Casque d'Or

Emilie et Antoinette pierreuses fin XIXe siècle

Casque d'OrÀ Paris au XIX e siècle,  on appelle « pierreuse » une prostituée de bas étage exerçant son métier dans les carrières et les terrains vagues de la périphérie parisienne.
Durant les périodes de construction et de démolition des fortifications « les fortifs », les pierreuses ont trouvé une clientèle abondante d’ouvriers travaillant la pierre.
Elles vont dans les chantiers, dans les maisons en construction, au milieu des pierres déposées sur la berge du canal ou de la Seine.
La plus célèbre des pierreuses Amélie Elie, est plus connue, grâce au cinéma, sous le nom de Casque d’Or.
C’est en 1952 que Jacques Becker réalise son chef d’œuvre,  avec dans les rôles principaux, Simone Signoret et Serge Reggiani.

Mais voici l’histoire d’Antoinette une pierreuse plus proche du scénario du film
Toinette arpente les rues de Paris aux heures où les honnêtes filles sont couchées.
À quinze ans, elle a commencé par être une rôdeuse des fortifs, nourrie d’Arlequins, ces pâtés immondes constitués de restes.
AntoinetteElle a rencontré Gaston et est devenue une gigolette. Elle aguichait les michés, les entraînait dans un hôtel borgne et profitait de l’excitation du client pour lui barboter son portefeuille ou sa montre.
Mais l’entôlage pouvait se révéler dangereux, et Gaston a préféré que sa marmite redevienne simple pierreuse galvaudant autour des casernes.
Tous deux fuient les sbires du service des mœurs.
Un soir ce que redoutait Toinette s’est produit. Un gros bonhomme lui a tordu le bras et l’a traitée de roulure. Gaston s’est précipité, un surin à la main, pour prendre la défense de celle qu’il corrige et qu’il exploite, mais qu’il aime à sa façon.
Il a trucidé le bourgeois.
On l’a traqué, on l’a pris, on l’a expédié à la Tour Pointue où les juges l’ont condamné à mort.
« 
J’suis réveillé depuis minuit. Ma pauv’ Toinette, j’entends comme une espèce de bruit à la Roquette », chante Aristide Bruant.
Gaston ne veut pas « 
flancher devant la veuve », mais va hélas « éternuer dans le sac ».
Toinette se désespère : « 
La dernière fois que je l’ai vu, il avait le torse à moitié nu et le cou pris dans la lunette, à la Roquette ».

Pauvre Pierreuse, est aussi le titre d’une chanson du répertoire d’Eugénie Buffet.
1893, Lorsqu’elle a 20 ans, Eugénie quitte l’Algérie.
Après être passée par Marseille, elle arrive à Paris où elle prend pour chanter et se faire connaître, la dégaine et la toilette des « pierreuses », nom que l’on donnait alors aux femmes qui racolaient dans les rues.
Les paroles de cette chanson reprennent l’histoire d’Antoinette.

06 août 2021