Le cochet, le chat et le souriceau

Cochet chat souriceauIl y a un point commun entre La Fontaine et Collodi en plus de la magie des mots qu’ils pratiquent avec aisance. 
Tous deux s’efforcent d’atténuer la morale avec pour le premier, des fables enjouées et pour le second, une histoire, à épisodes, souvent déjantée et croquignolesque.
Et surtout ils agrémentent leur récit d’un bestiaire exceptionnel et coloré.
Vous trouverez ci-dessous, la fable qu’aurait pu écrire Collodi en parodiant celle de La Fontaine.
Je pense que Collodi a lu les fables ! Et que La Fontaine aurait aimé « Pinocchio ».

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Le cochet le chat et le souriceau - Et la version de Collodi

LE COCHET, LE CHAT ET LE SOURICEAU

Un souriceau tout jeune, et qui n'avait rien vu,
Fut presque pris au dépourvu.
Voici comme il conta l'aventure à sa mère.

J'avais franchi les monts qui bornent cet État
Et trottais comme un jeune Rat
Qui cherche à se donner carrière,
Lorsque deux animaux m'ont arrêté les yeux ;
L'un doux, bénin et gracieux, 
Et l'autre turbulent et plein d'inquiétude.
Il a la voix perçante et rude ; 
Sur la tête un morceau de chair, 
Une sorte de bras dont il s'élève en l'air,
Comme pour prendre sa volée ;
 La queue en panache étalée.
Or c'était un Cochet dont notre Souriceau
Fit à sa Mère le tableau, 
Comme d'un animal venu de l'Amérique.
Il se battait, dit-il, les flancs avec ses bras, 
Faisant tel bruit et tel fracas, 
Que moi, qui grâce aux Dieux de courage me pique,
En ai pris la fuite de peur, 
Le maudissant de très bon coeur. 
Sans lui j'aurais fait connaissance 
Avec cet Animal qui m'a semblé si doux.
Il est velouté comme nous, 
Marqueté, longue queue, une humble contenance,
Un modeste regard, et pourtant l'œil luisant : 
Je le crois fort sympathisant 
Avec Messieurs les rats ; car il a des oreilles 
En figure aux nôtres pareilles. 
Je l'allais aborder, quand d'un son plein d'éclat 
L'autre m'a fait prendre la fuite. 
Mon fils, dit la souris, ce doucet est un Chat,
Qui sous son minois hypocrite,
Contre toute ta parenté 
D'un malin vouloir est porté. 
L'autre animal tout au contraire, 
Bien éloigné de nous malfaire,
Servira quelque jour peut-être à nos repas. 
Quant au chat, c'est sur nous qu'il fonde sa cuisine.

Garde toi, tant que tu vivras,
De juger des gens sur la mine.

MANGIAFOCO, RENARD ET PINOCCHIO

Pinocchio de la vie, n’avait encore rien vu,
Quand ses mésaventures le prirent au dépourvu.
Voici ce qu’il conta à Geppetto son père.

Me rendant à l’école, pensant à ma carrière,
Je croisai en chemin un très beau chapiteau
Où quelques marionnettes installaient des tréteaux.
Me voyant arriver, je fus pris pour leur frère
Et ne travaillant plus, elles me congratulèrent.
C’est alors qu’arriva, un géant, une brute
Hurlant et tempêtant, il était tout hirsute.
J’étais paralysé, par la peur tenaillé,
Je craignais pour ma vie, allait-il me tuer !

Et que se passa-t-il demanda Geppetto
Qui avait reconnu, l’ami Mangiafoco.

Me voyant tout tremblant, il cessa de crier,
M’invita au spectacle, me garda à souper
Et puis le lendemain avant de repartir,
Me donna des sequins. Mets-les dans ta tirelire,
Me dit-il en souriant, partage avec ton père
Qui est brave et t’attend près de l’embarcadère.
Un autre jour alors, que partant faire les courses
Et que dans mon panier, j’avais placé ma bourse,
Je croisais cette fois
Un renard fort courtois
Qui me demanda où, j’allais d’un si bon pas.
Je vais en commissions pour aider mon papa.
Je me rends moi-aussi jusqu’à la superette,
Puis-je t’accompagner ? Nous ferons la causette.
Il était très gentil, me faisait rigoler,
Lorsqu’il trébucha, tomba sur mon panier.
Puis il se releva en éclatant de rire.
Il partit en courant et je craignais le pire.
Je n’avais plus ma bourse, disparue, envolée.
Je compris à l’instant, qu’il me l’avait volée.

Que tout ceci mon fils, te serve de leçon.
Mangiafoco fait peur, mais c’est un bon garçon
Alors que le renard matois
Est un voyou qui t’enfarine

Garde toi, tant que tu vivras
De juger les gens sur la mine.

Commentaires

  • Tite ruine
    • 1. Tite ruine Le 15/08/2018
    J'aime beaucoup la morale de ces fables et la version de Collodi :) Bises