Illusions perdues
Adaptation du roman de Balzac par Xavier Giannoli
Lucien est un jeune poète inconnu dans la France du XIXème siècle. Il a de grandes espérances et veut se forger un destin. Il quitte l’imprimerie familiale de sa province natale pour tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice. Bientôt livré à lui-même dans la ville fabuleuse, le jeune homme va découvrir les coulisses d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. Une comédie humaine où tout s’achète et se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes. Il va aimer, il va souffrir, et survivre à ses illusions.
Xavier Giannoli, réalisateur, scénariste et dialoguiste, a apporté le soin le plus minutieux à son adaptation historique, nous montrant qu’il doit vraiment apprécier l’œuvre d’Honoré de Balzac. Une mise en scène brillante, un rythme effréné pour traduire le cynisme de la Restauration et le ballet des ambitieux. Les dialogues sont ciselés interrompus par le récit du narrateur.
C'est totalement bouleversant d'émotions, excellemment rendu par les choix musicaux On se laisse porter pendant plus de deux heures par les partitions de Bach, Rameau, Vivaldi… On ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec le monde actuel, les réseaux sociaux, la manipulation de certains politiques et la fausse indépendance d’une presse qui suit les pouvoirs en place.
La direction d'acteurs est impressionnante et le casting éblouissant. Benjamin Voisin est parfait de naturel dans son rôle de Lucien de Rubempré pris sous la coupe de Vincent Lacoste qui est irrésistible, impressionnant et excelle dans son rôle d’Etienne Lousteau, un chef de rédaction au cynisme revendiqué. Cécile de France, Louise, la protectrice de Lucien est toujours impeccable dans sa physionomie qui reflète à la perfection ses sentiments, joie, tristesse, passion et elle est toujours d’une grande classe. Jeanne Balibar, la cousine de Louise et marquise d'Espard est impeccable. Xavier Dolan rentre complètement dans son rôle de l’écrivain membre de la Restauration "Nathan d'Anastazio". Gérard Depardieu qui incarne l’éditeur Dauriat, qui n’édite que pour le profit, indifférent au livre et à l’appartenance politique de l’écrivain, est comme toujours direct et génial. La jeune Salomé Dewaels, Coralie, mi courtisane, mi actrice de théâtre et amoureuse de Lucien est touchante et juste. Terminons par Louis-Do de Lencquesaing, Finot le propriétaire du journal et André Marcon en Baron du Châtelet qui complètent bien ce casting étoilé.
Enfin nous devons noter la présence dans un rôle secondaire du regretté Jean-François Stévenin dans l’une de ses dernières apparitions à l’écran, "Singali" qui gère au plus offrant les membres de sa claque pour applaudir ou huer les pièces de théâtre.
Un film incisif, résolument ludique et contemporain. Une adaptation d'un Balzac brillant et visionnaire.
Opinion des gens
Critiques de la presse (33 titres) - 97% de positif dont 18% de 5/5 et 70% de 4/5 et en négatif 3% de mauvais.
Critique spectateurs (110) – 89% de positif dont 30% de 5/5 et 43% de 4/5 et en négatif 6% de passable et 5% de mauvais.
Notation : 1085 personnes ont répondu aux trois questions, 60% ont adoré, 36% ont aimé, 5% ont été déçus.
26 octobre 2021
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