Ferdinand Lop
L'humoriste des étudiants
Né le 10 octobre 1891 à Marseille, Ferdinand Lop fut assistant parlementaire et chroniqueur parlementaire en 1926, au journal Le Cri du Jour mais ses exentricités le firent chasser du Palais-Bourbon.
Dans les années 1930, il travailla ensuite chez un éditeur du Quartier Latin où il séduisit les étudiants en réclamant la pose d'un toboggan place de la Sorbonne et de troittoirs roulants pour faciliter le travail des péripatéticiennes. Il avait établi son quartier général à la Taverne du Panthéon et haranguait les étudiants sur le boulevard Saint-Michel ou la rue Soufflot.
Il ne manquait pas de courage car pendant l'Occupation de 1940 à 1944, avec son fan-club, chaque année, il participait à une soirée d'anniversaire donnée en son honneur où il ne se privait pas de critiquer les Allemands. En 1944, la Gestapo déboula à cette fête ; il s'enfuit en sautant par une fenêtre en criant : " Ce n'est pas une retraite, c'est une progression vers l'arrière pour raisons stratégiques."
Au cours de la IVe République de 1946 à 1958, ce " licencié es canulars " était un petit homme sec, porteur d'une petite moustache rousse, affublé de lunettes rondes, d'un grand chapeau à large bord et d'une cravatte en lacet ; il fut un éternel candidat malchanceux à la présidence de la République. Dans son premier meeting de 1946 à la Taverne du Panthéon, il annonça sa candidature perpétuelle aux éléctions législatives et présidentielles.
Son programme stipulait entre autre :
- L'extinction du paupérisme à partir de dix heures du soir
- La construction d'un pont de 300 m de large pour abriter les clochards
- Le prolongement de la rade de Brest jusqu'à Montmartre et l'extension du boulevard Saint-Michel jusqu'à la mer (dans les deux sens) ; c'était la reprise d'une proposition d'un candidat loufoque antérieur : Paul Duconnaud.
- La nationalisation des maisons closes pour que les filles puissent bénéficier des avantages de la fonction publique.
- Le racourcissement de la grossesse des femmes de neuf à sept mois.
- L'octroi d'une pension à la veuve du soldat inconnu.
- L'installation de Paris à la campagne pour que les habitants profitent de l'air pur...
Le quartier latin se partageait en deux camps par rapport au candidat. Nous avions d'un côté les partisans ou Lopistes et de l'autre les opposants qui étaient les Anti-Lop ou Antilopes. En ce qui concerne les tièdes et les indécis, c'étaient Les Interlopes.
Outre la politique, Ferdinand Lop était un écrivain prolifique sur des thèmes sérieux, historiques sociologiques et politiques ; il était aussi poète, et humoriste. Il fut dix-huit fois candidat à l'Académie française entre 1936 et 1966 et il avait tiré de ses innombrables échecs un livre : Ce que j'aurais dit dans mon discours de réception à l'Académie française, si j'avais été élu.
Il mourut à 83 ans dans la misère et l'oubli des générations qu'il avait fait rire, le 29 octobre 1974 à Saint-Sébastien-de-Morsent dans l'Eure où il est enterré.
Ferdinand Lop aura tout de même droit à son lot de consolation posthume. En 1981 un étudiant habitué des Lopodromes accèdera à la fonction présidentielle. Il s’agit de François Mitterrand, étudiant à Sciences Po en 1935 et qui fréquentait beaucoup Ferdinand Lop, le rencontrant souvent au café de La Petite Chaise, tout près de l'École.
13 avril 2021
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