Episodes de 11 à 15
Les épisodes sont installés en ordre décroissant au fur et à mesure de leur création
épisode 15 - Serait-ce la fin !
J’me mis à débiter les rotules à terre
tous les Ave Maria tous les Pater Noster
Dans les rues les cafés, les trains, les autobus
tous les de profundis, tous les morpionibus
Le mécréant Georges Brassens - 1960
Où Pinocchio s’essaye à une dernière tentative pour sauver sa peau
La marionnette arnoucha dans le lointain au travers du vert sombre des frondaisons, une maisonnette blanche comme de la poudreuse avant l’arrivée des skieurs.
– Si mes soufflets veulent bien tenir encore un chouia, je rallègerai jusqu’à la piaule, ça m’évitera sans doute de rejoindre la porteuse de faux, pensa Pinocchio.
Redoublant d’efforts, il reprit sa course folle, les artoupans toujours sur ses basques. Deux plombes plus tard, crachant ses poumons, le voilà devant la lourde de la casbah. Il toqua la porte avec tape-du-cul. Fifrelette, pas de réponse ! Affolé en entendant le bruit des pas de ses poursuivants qui se rapprochaient et leur respiration haletante, il cigogna tape-du-cul plus fort. Toujours rien ! Frénétiquement il cigrola la lourde, lui donna des coups de lattes et des coups de cabochon. Enfin, apparut à la fenêtre, une gisquette chouettos aux cheveux bleu-nuit et au visage pâlichon comme une gâchée de plâtre. Ses mirettes étaient mi-closes et ses brandillons croisés sur sa poitrine. Elle murmura d’une voie faiblarde :
– Il n’y a pas un péllo ici, ils sont tous calanchés.
– Oui, mais bon ! Ce serait bonnard si tu pouvais délourder, cria Pinocchio, pleurant et suppliant.
– Moi aussi j’ai épousé la camarde.
– Si t’es crevognée, qu’est-ce que tu fiches à la fenêtre ?
– J’attends la boite à asticots qui doit m’emporter. Sur ces dernières paroles, la gisquette disparut et la fenêtre se referma sans bruit.
– Ôh jolie petit lot, aux cheveux bleu-nuit, ouvre moi, par pitié ! Sois la bouée de sauvetage d’un momignard poursuivi par des salopiots qui lui veulent du mal. Il venait tout juste de finir sa supplique, quand il se sentit attrapé par le colbac et entendit deux sinistres voix gronder :
– À présent tu ne peux plus nous échapper.
Sentant qu’il allait fermer son parapluie, le pantin se mit à trembler si fort qu’on pouvait entendre le craquement des jointures de ses guibolles et tintinnabuler les pièces d’or planquées sous sa langue.
– Tu commences à nous les briser menu, déclara Renard.
– Tu l’ouvre ta ganache oui ou m.... (J’n’ai pas écrit le mot de Cambronne en entier pour pas effaroucher les ceusses que seraient un peu prudes).
– Tu continues ton mutisme, ok on va bien t’obliger à cracher les sequins.
Sortant leurs eustaches affutés comme des rasoirs, schlak... ils lui portèrent deux coups dans les reins. Par chance le bois de tilleul dont on fait les marionnettes était si dur que les lames se brisèrent en mille morceaux. Les deux fripouilles se retrouvèrent tout couillons le manche à la main.
– J’ai compris, dit Renard, pendons le, une fois clamsé il n’opposera plus de résistance.
– Pendons-le rajouta Chat.
Aussi sec, ils lui attachèrent les mains dans le dos, lui passèrent un nœud coulant autour du cou et l’accrochèrent à la branche d’un grand chêne. Puis ils s’assirent dans l’herbe et tapèrent le carton : une bataille, le seul jeu de carte que leur niveau mental leur permettait de jouer. Ils attendirent que la marionnette ait une dernière convulsion. Mais trois plombes plus tard, c’n’est pas dieu posse que d’y croire, Pinocchio avait toujours ses gobilles comme des boules de lotos et continuait de gigoter. C’est peut-être pour ça que le gibet de Montfaucon a été remplacé par le bucher de l’Inquisition, non !!! Écœurés, les deux marque-mal décanillèrent.
– Nous reviendront demain, proposa Renard.
– Demain, acquiesça Chat.
