon presque identique par la presse (une trentaine de titres) et les spectateurs. Un très bon film d’époque à savourer comme du Molière, Racine, Voltaire, Marivaux…Bref, comme les ouvrages de tous ceux qui maîtrisent à la perfection, les mots et le langage.
Opinion des gens :
Presse – 93% de positif dont 10% de 5/5 et 55% de 4/5 et en négatif, 7% de passable.
Spectateurs – 91% de positif dont 24% de 5/5 et 51% de 4/5 et en négatif, 9% de passable.
Nationalité : France. Genre : drame, romance, film d’époque.
18/09/2018
Commentaires
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- 1. michel Le 12/10/2018
Pour compléter mon avis précédent, je dirais que compte tenu de l'amputation du point de vue détaillé de Mademoiselle de Jonquières présent dans le texte de Diderot, on ne voit plus , à la limite,très bien pourquoi ce film porte un tel titre, puisque cette personne n'est dans le film guère plus qu'une potiche manipulée par les uns et par les autres et à qui la parole n'est pas donnée véritablement, moyennant quoi le revirement final du héros masculin est peu compréhensible; -
- 2. michel Le 27/09/2018
Autre point qui empêche ce film d'atteindre la perfection: l'illustration musicale à mon goût trop lourdement appuyée et composée d'un peu trop de tubes éculés: Watermusic de Haendel, Quatre saisons de Vivaldi, Bach bien entendu... -
- 3. michel Le 27/09/2018
La fidélité à Diderot est parfaite dans les premiers 3/4 ou 4/5 °du film.Dommage que la fin ne le soit pas autant: le rôle de Melle de Jonquières est raccourci , alors qu'elle a tout loisir, dans Jacques le fataliste, de s'exprimer et de d'expliquer sur la manipulation dont elle a été actrice et victime à la fois. La scène du retour sur les lieux de l'activité passée des 2 femmes est de Mouret et ne m'a pas paru tellement utile.Il est vrai que tout son travail était de mettre en style direct et en images ce qui dans le texte original est souvent en style indirect puisqu'il s'agit du récit fait par l'hotesse-aubergiste à jacques et à son maïtre...
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