Lyon 14 18 - Soins aux blessés
Les structures hospitalières à Lyon
Pendant la première guerre mondiale, l’engagement des soignants avait été exceptionnel en France. Roland Racine écrivain, historien, conférencier avait consacré un large chapitre dans son livre et sa conférence du 6 avril 2019 au rôle considérable de la ville de Lyon pour le traitement des blessés où les femmes avaient joué un rôle majeur.
Avec 120 structures hospitalières et plus de 20 000 lits, près de 300 000 militaires, malades et blessés ont été accueillis à Lyon, principalement pour des soins, de la rééducation, de l’appareillage et de la convalescence. Je rappelle que Justin Godard, député lyonnais, avait été nommé sous-secrétaire d’État à la Santé auprès du ministère de la Guerre. Il avait instauré le service de Santé des armées structuré sur trois niveaux. Les hôpitaux mobiles proches du front pour les urgences, soins et interventions chirurgicales, les hôpitaux fixes de proximité pour les transportables, et les structures de convalescence et prise en charge pour le suivi, appareillage, rééducation … Grâce à cette organisation, des dizaines de milliers de vies ont été épargnées.
La ville de Lyon était parfaitement bien reliée au réseau des chemins de fer du PLM permettant aux convois sanitaires en provenance du front de rejoindre dès 1914 la gare de Vaise, puis en 1915 les Brotteaux. Perrache était surtout affectée au transit vers d’autres villes. Jusqu’en février 1919, 1369 convois arriveront à Lyon. Les hôpitaux militaires, Desgenettes et Villemanzy furent vite saturés et donc dès 1914, des structures hospitalières se créèrent. Il y eût de nombreux groupes scolaires qui accueillirent les blessés, les futurs locaux des abattoirs de la Mouche qui venaient de recevoir l’exposition urbaine, devinrent un hôpital de 1650 lits. Des restaurants et brasseries offrirent leurs locaux et n’oublions pas les établissements civils comme l’Hôtel-Dieu, l’hôpital de la Croix-Rousse, l’hospice de la Charité, l’Antiquaille et même le couvent des Minimes (actuel lycée Jean Moulin) qui offrirent de nombreux lits.
C’est sous la gestion des établissements religieux, de la Croix Rouge et de l’Union des Femmes de France que les établissements auxiliaires fonctionnaient. La Société de secours aux Blessés Militaires (SSBM) émanation de la Croix Rouge organisa aussi les infirmeries de gare et les cantines pour soldats.
Les infirmières de la Croix rouge qui s’étaient engagées en très grand nombre furent formées par la clinique école, de l’Union des Femmes Françaises, de Bron. Ce sont 68 000 infirmières de la Croix Rouge qui œuvrèrent dans les structures hospitalières en France.
Lyon venait d’acquérir une grande notoriété dans la chirurgie maxillo-faciale de ceux qu’on appelait les gueules cassées, grâce aux docteurs Albéric Pont et Étienne Rollet. Le professeur Nové-Josserand et l’aide-major Bouget dirigèrent le centre militaire d’appareillage à l’hôpital (ex hospice) de la Charité. Les industriels et inventeurs ne furent pas en reste. Monsieur Gillet conçut un bras de travail avec monsieur Julien qui fit
breveter les porte-outils, Louis Lumière mit au point une pince à trois mors avec rotule pouvant servir à diverses professions et Auguste Lumière créera le tulle gras pour le traitement des grands brulés. Les deux frères n’étaient donc pas seulement les inventeurs du cinématographe.
Tout ceci, sera, comme de bien s’accorde, complété par des écoles de rééducation et réinsertion professionnelles pour les blessés à lourd handicap.
C’est donc bien grâce à leurs compétences et à leur absolu dévouement que les personnels soignants hommes et femmes aidés des politiques et des industriels permirent que sur 300 000 blessés et malades hospitalisés à Lyon, on ne dénombrera que 3000 décès en majorités dus à la tuberculose et à la grippe et donc très peu du fait de leurs blessures.
Voilà un bref aperçu de ce que nous sommes redevables aux soignants majoritairement des femmes et à leurs aides et je vous invite à vous procurer le livre de Roland Racine très richement illustrés pour compléter votre information.
J’ai eu le plaisir de le rencontrer et de discuter avec lui lors de sa conférence du 6 avril 2019 pour la société des Amis de Lyon et de Guignol et d’écrire un article sur cette conférence. J’ai, comme il se doit, son livre dédicacé.
Mémoire en image LYON 1914-1918 de Roland Racine éditions Sutton
11 novembre 2019
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