À peine s’en étaient-ils allé que la Tramontane se leva, un vent violent mugissant rageusement comme sortit du fin fond de la Géhenne (enfer biblique selon la définition du verbicruciste Michel Laclos au cruciverbiste que je suis ; le verbi... est l’auteur, le concepteur d’une grille de mots croisés, le cruci... est l’amateur ; on a les universités qu’on peut pour se culturer et vous pouvez placer ces deux mots dans un diner mondain, effet garanti !). J’arrête mes gandoises et retournons à notre récit. Cette mini tornade s’abattit sur les abattis (j’aime bien cette formulation) de notre pauvre victime, l’empêchant de respirer. Sa vue se brouilla et sentant la grande faucheuse s’approcher, il eut une dernière pensée pour son créateur de père en disant :
– « Eli, Eli, lema sabaqthani » Excusez-moi pour la confusion due à une réminiscence de mon enfance au catéchisme latin où Jésus dans son dernier soupir aurait dit en traduction française « Père, Père pourquoi m’as-tu abandonné ! » ; croyez-bien que je ne blasphème pas et il faut reconnaître que Pinocchio se trouve un peu dans la même situation inconfortable ; en fait il disait :
– Père, père je regrette de t’avoir abandonné ! Je compte sur vous ; vous y dites pas que c’est moi qui vous y ai dit la formule latine. Notre marionnette ferma ses quinquets, ouvrit la bouche, laissa pendre ses guibolles et dans un dernier spasme, souffla sa veilleuse, se figeant au bout de sa corde.
Fin de l’histoire ou de l’épisode ! À suivre... ou ne pas suivre...
Voyons les propositions.
Réponse A – Pinocchio s’est mis aux abonnés absents ; je contacte la fée Gniace pour qu’elle demande à la fée Bleue de se remuer la couenne ; c’n’est pas parce que c’est gratuit qu’il faut se moquer du lecteur.
Réponse B – La fée Roviaire me dit de ne pas quitter le train avant l’arrêt complet, on va remplacer Pinocchio par Guignol.
Réponse C – Fée Passy et fée Passa sa sœur jumelle me disent de ne pas m’en faire, c’était une blagounette de la fée Bleue.
Réponse D – La fée Bleue me conseille de consulter un es-spécialiste des boyaux du cerveau, avant de péter les plombs ; aussi taudis, aussitôt fée.
Glossaire des mots nouveaux :
Tape-du-cul – Le nom originel est Tape-du-cu ; il s’agit du heurtoir de la porte principale de l’Hôtel de ville de Lyon qui représente le Tony Thomachot en train d’enfoncer avec son derrière les portes de l’Hôtel de ville en 1693. La véridique histoire du Tony, telle qu’elle nous fût rapporté par Glaudius Mathevet en 1924, je vous la raconterai un de ces quatre. (Pour la Noël si que je suis bien tourné).
Abattis – c’est l’ensemble des membres du corps bras, jambe,... vient de abattre (1808) et par extension, est utilisé dans le langage courant, par l’expression numéroter ses abattis, se préparer à recevoir une correction.
Chouettos – En 1825, l’adjectif chouette vient de l’ancien français choëter, faire la coquette, pas de l’oiseau comme d’aucun s’imaginent, lequel était jugé nuisible et laid ; entré dans le langage courant il désigne donc tout ce qui est joli ou agréable et chouettos en argot (1928) en renforce le bon côté.
Cigogner – Nous avions vu en parler lyonnais cigroler qui signifie secouer en tous sens ; ici, toujours en lyonnais, il s’agit d’un mouvement alternatif de va et vient comme la cigogne qui pêche avec son bec.
Colbac – colbak ou colback, le cou vient du turc (1899) colback qui était le bonnet à poil avec une lanière au cou des cavaliers de l’armée, bonnet qui dans les combats, s’il glissait de la tête, restait attaché au cou. Délourder – ouvrir ou déverrouiller une porte, (1957) ; c’était en 1851, détrousser.
Eustache – nous savons qu’il s’agit d’un couteau à manche de bois utilisé par les truands ; vient depuis 1776, du coutelier stéphanois Eustache Dubois.
Gandoise – plaisanterie légère parfois un peu libertine et gandoiser ou gandoiseur : plaisanter, plaisantin.
Gigolette – Jeune fille vient de gigue instrument de musique proche de la mandoline (1890), alors que Gisquette est aussi une jeune femme qui désignait auparavant une prostituée du nom du préfet de police Henri Gisquet, de 1831 à 1836, qui imposa de mettre en carte les prostituées ; la connotation péjorative a disparu en 1925.
Latte, latter – soulier plat, analogie avec la pièce de menuiserie, (1910), c’est aussi le pied (rare) et latter, c’est frapper du pied, chaussé ou non.
Pâlichon – entré dans le langage courant, la pâleur était signe de maladie voir de mort en 1910, arrive : se faire porter pâle pour éviter un travail ou une corvée et en 1917 : pâle des jambes ou pâle des genoux qui signifie être blanc de peur avec les jambes flageolantes ; une curiosité, un double blanc aux dominos c’est un pâlichon.
