Les enfants de la chance
Un film de Malik Chibane
Juillet 1942. Emmené à l’hôpital de Garches pour une jambe cassée, Maurice, 12 ans, évite de justesse la rafle qui va emporter sa famille. À l’hôpital, le docteur Daviel lui diagnostique une tuberculose et lui impose un long traitement. Et si cela n’était qu’une ruse pour éviter à Maurice d’être déporté ? Maurice et huit autres jeunes pensionnaires vont vivre, avec le personnel hospitalier, une expérience inoubliable, faite de preuves d’amitié, de solidarité et de courage extraordinaire. Ce sont les enfants de la chance et leur histoire est vraie.
Ce film n’a bénéficié d’aucune réelle promotion et c’est dommage. Je l’ai découvert presque par hasard. C’est regrettable car Malik Chibane nous offre une belle occasion de voir un film qui s’adresse à toutes les générations et qui porte sur la différence et la culture du bouc émissaire qui pollue grandement aujourd’hui, notre actualité.
Le thème est certes, parlant par respect, un vrai casse-gueule. Heureusement, le réalisateur a su éviter l’écueil d’un trop grand réalisme ou d’un excès de sensiblerie, avec une très belle bande son originale de « chansons de dortoirs » bien moins mièvre qu’il n’y paraît et porteuse de messages qui prévalent encore de nos jours.
Philippe Torreton, le médecin, et Pauline Cheviller, l’infirmière, sont excellents de retenue comme tous les autres comédiens adultes qui restent en retrait pour laisser la place aux enfants.
Lorsque nous constatons que sur les neuf enfants du dortoir, deux seulement sont juifs nous comprenons que c’est bien le regard des enfants qui est mis en avant et nous apprécions l’interprétation juste et spontanée de chacun de ces gamins.
Ils vont faire preuve d’amitié, de courage et de solidarité ; c’est en cela qu’ils sont des enfants de la chance car ils sont capables de se dépasser dans le contexte monstrueux et terrible d’une des pages les plus sombres de l’histoire de France. Au-delà de leurs propres personnalités chaque garçon reste en permanence lié aux autres car ce qui les réunit, c’est tout d’abord leur maladie invalidante.
Malgré quelques séquences dramatiques, nous ne sombrons jamais dans le pathos. Ce n’est pas un chef d’œuvre ou un film culte, mais nous avons un film sincère qui dégage une véritable humanité comme nous aimerions en voir de nos jours. Nous ne sommes pas ici dans « le poids des mots, le choc des photos » mais dans le naturel, la simplicité, presque le banal sans jamais céder au spectaculaire ; c’est ce qui donne une impression de didactisme qui déroute le spectateur habitué à l’immédiateté, à l’action frénétique des jeux vidéo.
Nous retrouvons ici l’essence même de l’humain, son côté affectif et communicatif, la tolérance dans une solidarité complice. Voir ce film, c’est faire une pause dans un monde de violence, de tragédie et de repli sur soi. C’est une petite oasis au milieu de la tourmente.
Excepté les critiques Presse qui sont significatives, celles des spectateurs ne sont pas représentatives car peu nombreuses. Je vous les restitue telles qu’elles :
Presse 87,.5% de bonnes opinions avec 25% de 4/5, 62,5% de 3/5 et ensuite 12,5% de 2/5
Spectateurs 56% de bonnes opinions (12% de 4/5 et 44% de 3/5) et 44 % de 2/5
Le reproche repose essentiellement sur le côté didactique du scénario, ce qui explique la concentration des notes de 4/5 à 2/5. Pas de grand enthousiasme et pas de déception, simplement du respect.
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