Fable érotico-cocorico

Pierre Desproges, qui était aussi un pessimiste désespéré de la bêtise humaine, nous gratifiait de réflexions souvent prémonitoires et malheureusement actuelles. En voici un exemple avec Us et coutumes, mais ensuite, pour ne pas rester sur une mauvaise impression, ré-jouissons-nous avec, une fable, une corde supplémentaire à sa harpe (la harpe a tout de même plus de cordes qu’un arc !!!) que maîtrisait l’ami Pierre. J’aurais pu dire ami Pierrot mais Desproges n’aurait pas aimé cette familiarité du béotien que je suis.

Qu’il me soit donc permit d’agrémenter mes textes d’un peu d’érotisme… pas forcemment torride.

Us et coutumes

Où la différence peut aussi rimer avec intolérance.

Chaque région de notre pays a ses rites et coutumes qui ne sont pas les mêmes que ceux de la région d’à côté. Ainsi pour bien nous haïr entre Français, nous devons tenter d’oublier ce qui nous unit et mettre l’accent sur ce qui nous sépare.

Le Coq et la Poule

Où le féminin peut s’avérer plus libertine
que le masculin

La Poule un beau matin s’en fut trouver le Coq
Et lui dit : Mon ami j’ai grande envie de vous.
Ma libido s’agace et ce n’est point le phoque  
Avec ses airs de fol et son regard trop doux  
Qui pourrait apaiser mes ardeurs printanières.

Le coq un peu surpris du ton du préambule  
Se dit : « Mais quelle époque ! En voici des manières !  
? quelle extrémité faut-il que l’on m’accule !  
Moi qui connais si peu cette poule en chaleur,   
Voici qu’elle m’invite à la crapahuter ! »

Ayant dit, il s’exécuta mais sans ferveur,  
Grimpa sur la furie pour la coconiquer,
Mais sans ardeur aucune et sans plus d’enthousiasme   
Qu’on en met à pisser quand on en a pas envie.  
Il eut beau réviser un à un ses phantasmes   
En s’agitant au mieux sur le tas, rien n’y fit.

«  Et quoi ? » se dit bientôt la cocotte qu’on frustre  
Et qui voit son orgasme à nouveau reporté   
Au hasard incertain d’un autre coq en rut,
« Pour un Gallinacé je suis câline assez   
Mon cul c’est du poulet, j’ai le croupion frivole   
Et voici que je sue sous ce cuistre à la queue bariolée  
Qui me besogne en vain tandis que je m’étiole ! »  

Lors se tournant un peu, elle pria Chante-Clerc   
De lui lâcher les plumes et d’arrêter sa houle.  
Le coq se consola : «  Je ne crains plus l’hiver,  
Je me suis ramassé une veste en pied-de-poule. »

Dessin de Catherine Meurisse en 2014
à l'époque dessinatrice à Charlie Hebdo
pour l’ouvrage
Desproges
Encore des nouilles
chroniques culinaires

Ed. Les Echappés

Coq et poule