Le Loup et le Chien
Livre I - fable 5
Phèdre a bien développé l'idée d'Esope et disons que La Fontaine a largement copier sur Phèdre
Esope
Un loup voyant un très gros chien attaché par un collier lui demanda : Qui t’a lié et nourri de la sorte ? – Un chasseur, répondit le chien. – Ah ! Dieu garde de cela le loup qui m’est cher ! Autant la faim qu’un collier pesant. Cette fable montre que dans le malheur on n’a même pas les plaisirs du ventre.
Phèdre
Je dirai en peu de mots combien la liberté est douce.
Un loup d’une maigreur excessive, rencontra un chien gros et replet. Après un salut, ils s’arrêtèrent :
– D’où vient, dit le loup, que ton poil est si brillant ? Où te nourris-tu, pour avoir un si bel embonpoint ? Moi qui suis bien plus fort, je meure de faim.
– Ce bonheur sera le tien, répondit le chien avec franchise, si tu peux rendre au maître les mêmes services que moi.
– Quels sont-ils ?
– Garder la porte, et la nuit défendre la maison contre les voleurs.
– Me voilà tout prêt car maintenant j’ai à souffrir de la neige, de la pluie et je traîne au fond des bois une existence misérable. Chemin faisant, le loup voit le cou du chien pelé par l’effet de la chaîne.
– Qu’est cela mon ami ?
– Rien !
– Dis le moi je te prie.
– On m’attache pendant le jour pour que je puisse veiller dès que vient la nuit, on m’ôte le soir ma chaîne et je cours où je veux, mon maître me donne des os de sa table, les valets me jettent quelques bons morceaux, ainsi sans travailler, je me remplis le ventre. – Mais dis-moi, si tu veux sortir, le peux-tu ? – Pas tout à fait !
– Jouis donc mon ami des douceurs que tu me vantes, quant à moi je ne changerai pas ma liberté contre une couronne.
Version de La Fontaine
Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
À se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
« Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée ;
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin.
Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
– Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse.
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
Qu'est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
– Mais encore ? – Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
– Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
– Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Version de Fabulgone
Où Fabulgone prône qu’être libre est plus valorisant
Que tous les bénéfices qu’on donne aux courtisans.
Un loup tout maigriot comme la paie d’un smicard,
Qui glandait sur le ruban, rêvant d’un steak tartare,
Déboula devant l’pif d’un clebs maous costaud,
Qui bossait près d’ici dans la ferme d’un péquenot.
Le loup qu’était d’la zone, craignait pas la baston,
Mais quand t’as l’estogome qui rejoint tes talons,
T’as comme de la faiblesse pour balancer les gnons.
Vaut mieux te la jouer finaud, du genre négociation.
C’est ainsi qu’en larvaire, il causa au mastard :
-T’as les bajoues replètes et le bide rondouillard,
La cuisse grassouillette, tu fais plaisir à voir.
Donne-moi ta recette que je m’emplisse le tiroir.
-Être aussi gras que mézigue, rétorqua le clébard,
Je te mets au parfum, tu verras c’est bonnard.
Il te suffit de virer, traîne-patins mendigot,
De bien flatter ton maître, surveiller ses minots.
Le loup tout guilleret, se voit déjà peinard
Quand il bigle soudain le cou du vieux mastard.
- Affranchis-moi mon pote, t’as le colbac pelé ?
Te serais-tu coincé dans quelques barbelés ?
- Ce n’est rien dit le chien, c’est sans doute le collier
Que je garde parfois quand du monde vient dîner.
- T’es donc encabané ? Sans pouvoir courater ?
- Un peu de temps en temps, je n’en fais pas un pâté.
Notre compère loup en est tout bouleversé.
Il s’arrête, se retourne avant de prendre congé.
- J‘aime mieux la sauter que d’être embastillé,
Je te laisse mon gros. Être libre c’est sacré.
Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encore.
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