La Génisse la Chèvre la Brebis et le Lion

La Fontaine - Livre 1 fable 6

La Génisse, La Chèvre et la Brebis, en société avec le Lion

Ésope : sa fable est un peu l'histoire du Loup et de l'Agneau 
Le lion, l'âne et le renard, ayant lié société ensemble, partirent pour la chasse. Quand ils eurent pris du gibier en abondance, le lion enjoignit à l'âne de partager entre eux. L'âne fit trois parts égales et dit au lion de choisir. Le lion indigné bondit sur l'âne et le dévora. Puis il enjoignit au renard de faire le partage. Celui-ci entassa tout sur un seul lot, ne se réservant que quelques bribes ; après quoi il pria le lion de choisir. Celui-ci lui demande qui lyui avait appris à partager ainsi : "Le malheur de l'äne", répliqua-t-il.

Phèdre : c'est sans doute cette version qui inspira La Fontaine
S'associer avec un puissant n'est jamais sûr, cette fable témoigne de mon propos
La vache, la chèvre et la brebis, accoutumées à supporter l'injustice, firent alliance avec le lion dans les pâturages.
Comme ils prirent un cerf d'une taille immense, le lion parla ainsi une fois les parts faites : 
Moi, j'emporte la première, puisque je me nomme le lion - Vous m'accorderez une seconde parce que je suis courageux.
La troisième me reviendra ensuite parce que je suis le plus fort, et il arrivera malheur à celui qui toucherait la quatrième.
La mauvaise foi seule enleva ainsi le butin tout entier.

Fabulgone : Pour Fabulgone, que l'on soit sous un régime, monarchique, répréssif ou "démocratique", ce sont toujours les nantis qui se réservent la part du lion. Il annonce en préambule la couleur :
Où La Fontaine déjà, visionnaire sympathique,
Savait que les puissants, font fi des lois démocratiques
 

Version de La Fontaine.

La Génisse, la Chèvre et leur soeur la Brebis
Avec un fier Lion, Seigneur du voisinage
Firent société, dit-on, au temps jadis,
Et mirent en commun le gain et le dommage.

Dans les lacs de la Chèvre un Cerf se trouva pris.

Vers ses associés aussitôt elle envoie.
Eux venus, le Lion par ses ongles compta,
Et dit : Nous sommes quatre à partager la proie ;
Puis en autant de parts le Cerf il dépeça :

Prit pour lui la première en qualité de Sire ;
Elle doit être à moi, dit-il ; et la raison,
C’est que je m’appelle Lion,
À cela l’on n’a rien à dire.

La seconde par droit me doit échoir encor :
Ce droit, vous le savez, c’est le droit du plus fort.
Comme le plus vaillant je prétends la troisième.
Si quelqu’une de vous touche à la quatrième

Je l’étranglerai tout d’abord.

La génisse la chèvre et la brebis en sociéte avec le lion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gravure de Granville

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26 avril 2020

Version de Fabulgone  

Je te jacte du temps où tu n’étais pas gluant,
Où génisse et la chèvre et brebis en votant,
Se maquèrent au roi lion qui offrait assistance,
Promettant le partage des fruits de la croissance.
En son domaine la chèvre, un trésor elle trouva
Elle gicla aussi sec prévenir le bon roi
Afin que cette aubaine tous puissent en profiter
Comme prévu aux statuts de leur communauté.

Ses frangines rallégèrent au partage du grisbi
Revenant au bon sire et à ses trois souris.
Nous sommes quatre dit-il, en comptant les radis
Dont il fit quatre parts qu’il posa devant lui.
La première il la prit jactant : Je suis le lion !
Puis il prit la seconde non sans jubilation :
Cette part m’échoit moi le mec de la redresse
Pour éponger mes frais et pour mon droit d’ainesse.
Les trois brêles en avaient la langue sur les godasses. 
Il conclut leur disant : Je vous laisse les grognasses 
Vous êtes des godiches, c’est moi le plus fortiche 
Et des deux autres parts, il choura tout l’artiche.

Nos greluches caltèrent gambergeant mais trop tard 
? ce qu’un député, un vieux soixante-huitard,
Dégoisait en plein mai sur les institutions,
Je te le donne en mille : Élections piège à cons !

Le lion et ses trois vassales