Epilogue
Papillottes à Noël
« Charipe de gones, petits propres à rien, que criait le pâtissier, voulez-vous bien vous enlever de là », en flanquant des coups de balai tant sur la tête, le dos que sur le darnier au pauvre Pétrus. « Toi rentre à la cuisine, qu’il lui dit, on s’expliquera tout à l’heure ! ». Alors se tournant vers la pauvre Jacqueline qu’aurait bien voulu être dans l’allée de son école « Et toi petite dévergondée, donne-moi voir un peu ça que ce sacripant vient de t’offrir que je voye un peu ce que c’est ». La pauvre fenotte lui remit son message d’amour et de gourmandise et s’enfuit en pleurant toutes les larmes de son cœur.
Le Papillot reluquait stupéfait le drôle de petit paquet qu’il avait en main. Il déroula le papier glacé et trouva dedans une superbe crotte de chocolat entourée d’une toute petite feuille de papier. « Ah ! le chenapan, il a bien su prendre des meilleurs, dit-il en fourrant dans sa bouche la crotte de chocolat, et au kirch, nom de chien ! ». Puis regardant la petite missive il lut : Quand nous serons plus grands, Jacqueline chérie, Il faut que nos parents Tous les deux nous marient. Il posa son balai et rentra directement au magasin.
Il paraissait tout soucieux. Il s’assit un moment, lut et relut plusieurs fois les vers destinés à la fenotte. Il se leva, mit une crotte de chocolat dans le billet en refermant le tout comme il l’avait trouvé. Et soudain, il quitta son magasin et se rendit toujours soucieux, chez son voisin l’imprimeur Guyot. Trois mois plus tard, juste une semaine avant le jour de l’an, les bourgeois et bourgeoises qui se bambanait s’arrêtaient émerveillés devant la boutique au Papillot. Il y avait dans les corbeilles tout un cuchon de bonbons comme ils n’en avaient jamais vus.
En haut de la vitrine une pancarte informait :
« Ohé les gones, ohé les canantes colombes, achetez les chenuses papillottes que le mami Papillot a inventé pour vous, pour vous faire plaisir et vous porter bonheur ».
Tout un chacun achetait de ces papillottes où qu’on trouvait en beau dedans du papier glacé à franges, une crotte de chocolat enveloppée dans un billet sur lequel on pouvait lire un de nos bons proverbes lyonnais qui vous apprennent ça qu’est de faire et comment et quand il faut y faire. Le Papillot il en vendit si tant que pas plus tard que deux ans après, il vendait son fonds un prix que ce n’est pas de croire et se retira à Brindas pour y pêcher des ablettes et vivre de ses rentes dans une maison de campagne.
Vous pensez que la Jacqueline et le Pétrus si artet, qu’il avait inventé pour de vrai les papillottes, se sont mariés et ont eu une ribambelle de mamis, mais voyez-vous mes amis, c’est jamais ce qui doit arriver qui arrive dans la vie.
Le Pétrus avait été renvoyé et il est entré, garçon de peine chez les Vilain et Malfait et Cie, les fabricants de soieries où il laissa tous ses sous d’économie. Lorsqu’ils firent faillite, le pauvre Pétrus qu’avait travaillé quarante ans d’affilée chez eux et mis entre leurs mains quasiment tout ce qu’il gagnait, se trouva pauvre comme Job et dut entrer au dépôt de mendicité de l’Hospice de l’Antiquaille.
Pour tant que la Jacqueline, la canante fenotte, elle continua, la pauvre beline, à aller chez les Sœurs Saint-Charles d’en rue du Plâtre, ne quittant pas son livre de messe ou elle conservait les belles poésies de son Pétrus, puis plus tard, elle entra au noviciat de la Charité, pour aller ensuite en fin finale, justement à cet hôpital de l’Antiquaille où, tout de même, ce que c’est que de nous, elle devait retrouver ce pauvre Pétrus, l’inventeur des papillottes.
Mais là, c’est une autre histoire que je vous raconterai une autre fois que j’n’aurai rien de mieux à faire.
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