Guigone de Salins

Fondatrice des Hospices de Beaune

Guigone de Salins (1403–1470) est une personnalité de la noblesse de l'État bourguignon au Moyen Âge. Dame de charité, elle est la fondatrice des Hospices de Beaune en 1443 avec son mari le richissime chancelier Nicolas Rolin.  Elle est issue de la famille des seigneurs de Salins-la-Tour du Jura (branche de la seigneurie de Salins du comté de Nicolas RollinBourgogne). En 1421, âgée de 18 ans, elle devient la troisième épouse de Nicolas Rolin, alors âgé de 47 ans qui est une grande figure politique de l'État bourguignon du XVe siècle. Il est le richissime chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, durant près de quarante ans.
Elle lui donne trois enfants : Louise, Claudine et Antoine Rollin.
Elle incite son mari à faire œuvre de charité et fonde avec lui les Hospices de Beaune en 1443, fondation « laïque » rare et audacieuse au XVe siècle.
Il déclara : «
Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d’Autun, seigneur d’Authumes et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443 ... dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels ... je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère ... » 

Guigone introduisit l'art dans l'hôpital où les indigents et les pèlerins sont soignés dans un décor de palais. À partir de 1462, devenue veuve, elle continue à diriger l'Hôtel-Dieu jusqu’à la fin de sa vie et se consacre au réconfort des malades. 

Voici ce qui fut écrit pour célébrer sa fin vie :
Guigone de Salins« 
Une vieille femme au port altier et au teint diaphane est penchée sur son bureau dans la pièce que l’on a coutume de nommer la « chambre de la chancelière ». Elle révise les comptes de l’exercice 1470, présenté par le maître Jean Duban devant le conseil d’administration de l’hôpital. Elle les annote, corrige, tranche quelque débat. Relevant la tête de l’ouvrage, elle voit par la fenêtre la cour intérieure de cet immense bâtiment en U, dont elle a choisi le décor et les matériaux pour en faire avec son mari Nicolas un véritable palais des pauvres. Son regard se perd sur les girouettes armoriées et les dentelles de plomb ourlant les faîtages, qui semblent des pièces de broderie sombres élancées vers le ciel bas de l’hiver bourguignon.Puis elle se lève, vêtue du hennin blanc et de la robe grise que portent les hospitalières de Beaune. Noble de naissance, immensément riche par les revenus des salines dont elle porte le nom, elle n’a jamais connu ce dénuement. C’est elle qui l’a choisi au soir de sa vie pour devenir servante des pauvres. Elle a longuement médité sur les dits d’Égide qui compare l’homme riche à l’aigle attaché à une poutre : seul le détachement des richesses temporelles permet d’atteindre les richesses du ciel. Elle descend l’escalier à vis, marche sur les carreaux émaillés du sol où s’entrelacent le « N » de Nicolas et le « G » de Guigone, comme en ses demeures d’Authumes, de Présilly et de Dijon. Elle arrive dans la grande salle de près de 50 mètres de long dont elle a réglé chaque détail au moment de la construction de l’hôpital : un toit en forme de bateau renversé, barré de poutres multicolores sortant de la gueule de dragons ouvragés, des alcôves pour chaque malade plutôt qu’un dortoir afin de conserver davantage de chaleur, comme dans la montagne comtoise, mais aussi pour permettre aux malades une forme d’intimité.

L'Hôtel-Dieu fut classé aux monuments historiques en 1862. 
Actif jusque dans les années 1960, il est à ce jour un musée d'histoire de la médecine.
Parmi les hommages actuels : une cuvée de Beaune Ier cru des Hospices de Beaune est dédiée à Guigone de Salins.
En 1943, un timbre de 4 francs bleu fut émis. Il a bénéficié d'une vente anticipée le 21 juillet 1943 à Beaune. En 2003, un timbre de 0.50 euro multicolore est émis. Il représente les toits de l'Hôtel-Dieu.

23 septembre 2021