Fanny boules lyonnaises

La véritable histoire de Fanny au XIXe

L’histoire se passait à la fin du second Empire dans les années 1860.

Il y avait la Fanny Dubriand, fille de 25 à 30 ans, esprit faible, un peu détraquée qui faisait le désespoir de ses parents. Ceux-ci tenaient une petite boutique dans laquelle ils vendaient des herbes médicinales qui était située sur le Boulevard de la Croix-Rousse, près de la mairie, une herboristerie où l’on trouvait tout ce qu’il fallait pour traiter les malades avec des « simples », des tisanes, d’herbes, de racines ou fleurs, salutaires notamment pour les refroidissements.

FannyLa Fanny était connue principalement auprès des joueurs de boules du Clos Jouve. Elle montrait avec complaisance tout ce que le bon Dieu lui avait donné, pourvu qu’on lui fasse un petit cadeau. Lorsqu’un joueur n’avait fait aucun point dans la partie qu’il avait perdu, il devait voir la Fanny, pas le mot mais la chose, entendons-nous bien, et cette pénitence était considérée comme un gage.
C’est alors que la Fanny intervenait, faisant après avoir exigé le paiement, placer le perdant derrière elle de façon à ce que les autres joueurs ne vissent rien et elle montrait alors la partie la plus charnue de son anatomie ; vision fugitive d’ailleurs, aussi rapide qu’un éclair de magnésium, car, pas plutôt levé, le rideau était baissé, notre pauvre d’esprit ne voulant pas perdre de temps et les joueurs d’un autre jeu pouvaient avoir besoin de ses services.

C’est de là qu’est venue la fameuse expression voir la Fanny, mais jamais les joueurs n’auraient voulu embrasser ni toucher le postérieur, parce que le sujet n’était guère engageant avec sa mise négligée.
Souvent menacée d'une amende pour impudeur, les joueurs influents plaidaient en sa faveur, faisant valoir qu’elle n’était pas méchante et qu’on pouvait la laisser tranquille.

Fanny par la suite, fut attirée chez quelques poivrots et elle dut séjourner à la maternité et comme elle était sans ressource, on fit élever son enfant par l’assistance publique et elle séjourna dans un asile où elle mourut peu de temps après.

Fanny en ProvenceC’est alors que les joueurs de boules du Clos Jouve imaginèrent la nouvelle expression d’embrasser ou baiser la Fanny en créant un tableau en relief de la Fanny les jupes relevées et l’embrassade du postérieur constituait bien le symbole de la pénitence comme de l’amande honorable due par le perdant.
Cette gigantesque rigolade fut d’autant plus prisée, qu’avant la guerre franco-allemande de 1870, l’immensité du terrain était propice à d’importantes manifestations sportives avec des équipes de quadrettes venues de toutes les régions environnantes.
Et celles-ci s’empressèrent, à leur retour dans leurs pays respectifs de diffuser cette coutume.

Aujourd’hui, tout jeu de boules qui se respecte doit avoir le matériel nécessaire à l’accomplissement du sacrifice à la Fanny. Pour ajouter à plus de solennité au rite de la cérémonie, un joueur tire un cordon auquel est attachée une sonnette qu’il agite violemment.
En 1929, il existait à Villeurbanne un industriel spécialisé dans la fabrication des "Fanny" et son atelier pouvait être visité.
C’était un musée peu banal situé place de la Mairie.

09 mars 2021