Chaperon rouge

Conte de la mère l'oye

Les tribulations du fabuliste argotier.
En 2006, j'avais commencé d'écrire en parler populaire toute une série d'histoires sous le sobriquet du fabuliste argotier et ici je renouais avec la douceur des contes de la mère l’oye. Le petit chaperon rouge est un des premiers récits qui amusèrent mon lectorat d'alors.

La mère dit à sa fille : « J’ai préparé un casse dalle et un kil de beaujolpif pour ta grand-mère. Elle est dans le coltar, ça la requinquera. » La môme rouscailla pour la forme car elle aimait bien sa mère-grand, tout en terminant sa partie de scoubidoo sur sa console Nintendo.
Elle se loqua avec sa jupette en cuir rouge et son blouson cintré vermillon.
C’est donc sapée ras les miches et maquillée Betty Boop qu’elle s’enquilla sur la route.

Chaperon rouge déluréeEn plein milieu du bois, elle croisa le loup Ysengrin fripé comme un gandin. Avant qu’il ne lui fît du gringue, elle dégoisa :
« Mon mec est taillé façon Schwarzy, alors tiens-toi à carreaux ».
Le loup se défendit de toute mauvaise pensée. Il suggéra à Chaperon rouge de cueillir quelques fleurettes, arguant que les vioques aiment bien les bouquets champêtres.
« Banco ! » dit la morveuse.
Profitant de l’aubaine, le loup décarra chez mémé. Il la ficela et la bâillonna. Il l’enferma dans le placard à balais. Il se colla une charlotte sur la tête et se glissa dans le pageot.
Chaperon sonna à l’interphone. Le loup répondit d’une voix chevrotante :

« Ma fille m’a prévenue au bigophone de ta visite et avant de retourner me glisser dans les torchons, j’ai déverrouillé la lourde et le digicode. »
Chaperon rallégea vers le pieu et jacta :
« T’as bien de grands panards ?»

« C’est pour mieux te rejoindre quand je serai guérie » dit le loup.
« T’as la voix de Demis Roussos et t’est aussi poilue que lui ?»
« C’est parce que je suis enrouée et mon épilateur est en panne. »
« T’as de grosses paluches ?»
« C’est pour mieux te serrer dans mes bras ma gisquette ».
« Ouais, je veux bien, mais t’as de grandes chayottes, tu refoules du goulot et une haleine de chacal ?» 

« Tu me gonfles, hurla Ysengrin, c’est pour mieux te bouffer !»

Avant qu’il ne se jette sur la dévergondée, elle lui colla une giclée de sa bombinette lacrymo dans les carreaux en déclarant :
« Sache gros ballot qu’avec tous les prédateurs qui ne pensent qu’à se taper les petites mominettes sans défense, je ne sors jamais sans biscuits. »
Le loup se cassa couratant et braillant et comme il était miro comme une taupe, il alla s’écrabouiller comme une bouse au fond d’un précipice.

Chaperon délivra mémé et en chantant des chansons paillardes, pour fêter l’heureux dénouement, elles lichèrent la boutanche de rouquin saucissonnant et se calant l’embuni avec le calendos bien coulant que la michetonne avait chouravé en douce au renard lequel l’avait piqué à un corbeau tout couillon.

Décidemment, il n’y a plus d’enfants, ni de mémés non plus.

Etonnant non !!!

Glossaire des mots nouveaux
Coltar, coaltar, colletar – c’est être ensuqué, dans les vapes, par excès de boissons alcoolisées ou par une fièvre forte. 
Requinquer – mot lyonnais pour se remettre en forme après une maladie. 
Rouscailler – protester, rouspéter du verbe rousser, grogner (1611) avec le suffixe caille ou cailler fréquent en parler argot.  
Loquer (se) – s’habiller : terme argotique des années 1930.   
Faire du gringue – flirter, faire la cour, chercher à séduire. L’origine est peu claire, sans doute de grigne, grimace employé de façon ironique ou ambiguë et qui remonte à 1901 (Bruant) et 1935 (Machard).   
Paluches – mains avec une connotation érotique car pour l’homme palucher, c’est caresser la fesse d’une femme et aussi se masturber.  
Refouler du goulot – c’est bien sûr sentir mauvais de la bouche. Goulot c’est la bouche et boire c’est se rincer le goulot tandis que repousser, se taper ou refouler du goulot concerne l’haleine. 

Je vais rajouter ces mots au Glossaire qui est déjà très enrichi. Et que vous pouvez consulter si des mots vous semblent obscurs dans le texte ci-dessus.