Le Coq et le Renard
Livre II - fable 15
Les trois versions ont la même morale sur le bonheur de tromper un trompeur
Voici donc la version d'Esope :
Un Coq se tenait sur un chêne fort élevé. Un Renard qui ne pouvait l’atteindre, courut au pied de l’arbre
"Ami, cria-t-il à l’autre, bonne nouvelle ! Hier la paix fut signée entre les tiens et les nôtres. Sans rancune donc, je te prie et puisque dorénavant nous devons tous nous entr’aimer comme frères, commençons par nous réconcilier. Viens donc mon cher, descend que je t’embrasse".
"Ami répartit le Coq, tu ne saurais croire combien cette nouvelle me réjouit. Je la crois certaine, car, si je ne me trompe, je vois là-bas deux courriers qui viennent en apporter la nouvelle. Demeure donc je te prie et sitôt qu’ils seront arrivés, je descendrai pour nous en réjouir tous quatre ensembles.
Ces courriers étaient deux lévriers. Le Renard ne jugea pas à propos de les attendre, et gagna pays et le Coq se mit à rire à gorges déployée.
Version de La Fontaine
Où le fabuliste précisera :
C'est double plaisir de tromper un trompeur.
Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
Un vieux coq adroit et matois.
Frère dit un renard en adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle
Paix générale cette fois.
Je viens te l’annoncer ; descend que je t’embrasse
Ne me retarde point, de grâce
Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir.
Et cependant, viens recevoir
Le baiser d’amour fraternel.
Ami repris le Coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
Que celle
De cette paix. Et ce m’est une double joie
De la tenir de toi, je vois deux lévriers
Qui je m’assure sont courriers
Que pour ce sujet on envoie
Ils vont vite et seront dans un moment à nous.
Je descends nous pourrons nous entre-baiser tous.
Adieu dit le Renard, ma traite est longue à faire
Nous nous réjouirons du succès de l’affaire
Une autre fois. Le galant aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut
Mal content de son stratagème
Et notre vieux Coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur
Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.
Version de Fabulgone
Où Fab' montre que rien n’est joué
Il nous rejoue le sketch de l’arroseur arrosé avec pour maxime : - ? malin, malin et demi… Si corbac l’avait connue, il n’aurait pas paumé son fromegi.
Un vieux coq certes pas né de la dernière pluie,
Gaffait tout alentour auprès de son cheptel,
Quand renard se pointa, digérant le fromegi,
Gaulé à un corbac, entubé, comme une brêle
D’avoir sans gamberge esgourdé les fadaises
Du rusé carnivore qui se trouvait balaise.
Il se dit : C’est fastoche de rouler la volaille
D’un poulet à la broche, je ferais bien ripaille.
Salut mon vieux frangin, glapit le canidé
Miellant de la menteuse pour mieux amadouer
Le coq grassouillet devant son poulailler.
Faisons la paix des braves, gicle de ta branche.
On va se bisouiller, que nos deux cœurs s’épanchent.
Rallège rapidos que j’apporte la nouvelle,
De ce premier baiser d’un amour fraternel
Qui met fin à des lustres d’une vaine querelle.
Magne toi mon ami, j’ai sur l’feu des quenelles !
Me voilà mon poteau, je suis pétant de joie
Qu’enfin entre nous deux notre amitié flamboie,
Mais je vois arriver sur le ruban qui poudroie
Deux clebs costauds ; sans doute on les envoie
Pour sceller notre union. Ils arrivent ! Je les vois !
Le renard aussi sec prit la poudre d’escampette
Prétextant une urgence et remettant la fête
? un autre moment pour se faire des bisous
En maudissant les clebs d’avoir foiré son coup.
Zyeutant goupil en fuite le coq se bidonne
D’avoir sauvé sa peau et là il n’y a pas maldonne,
Réussir un bon tour c’est bonnard mais parfois
De tromper un trompeur ça te double la joie.
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