Le Rossignol et le Paon
Florian : Livre 3 - fable V
La fable
L’aimable et tendre Philomèle
Voyant commencer les beaux jours,
Racontait à l’écho fidèle
Et ses malheurs et ses amours.
Le plus beau paon du voisinage,
Maître et sultan de ce canton,
Élevant la tête et le ton,
Vint interrompre son ramage :
C’est bien à toi, chantre ennuyeux,
Avec un si triste plumage,
Et ce long bec, et ces gros yeux,
De vouloir charmer ce bocage !
À la beauté seule il va bien
D’oser célébrer la tendresse :
De quel droit chantes-tu sans cesse ?
Moi, qui suis beau, je ne dis rien.
Pardon, répondit Philomèle :
Il est vrai, je ne suis pas belle ;
Et si je chante dans ce bois,
Je n’ai de titre que ma voix.
Mais vous, dont la noble arrogance
M’ordonne de parler plus bas,
Vous vous taisez par impuissance,
Et n’avez que vos seuls appas.
Ils doivent éblouir sans doute ;
Est-ce assez pour se faire aimer ?
Allez, puisqu’amour n’y voit goutte,
C’est l’oreille qu’il faut charmer.
Quelques précisions
Dans cette fable où l’amour dit-on est aveugle, Florian utilise le chant du rossignol pour séduire puisque la beauté n’est qu’un artifice insuffisant.
Mais l’originalité de cette fable c’est d’opposer le Paon à une Rossignol philomène adulte femelle.
Le rossignol philomène, de la famille des muscipidaes, habite au bord de l’eau et aussi dans les jardins bosquets ou vergers.
Son chant, ses trilles de jour comme de nuit, sont des plus mélodieux et le mâle dès qu’il a séduit une femelle ne chante plus la nuit, raison pour laquelle Florian choisit la femelle pour sa fable.
Les trilles du rossignol étaient jadis réputés pour calmer les douleurs, accélérer les guérisons et adoucir la mort.
Rossignol philomèle femelle
13 septembre 2021
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