La Mère Guy

La plus ancienne connue dans le Lyonnais

Les Mères lyonnaises sont à l’origine de la réputation gastronomique de Lyon. Le répertoire culinaire des Mères était limité, et à des prix abordables, mais réalisé à la perfection dans un plaisant mélange entre cuisine bourgeoise et populaire, et la carte ne changeait sensiblement pas. Toutes ces légendaires cuisinières sont généralement d'origine modeste. Formées à l'école de la société bourgeoise, elles font en principe, leur apprentissage très jeune dans des conditions très dures.

Au milieu du XVIIIe siècle, La Mère Guy ouvre, avec son mari marinier, en 1759, une guinguette sur les bords du Rhône à la Mulatière avant de devenir un restaurant qui restera ouvert pendant 236 ans avant de fermer ses portes en 1995. Etant la plus ancienne Mère connue dans le Lyonnais elle est considérée comme " La mère des Mères ", et parfois surnommée " L’antique Mère Lyonnaise ", " Patronne des guinguettes ", " La Grand-mère Lyonnaise ".

Mère Guy, restaurant en 1910La première question que l’on se pose, c’est comment le restaurant emblématique de la Mère Guy est-il passé du Rhône en Saône ?
C’est parce que l’ingénieur Michel-Antoine Perrache (1726-1779) avait lancé des travaux gigantesques pour étendre la presqu’île, créant le quartier Perrache et repoussant la confluence des remparts d’Ainay à la Mulatière et de ce fait, la guinguette, en 1839 à la fin des travaux initiés en 1772 ne se retrouvait plus sur la rive droite du Rhône mais au bord de la Saône.

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En 1759, les guinguettes qui étaient de simples débits de boissons, se situaient surtout le long d’un cours d’eau où se pratiquait le canotage. Elles évoluèrent en proposant de petits bals bon marché.
Les peintres de l'école Lyonnaise, et les artistes de passage, fréquentaient l’établissement de la Mère Guy. On y mangeait, on y dansait et l'on faisait du canotage. Le bal musette est une des symboliques de cet établissement renommé où on vient prendre le frais en famille les dimanches d'été. La bourgeoisie de son côté y vient parfois en semaine en galante compagnie. Un petit coin tranquille à l'écart de la grande ville de Lyon, propice aux amourettes et aux romantiques.
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) précurseur du romantisme, y coucha à la belle étoile, comme on peut le lire dans ses « Confessions » et fut l'une des premières personnalités à côtoyer « La Mère Guy ».

Elle s’approvisionnait en poissons par son mari, pêcheur professionnel et c’est ainsi qu’elle construisit sa réputation sur de sensationnelles matelotes d’anguilles. Après le décès de Dame Guy en 1801, il faudra attendre près de 70 ans pour que l’histoire de l’établissement connaisse grâce à ses petites-filles un nouveau tournant.
Entre temps, cette antique Mère lyonnaise sera suivie dans la célébrité, au milieu du XIXe siècle, en 1830, par la mère Brigousse dite « La Mère des amoureux » avec ses " Tétons de Vénus ".

Mais ceci est le prochain article.
20 août 2020