La Colombe et la Fourmi

La Fontaine Livre II fable 12

Cette fable est considéré comme jumelle à celle du Lion et du Rat parce que la morale reste on a toujours besoin d’un plus petit que soi mais c’est une fable d’Esope qui cette fois a inspiré La Fontaine et elle a suivi tout naturellement la fable 11 du Livre II.

Esope - la fourmi et la colombe

Une fourmi pressée par la soif était descendue dans une source et, entraînée par le courant, elle était en train de se noyer. Une colombe, l’ayant aperçue, détacha un rameau d’un arbre et le jeta dans la source ; la fourmi monta dessus et fut sauvée. Sur ces entrefaites un oiseleur s’avança avec ses gluaux ajustés pour prendre la colombe. La fourmi s’en étant aperçue, mordit le pied de l’oiseleur, qui, sous le coup de la douleur, jeta ses gluaux et fit aussitôt envoler la colombe.

Cette fable montre qu’il faut payer de retour ses bienfaiteurs.

Nota bene : gluaux est un terme de chasse. La chasse à la glu ou gluau est une technique de capture traditionnelle utilisée dans la région méditerranéenne, en Espagne et en France notamment, qui consiste à enduire de glu des branches d'arbres afin d'immobiliser les oiseaux s'y posant, ils utilisent des gluaux ou appelants artificiel qui sont « un objet imitant plus ou moins fidèlement l'aspect d'un animal ».

Dans sa version Fabulgone va plus loin intégrant le rameau d’olivier symbole de paix et lançant un appel au fair-play.

Version de La fontaine

L'autre exemple est tiré d'animaux plus petits
Le long d’un clair ruisseau buvait une Colombe,
Quand sur l’eau se penchant une Fourmi y tombe ;
Et dans cet océan l’on eût vu la Fourmi
S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.

La Colombe aussitôt usa de charité :
Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive.

Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain croquant qui marchait les pieds nus.

Ce croquant, par hasard, avait une arbalète :
Dès qu’il voit l’oiseau de Vénus,
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon villageois s’apprête,
La Fourmi le pique au talon.
Le vilain retourne la tête :
La Colombe l’entend, part et tire de long.
Le souper du croquant avec elle s’envole :
Point de pigeon pour une obole.

Illustration de Granville en 1838 ; elle se situe dans le recueil de fables édité au XIXe siècle. Elle met en scène les deux fables qui se succèdent dans le livre II avec en arrière-plan Le Lion et le Rat.

La colombe et la fourmi de Granville

L'image de Fabulgone à droite, a été réalisée en 2003 quand il habitait à Vienne.
Les fables n'étaient pas écrites sauf une ou deux dont celle-ci et le paysage en arrière plan était une photo prise de sa fenêtre et le fleuve est le Rhône. Tout le reste, la Colombe, la fourmi, l'escopette,etc... est comme toujours un montage de plusieurs images. Cliquez dessus pour l'apprécier.  

Version de Fabulgone

Fabulgone confirme qu’un bienfait n’est jamais perdu
Et qu’on a souvent besoin d’un plus petit que soi.
Cette seconde fable, elle aussi en fait foi.

Pendant qu’au bord de l’eau lichaillait la colombe,
Fourmi qui s’y mirait se penche et puis tombe.
Notre crevure d’insecte aurait pu se noyer,
Car elle n’avait jamais appris à patauger,
Comme ses congénères qui ne font que bosser.
Mais Colombe lui lance un rameau d’olivier
Qu’agriche la fourmi en guise de bouée.
Elle atteint ainsi la rive, sauvée, toute trempée.

Alors que la fourmi se sèche sur l’herbette
Un miston bien craignos armé d’une escopette
Rallège dans le coinstot et l’doigt sur la gâchette,
Vise le bel oiseau sans tambour ni trompette
S’apprêtant à tirer, à flinguer la pauvrette.
Fourmi le borgnotant n’écoute que son courage 
Et comme le grognard qui court au pas de charge
Elle se pointe près du mec, grimpe sur son futal
Lui niaque le moltogome et là c’est radical,
Car le mec sursautant tire à l’aveuglette
Et la balle part, crevant la roue de sa charrette.

Tandis que le chasseur s’en va changer son pneu,
Colombe à tire-d’aile s’enfuit à travers cieux,
Après avoir plané au-dessus de fourmi,
Lui disant à son tour : -  Merci à toi Amie !

C’est depuis ce jour-là qu’un rameau d’olivier
Dans le bec d’une colombe symbolise la paix.
Pauvres humains cessez de vous entretuer,
Imitez cet oiseau, allez ! Soyez fair-play.

Fabulgone colombe et fourmi