Le Bal des Etudiants

Girrane illustrations et chronique

Les illustrations de cette chronique de Girrane sont exceptionnelles. Le journaliste dessinateur nous rappelle que ce bal qui nous fait penser aux Restos du Coeur était avant tout caritatif car les recettes étaient consacrées aux canuts, les ouvriers en soie, qui avaient en cette fin du XIXe connu une période de chômage et de misère conséquente. Les étudiants lyonnais étaient des précurseurs de "Coluche" en puissance. La joie et le rire pour l'assistance des plus démunis.
ATTENTION ! : pour profiter pleinement des croquis que j'ai réduits pour le texte,  cliquez sur les images.

Bal des Etudiants Jean SarrazinTandis qu’au milieu des décadences mélancoliques de la fin du siècle dernier, le Mardi-Gras se mourait, que le bal de l’Opéra était en pleine dégringolade, le Bal des Etudiants de Lyon conservait tout son entrain, sa gaîté, sa splendeur. Et ceux qui allaient s’y amuser, n’étaient pas seulement certains d’y goûter quelques heures joyeuses : leur plaisir se doublait encore de la satisfaction de faire le bien, car cette belle soirée valait toujours aux pauvres une magnifique recette. Un des héros habituels de la fête, Jean Sarrazin est croqué ici sous tous ses aspects ; en Homère inspiré, accordant sa lyre chez les lions de Pezon, à la brasserie : "Di  olives, Messieurs et Dames ! » lisant ses vers assis sur une pile de volumes de Musset, Lamartine, Soulary, etc. 

Bal des etudiants 1877La troisième série de croquis respectifs, période de 1877-1893 évoque le premier Bal des Etudiants à l’Alcazar en 1877, au moment où l’animation est portée à son comble par une Bande joyeuse s’élançant dans la plus endiablée des farandoles. Ce bal avait été organisé au profit de la population ouvrière de la Croix-Rousse, de nos braves « canuts », qui subissaient une terrible crise de chômage ; depuis plusieurs mois les battants des métiers à tisser avaient cessé leur « tic-tac » et la misère s’était mise à leur foyer.

Bal des etudiants 1879 1884Ce bal fut un énorme succès ; le public s’y rendit en masse, les promenoirs du vaste palais mauresque regorgèrent ; on dut refuser du monde. Le maestro Lamothe, alors roi de la danse, dirigeait l’orchestre. En 1979, le bal eut lieu aux Folies Bergère. En 1880, le bal est maintenant en pleine vogue et il lui faut pour s’ébattre de vastes espaces. C’est ainsi qu’il vient élire domicile au Théâtre Bellecour.

Bal des Etudiants 1881 MétraL’an de grâce 1881 voit le Bal des Etudiants également au Théâtre Bellecour dans toute sa splendeur. Pour lui donner un nouvel essor, la commission du bal appela Métra, le maestro de la valse troublante et alanguie.
Le « clou » du bal fut le quadrille des Mirlitons dansé sur la scène.
Depuis ces temps lointains, le Bal des Etudiants a poursuivi sa brillante carrière. Il était encore, au début du siècle, un des évènements de la saison lyonnaise. Plus d’un austère magistrat ou d’un docte professeur de Faculté n’y songe pas aujourd’hui sans mélancolie.

20 mai 2022