Le serpent l'aigle et le chasseur
Le serpent est lié à l’origine du monde, la simplicité même de son aspect fait qu’il représente le début de l’évolution alors que l’homme en est la fin. De la bouche du serpent sort “l’Œuf du Monde” et il symbolise aussi le Verbe, la parole qui doit amener à l’union du Ciel et de la Terre. C’est pour cela qu’il est l’attribut d’Hermès, le messager des dieux entre les mondes céleste et terrestre. L’aigle de son côté est le roi des oiseaux, celui qui vole le plus haut et il symbolise la plus haute divinité céleste, représentant du soleil et porteur de l’éclair. Au début le serpent et l’aigle s’étaient liés d’amitié jurant par les enfers que celui qui transgresserait le pacte serait victime des pires malédictions. Ils se sont installés dans l’ombre d’un peuplier sur une montagne où ils élèvent chacun leurs petits. Qu’est-ce donc qui a pris à l’aigle d’avoir un jour mangé les petits serpenteaux à peine sortis de l’œuf. Résultat des courses, le serpent par vengeance est allé dévorer à son insu les œufs de l’aigle. Voilà pourquoi l’aigle et le serpent sont devenus ennemis.
Voici ce qui un jour arriva :
Un chasseur de perdrix rouges, s’en retournait chez lui, sa gibecière bien garnie lorsqu’au détour d’un chemin il se trouva face à un serpent, une couleuvre de Montpelier de plus d’un mètre, le regardant fixement en sifflant. Paralysé de terreur, il vit alors un aigle qui s’apprêtait à fondre sur le reptile pour n’en faire qu’une bouchée.
Sans même réfléchir, l’homme tira une cartouche en direction du rapace, qui abandonna sa proie facile et repartit à tire d’aile. Le serpent se retourna en voyant l’aigle s’enfuir, comprenant qu’il l’avait échappée belle. Puis il regarda à nouveau le chasseur pendant quelques secondes avant de partir à travers les buissons. L’homme reprenant ses esprits rentra chez lui.
Une semaine plus tard, il retourna chasser mais se contenta d’une balade sans tirer la moindre cartouche avant de rejoindre sa vieille Deudeuche-Citroën. Elle penchait du côté droit et il constata que le pneu arrière était à plat. Il n’avait pas emporté sa roue de secours et se préparait à partir à pied pour faire les dix kilomètres qui le séparaient de sa cambuse. C’est alors qu’il vit sortant de derrière un buisson la grosse couleuvre de la semaine passée.
Elle s’approcha de la roue crevée, ouvrit sa gueule et avec ses crochets retira le clou planté dans le pneu. Mâchouillant des herbes et de la résine de pin, elle colla l’emplâtre comme une rustine puis elle ôta le capuchon de la valve et souffla très fort à plusieurs reprises jusqu’à que la roue ait repris sa forme normale. Le serpent remit le capuchon. Puis il se retourna vers l’homme qui eut le sentiment que le reptile lui souriait. Celui-ci, sans se presser repartit à travers champs.
Depuis ce jour, l’homme remisa son fusil et plus jamais ne s’adonna à la chasse.
La morale de cette histoire, c’est qu’un bienfait n’est jamais perdu.
L’homme s’appelait Delpech, Michel Delpech et il écrira une très belle chanson : « Le chasseur ».
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