La promesse de l'aube

Adaptation de Eric Barbier

De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie…

Promesse de l'aube-afficheEric Barbier nous propose une adaptation du roman autobiographique de Romain Gary. Une fois encore le risque est grand pour le réalisateur. J’ignore s’il sera ou non un nouvel échec commercial, mais les critiques presse et spectateurs sans être dithyrambiques, saluent majoritairement l’exploit.

Le sujet est très délicat de par cette relation fusionnelle et tumultueuse du romancier avec sa mère qui avait pour lui des ambitions démesurées. Je rejoins ceux qui considèrent que l’histoire décrite dans le film est réalisée avec beaucoup de finesse par un jeu d'acteurs irréprochable. Nous pouvons penser que Charlotte Gainsbourg en fait trop et Pierre Niney pas assez, mais c’est un raccourci bien trop réducteur.

Charlotte Gainsbourg surprend et nous ne serions pas surpris d’apprendre qu’’en fait elle s'amuse comme une folle dans le rôle de cette femme grotesque et extravagante. Elle incarne la passion avec beaucoup d’intensité et nous pensons qu’elle est exceptionnelle et parfaite dans ce rôle. En ce qui concerne Pierre Niney, non seulement il n’est pas mièvre, mais il interprète un personnage d’une complexité folle, qui fait face à des évènements improbables, et qui est torturé par cette relation quasi toxique avec sa mère. Précisons que l’acteur fait un narrateur formidable tant sa voix est parfaitement posée sur les mots de Romain Gary.

En ce qui concerne les scènes de guerre, elles n’atténuent en rien le côté mythologique du scénario. Ajoutons que ce film reconstitue brillamment l'époque et que l’image est superbe, même dans la première partie sombre où nous pouvons décerner à Pawel Puchalski une mention spéciale pour le jeu de ce petit garçon qui joue Romain enfant en Pologne. Un petit sourire pour les courtes apparitions de Didier Bourdon et Jean-Pierre Darroussin, acteurs que j’aime bien.

C’est un film bouleversant et riche en émotions qui montre bien l’amour immense qui régit ici les relations mère-fils. Je conseille absolument ce film, même si je regrette une fois encore, le trop grand nombre de plans avec la cigarette car cela n’apporte rien de plus à l’histoire. Je respecte les fumeurs tout en regrettant leur choix mais il aurait été utile que ce ne soit pas montré avec autant d’ostentation.

À ne pas manquer si l’on n’a pas d’a priori négatif sur les acteurs principaux ou la nostalgie du film de 1970 de Jules Dassin avec Mélina Mercouri. 

Opinion des gens :
Presse – 80% de positif dont 10% de 5/5 et 45% de 4/5 et pour le négatif 13% de passable et 7% de mauvais.
Spectateurs – 84% de positif dont 28% de 5/5 et 36% de 4/5 et en négatif : 10% de passable 4% de mauvais et 2% de nul.

Nationalité : France. Genre : drame, adaptation d’un roman autobiographique.

27/12/2017

Commentaires

  • Dubost
    • 1. Dubost Le 15/01/2018
    Bonjour,
    Pour la promesse de l'aube, pas du tout d'accord avec vous sur Charlotte Gainsbourg: la seule chose qui lui manque est la prestance: Un vieille russe qui se croit comtesse et fantasme sur la valeur de l'argenterie de famille, samovar compris, c'est une personne qui a de la prestance en plus de la gueule. Charlotte n'a que la gueule, et ça jure diablement avec Niney qui donne une prestation toute en finesse, à la hauter de celle qu'il a donnée dans Frantz.
    • fabulgone
      • fabulgoneLe 15/01/2018
      Charlotte Gainsbourg fait partie de ces actrices qui sont, soit adulées soit détestées, ce qui démontre au moins qu'elle ne laisse pas indifférent. Vous lui trouvez des défauts, moi des qualités. Aucun de nous deux n'a tort ni raison ; ce sont nos choix et je respecte le votre. Je donne mon opinion sur les films et j'insiste, ce n'est que mon avis, sujet à caution comme tous les avis. C'est bien pour cela que je mets aussi l'opinion de la presse et des spectateurs.
  • michel
    • 2. michel Le 06/01/2018
    Tu ne seras pas surpris de ce que Winston Churchill dans "les heures sombres" ne quitte à peu près jamais son cigare et ne cesse guère d'ingurgiter du whisky.
    • fabulgone
      • fabulgoneLe 06/01/2018
      Tu es adorable et prévisible car j'étais sûr que tu allais m'évoquer ces travers que je réprouve bien évidemment. je précise que je respecte totalement ton avis sur mon anachronisme. Pour avoir fait un stage dans mes cours de cadres de la sécu à Morancé au service des laryngectomies et avoir travaillé, aussi bénévolement, avec l'association, "la soif d'en sortir", je reste sensible à tout ce qui peut inciter les jeunes à se croire invulnérable face au tabac et à l'alcool. Je précise que dans le film "les heures sombres" l'addiction au cigare et au whisky de Churchill est à plusieurs reprises réprouvé. Exceptionnellement je n'en ferai pas cas dans ma critique.
  • michel
    • 3. michel Le 01/01/2018
    Il me parait quelque peu anachronique de porter sur le tabagisme de l'époque représentée (avant et pendant la dernière guerre) le regard actuel et le jugement moralisant de notre époque.
    Pour ce qui est des relations de la mère juive avec son (ô combien!) cher fils, il est vrai que Charlotte Guinsbourg ne fait pas dans la mesure, mais cet excès permanent agace souvent plus qu'il n'émeut, et un peu plus d'humour n'aurait pas nui, même si on n'est évidemment pas dans le registre de Woody Allen.
    • fabulgone
      • fabulgoneLe 01/01/2018
      Je persiste et signe, je ne porte pas un jugement moralisant sur la cigarette et ça ne me gène pas d'être anachronique ; ma remarque porte tout simplement sur mon implication dans l'éducation pour la santé. Bien sûr, je suis conscient que fumer était aussi banal que boire trois litres de vin par jour. Je reste convaincu que l'espérance de vie actuelle est liée à une meilleure hygiène de vie. Dans ce film l'excès de tabagisme montré est tout aussi irritant que l'excès porté par la mère sur son fils. Ceci étant une petite pointe d'humour dans ce film aurait permis de petites chutes de la tension qui ne faiblit guère.