La Mère Bourgeois

La Mère Bourgeois, l'excellence trois étoiles

Mon attention a été attirée par M. Boucheix, sur une Mère Lyonnaise que je ne connaissais pas  Marie Clémentine Bourgeois née Humbert (1870-1937) et qui mérite d’être citée dans ma rubrique sur le patrimoine et les Mères lyonnaises. Un grand merci pour ce signalement.
Je me suis donc penché sur son histoire relatée par Prospère Montagné (1865-1948) Maître cuisinier français et écrivain Gastronomique et par Mathieu Varille (1885-1963) historien.Toutes les informations que vous trouverez ci-dessous proviennent donc de la très riche compilation bien illustrée que vous pouvez lire sur le site :
http://www.lamerebourgeois.fr/

Marie Clémentine est née dans les Dombes en 1870 à Villette sur l'Ain. Elle épouse le 3 novembre 1894 André Bourgeois. Le couple va acheter en 1908, un établissement, hôtel-restaurant, à Priay dans l’Ain qui va connaître la réussite et le nom de "La Mère Bourgeois" va connaître un rayonnement international après la Première Guerre mondiale.           Cliquez sur l'image pour l'améliorer

Hôtel BourgeoisLa clientèle aristocratique parisienne qui descend sur la côte d’Azur y fera une halte. De même, " Les lyonnais ne s'y trompent pas qui viennent s'attabler ici pour déguster le ris de veau, râble de lièvre à la crème, gâteau au foie d'écrevisses, truite au brochet au beurre mousseux, tomates farcies au maigre et aux haricots verts, ses fameux pâtés chauds qui ont valeur de référence dans la région. " et les grenouilles qui pullulaient en ce temps-là dans la Dombes deviendront une spécialité culinaire locale qui sera sublimé par notre illustre Mère.

En 1922, La Mère Bourgeois sera la première couronnée par le " Club des Cent " compagnons de Cocagne fondé en 1912, un club relativement secret de la gastronomie française  fidèle à ses principes : " Ce que nous voulons, c'est une liste des seules maisons où l'on mange de très bonnes choses, sur du linge bien blanc et dans de la vaisselle bien propre. "
En 1927, la Mère Bourgeois obtient également le premier prix culinaire à Paris.
En 1933, c'est la consécration ! Michelin décerne à Marie Bourgeois âgée de 63 ans, tout comme à la jeune Eugénie Brazier (1895-1977) âgée de 32 ans, trois étoiles, qu'elle conservera quatre années consécutives jusqu'à son décès le 2 août 1937 à l'âge de 67 ans. 
Sa fille qui la seconde déjà depuis 1929 lui succède. Thérèse restera aux fourneaux pour continuer l'aventure de ses parents jusqu'en 1951. Elle transmettra à son tour cette adresse de renom à Georges Berger. De 1977 à 1985 c'est Jacqueline Reydellet qui en reprendra les rênes. De 1985-1998 Gilbert Lombard reprendra le flambeau pour finir dans l'escarcelle d'Hervé Rodriguez de 1998 à 2006. L'établissement fermera définitivement ses portes peu de temps après en 2010.

Parmi les habitués prestigieux de son restaurant citons : Louis Barthou (1862-1934), ministre, président du conseil, président de l'assemblée nationale qui aime y déjeuner régulièrement entre deux voyages diplomatiques.
L'Aga Khan III (1877-1957) et la Bégum venaient régulièrement se délecter du pâté chaud.
Le restaurant de La Mère Bourgeois recevait souvent à sa table Edouard Herriot (1847-1964) ancien ministre, président du conseil et de la chambre des députés, mais surtout célèbre Maire de Lyon et grand habitué des lieux.
Le 5 Novembre 1944, c'est en tant que chef du gouvernement provisoire que le Général Charles de Gaulle (1890-1970) vient y déjeuner avec le journaliste et grand résistant de la France libre Yves FARGE (1899 -1953).
De même en 1974, le futur président de la république Française François Mitterrand (1916-1996) viendra signer à son tour, comme parmi tant d'autres célébrités avant lui, le livre d'Or.

Parmi les plats célèbres de la mère Bourgeois on retiendra la poularde aux morilles, le turban de sole sauce carmélite, les grenouilles fraîches spécialité de la Dombes. L'île flottante aux pralines roses créées par La Mère Bourgeois qui deviendra une spécialité lyonnaise. Les petits choux au caramel blond, les gratins de queues d'écrevisses, les volailles de Bresse et les poissons de la Dombes seront servis de manière constante. Si les fromages et biscuits sélectionnés par La Mère Bourgeois correspondent à ses exigences, c'est surtout son pâté chaud qui a fait sa réputation au-delà des frontières.

Plus qu'une Mère Lyonnaise, Marie Bourgeois est devenue une légende vivante de l'art culinaire français reconnut à travers le monde. La réputation de son établissement ouvert pendant plus d'un siècle a fasciné des générations de cuisiniers en herbes. Sa réputation est toujours inégalée au Nord-Ouest de Lyon. Cette ambassadrice de la restauration française est une référence dans la capitale mondiale de la gastronomie et une icône auprès des chefs étoilés.
La notoriété de son humble outil de travail dépassera le cadre national. Nombreux sont les étrangers et personnalités du Show-biz à avoir fait une halte chez la légendaire Mère Bourgeois.