The Assassin
Un film de Hou Hsiao-hsien
La Chine au IXème siècle. Alors que la province de Weibo tente de se soustraire à l’autorité impériale, Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d’exil. Son éducation a été confiée à une nonne qui l’a initiée, dans le plus grand secret, aux arts martiaux. Devenue justicière, elle a pour mission de tuer Tian Ji’an, son cousin, ancien amour, et nouveau gouverneur de Weibo. Nie Yinniang va devoir choisir : sacrifier l’homme qu’elle aime ou rompre pour toujours avec « l’ordre des Assassins ».
Hou Hsiao-hsien nous montre un “cinéma” caractéristique qui revient aux sources en redonnant vigueur à des concepts trop souvent oublié et qui sont l’art, la beauté, la poésie. Pour son premier film d’action, ponctué de scènes de combats nous sentons l’influence de Kurosawa, où ce qui importe le plus ce ne sont pas les actions violentes, mais la philosophie de vie qui accompagne cet étrange métier de samouraï. Le début de The Assassin est en noir et blanc. C’est un prologue en référence à une manière ancienne de faire du cinéma pour évoquer le passé du personnage principal. Ensuite, nous assistons à l’histoire proprement dite, à son déroulement chronologique, et là on passe à la couleur qui marque le temps présent du récit. Shu Qi interprète le rôle principal de Yinniang. De même pour Chang Chen, qui joue le gouverneur Tian Ji’an. Ce sont des acteurs sublimes de retenue et d’intensité émotionnelle.
Dans ce film, les personnages de femmes sont nombreux car, comme le dit le réalisateur : « Je suis toujours du côté des femmes. Leur monde, leur psychée, me paraissent nettement plus intéressantes que ceux des hommes. Les femmes ont une sensibilité et une complexité mentale, un rapport au réel qui me semble plus intrigant. Disons que les femmes ont des sentiments sophistiqués et très excitants alors que les hommes ont des idées raisonnables plutôt ennuyeuses. De plus, d’un personnage de femme à l’autre, la complexité varie. L’épouse du gouverneur est prête à tout pour maintenir les intérêts de son clan. Yinniang, la femme-assassin, est au contraire partagée entre son devoir, obéir aux ordres sans état d’âme, et son impossibilité fondamentale de taire ses sentiments amoureux pour l’homme qu’elle doit assassiner. Indépendance, détermination, solitude. Ce sont je crois les trois caractéristiques de mes personnages de femmes ».
C’est aussi un film où les mouvements de caméra cherchent et trouvent la grâce des décors et des costumes avec des corps et des visages passionnément mis en valeur, des couleurs magnifiques et des scènes de combat furtives comme dessinées par un pinceau de calligraphe.
Bref tout est enchantement dans ce film pour peu que nous nous laissions imprégner par cette culture asiatique qui nous déconcerte parfois, mais qui est tellement belle si nous prenons le temps de la savourer.
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