L'Assommoir
Ancien restaurant d’abord appelé restaurant Bellecour, puis Assommoir.
Ce fut tout d’abord le lieu de rendez-vous de joyeux noctambules et le tout Lyon des grandes premières, après la jeunesse de Louis XIV, la Bouquetière des Innocents, Paillasse, Les chevaliers du brouillard et tant d’autres, n’hésitait pas à se rendre dans ses coquets et discrets salons pour y sabler le champagne.
Les habits noirs y cachaient sous leur incognito satiné, plus d’un fonctionnaire de marque, plus d’un haut fonctionnaire de l’armée.
On y vit Massenet, après le Roi de Lahore en 1879, Sarah Bernard, après sa fuite de la Comédie-Française en 1881, les deux Coquelins aux matins des grands bals de Bellecour que dirigeait le célèbre chef d’orchestre Antony Lamothe en 1892.
Que de vraies mondaines y sont venues sous le loup et le domino rose, coudoyer ces artistes ! Aussi ce restaurant connut-il un succès sans précédent.
La jalousie aidant, et devant la concurrence ruineuse qu’il faisait aux autres établissements de nuit et à force d’intrigues et de complots, on finit par le faire fermer aussitôt après le spectacle. Le restaurant Bellecour avait vécu. La jeunesse le déserta et quand il rouvrit, il reçut un nouveau baptême : l’Assommoir. La clientèle de celui-ci à l’encontre de son devancier n’était plus hélas ! que le ramassis vulgaire de rôdeuses de trottoirs, toute l’armée des casquettes pontées et des accroche-cœurs : fleurs de bitume et fruits de bagne. Est-il certain que nos progrès en moralité aient été depuis ces temps lointains considérables ! Combien de tenanciers d’ « assommoirs » ont fait fortune ?
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