Frisland l'île imaginaire

Le subterfuge de Nicolo Zeno en 1558

En 1558, Nicolo Zeno, un riche marchand issu d’une des plus vieilles familles de navigateurs de Venise, publia le récit, de deux de ses ancêtres, qu’il avait découvert dans la bibliothèque familiale.
Commandité par le gouvernement vénitien en 1380, Nicolo le vieux, commerçant et navigateur respecté, était parti rechercher des nouveaux débouchés commerciaux. Mais son bateau pris dans une tempête dériva dans l’océan Atlantique et finit par échouer sur une île inconnue où le Vénitien fut accueilli par le prince Zichmi, souverain de Frisland et qui parlait couramment le latin ; admiratif du navigateur, il le nomma amiral de sa flotte.
Nicolo le vieux écrivit alors à son frère Antonio de le rejoindre. Avec le prince, les deux frères se retrouvèrent à la tête d’une expédition qui, dans le nord*ouest de l’Atlantique leur fit découvrir d’autres îles inconnues : Estosiland, riche et accueillante, Drogeo la sauvage et Icarie, à la population hostile.
Carte ancienne de l'île Frisland
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Dans l’ouvrage de 1558, figurait une copie de la carte maritime particulièrement réaliste, accompagnée de tracés de longitude et de latitude qui permettait facilement de la reporter sur d’autres cartes pour situer l'île de Frisland. En cette fin de Renaissance, la réputation de la puissante famille finit de convaincre. Résultat : à partir de 1558, l’île de Frisland fut cartographiée sur toutes les cartes et atlas et ce jusqu’en 1898. 

Quelques navigateurs affirmèrent avoir entraperçu les côtes escarpées de Frisland, mais aucun ne témoignera avoir fait escale sur place. 

Au XVIIIe siècle quand de grandes expéditions scientifiques s’attachèrent à cartographier l’Atlantique, on commencera à se poser des questions tout en laissant le bénéfice du doute à Nicolo Zeno en évoquant une confusion avec l’Islande ou le Groenland qui apparaissent également sur sa carte.

C’est finalement en 1898 qu’un certain Frederik W. Lucas, avec une équipe de scientifiques australiens, après avoir remonté toutes les cartographies concernant cette île fantôme, va faire toute la lumière sur la supercherie du Vénitien.
L’imposteur n’y était pas allé de main morte puisqu’il avait aussi attribué à ses ancêtres la découverte de l’Amérique cent ans avant Christophe Colomb ! Le but de la manœuvre ? Damer le pion à la ville de Gènes ennemie héréditaire de Venise et aussi tirer profit de la gloire posthume de ses aïeux.

Le subterfuge aura tout de même réussi à tromper les cartographes pendant plus de trois siècles.
09 avril 2022