Projet de réforme de l'Education nationale

Jean Amadou - lycée Ampère

Dans son ouvrage L’humour lyonnais, édité en 1981, Felix Benoît relate l’article de Jean Amadou paru dans la revue Eclats de Rire du 4e trimestre 1980.
Le chansonnier avait été scolarisé à Lyon, dans les années 40, au Lycée Ampère en même temps que son ami, le caricaturiste Rik Cursat. Il avait ensuite fait ses débuts de comédien au théâtre des Célestins. Voici ce qu’il avait écrit.

Tout a évolué dans l’Éducation nationale, sauf, bien entendu, le désir d’en faire le minimum qui anime les élèves.

passerelle AmpèreDans ce bon vieux lycée Ampère sur lequel on peut faire une si charmante contrepèterie (je vous laisse le soin de la découvrir et sinon, vous la trouverez en bas de l’article)et sur les bancs duquel nous usâmes, mon ami Rik Cursat et moi, des fonds de culotte d’autant  plus précieux que le tissu était contingenté, dans les années 40, mises à part quelques fortes têtes que nous regardions comme des Martiens, et qui semblaient travailler avec plaisir, nous n’avions pas, nous même, une inclination  particulière pour les études. 

Mais nous avions pour nous motiver, une crainte du corps enseignant qui a totalement disparu. Nous chahutions le censeur que nous surnommions « le Barbu » car il avait un poil digne de la IIIe République, mais de loin, et nous évitions comme la peste le surveillant général qui se nommait… oh ! joie… Beaupied ! et qui nous inspirait une trouille salutaire.

Jean AmadouIl n’est pas impossible qu’aujourd’hui le sentiment se soit inversé, et que les surveillants généraux se dissimulent dans un coin de porte quand apparaît un groupe d’élèves bien décidés à ne pas se laisser parler sur un ton qui ne serait pas affectueux.

Quand je lis dans un journal, que le ministre réconforte ses censeurs, j’imagine ces derniers calfeutrés dans leur bureau et téléphonant au ministre : « Au secours ! Les sixièmes arrivent ! ».

C’est pourquoi l’idée du ministre de faire prendre aux élèves et aux professeurs des vacances alternées me paraît intéressante. Les élèves vont se reposer… Quand ils reviennent, les professeurs s’en vont à leur tour. C’est une idée géniale. Puisqu’ils ne se supportent plus, autant éviter qu’ils se retrouvent face à face.

L’autogestion des universités débouchent fatalement sur l’auto-éducation des gamins.

Plus les ministres de l’Éducation nationale sont intelligents, plus ils concoctent des idées et plus l’Éducation nationale va mal.

Ce qu’il faudrait, ce serait un ministre sans idée, un ministre franchement idiot, qui n’aurait pas d’idée du tout.

Mais allez donc trouver un homme politique idiot, de nos jours !

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Résultat de la contrepèterie – Lycée Ampère : pissé en l’air.