Pello – nous avons ici un mot typiquement argotique lyonnais synonyme de pékin et qui ne figure pas dans les dictionnaires si ce n’est le dictionnaire du français argotique et populaire de François Caradec et Jean-Bernard Pouy éditions Larousse, format 12,5 X 19, au prix modique de 11€90 et que je recommande vivement à tous ceux qui souhaitent un ouvrage simple, joyeux, agréable et assez complet pour s’initier à l’argot populaire.
Pour les mots déjà utilisé dans mes feuilletons, cliquez sur : Glossaire complet et actualisé .
23/11/2017
épisode 14 - Course-poursuite
Faut pas marcher sur des chèques en bois,
ça donne des échardes...
Didier Kaminka 1982 – Pour cent briques t’as plus rien !
Où Pinocchio se montre pugnace, mais il lui faudra encore bien des épreuves pour grandir.
En disant cela les pièces s’entrechoquèrent dans sa bouche
– Ah chenapan ! T’as planqué le flouze sous ta menteuse ? Crache-le tout de suite, vociféra Renard
Pinocchio resta muet et pique plante.
– Tu veux jouer les sourdingues, reprit le brigand, t’inquiète, ça va être ta fête.
Le plus petit, le tenant par le kiki, enfonça son canif entre les babouines du pantin s’en servant comme d’un levier, et glissa son autre main dans la bouche.
(Petite parenthèse pour les âmes sensibles, Pinocchio est en bois et donc il ne souffre pas et ne saigne pas. Nous sommes tout de même dans un conte pour enfants...)
Notre petit ami, vif comme l’éclair, referma son clapoir d’un coup sec, coupa net la main et fut toutefois surpris en la recrachant de constater que c’était une patte de chat.
Profitant de la surprise il se dégagea, sauta par-dessus la haie bordant la route et se trissa à travers champs. Les deux faisandiers crapahutèrent à ses trousses, comme des chiens poursuivant un lièvre. Après quinze kilomètres de course-poursuite, Pinocchio commençait à s’essouffler (tu m’étonnes John !). Il grimpa le long (comme un jour sans pain) d’un grand pin (oui, bon ! c’est un à-peu-près tiré par les cheveux, mais j’aime bien !) jusqu’au sommet.
Les voyous essayèrent à leur tour de grimper, mais à mi-chemin, ils glissèrent et s’abousèrent à terre en s’écorchant les paluches et les ripatons. Ricanez pas en parlant d’incohérence pour me déclarer : « un chat ça sait grimper aux arbres ! » Soyez pas tarabates, j’y sais bien, mais dans notre contexte, Pinocchio et le pin sont en bois et solidarité végétale oblige, le pin avait orienté ses courtes branches vers le bas, aiguilles comprises ; c’est ce qu’on appelle : « le coup du toboggan ». Cessez de me distraire je continue.
Plus têtus que le pousse-cul du regrettier, venant chez Guignol, encaisser le loyer, les deux compères, ayant ramassé du bois bien sec, le déposèrent au pied de l’arbre et d’un coup de briquet magique, ils y mirent le feu. Immédiatement le pin s’embrasa comme une torche dont la flamme fut attisée par le vent. Constatant que les flammes montaient de plus en plus haut, Pinocchio qui voulait bien passer pour un pigeon, mais pas rôti, sauta majestueusement de l’arbre en criant « chaud devant ! » (Une pointe d’humour pour faire tomber la tension n’est pas inutile).
Il avait écarté ses mains et ses pieds et tel un planeur, c’est-à-dire un aérodyne dont le poids qui l’attire vers le sol est compensé par sa portance, force perpendiculaire qui lui évite de chuter à la verticale et sa trainée, force parallèle qui le ralenti, il atterrît en douceur, relativement loin des deux brigands tout ébaubis de voir leur proie leur échapper.
Je remercie ici l’ex collègue de travail, Valérie, qui pratiquait le sport subtil du planeur qui est un ‘’aérodyne’’ ; elle m’avait expliqué pourquoi l’engin planait, son fonctionnement et l’art d’utiliser les courants pour se diriger.
Pinocchio connaissait cette technique qui lui sauva la vie. Il reprit sa course à travers champs et vignes. Renard et Chat, infatigables se remirent à courser leur victime potentielle. L’aube commençait à luire alors qu’ils courataient encore tous les trois, jusqu’à tant qu’un fossé large et étroit, au fond duquel coulait une eau sale, couleur café au lait, barra la route au pantin.
Il prit son élan et d’un bond gigantesque (la peur donne des ailes) se retrouva sur l’autre rive. Les deux artoupans qui avaient mal calculé leur coup se retrouvèrent dans le fossé. Pinocchio esgourdant le plouf du plongeon, se retourna en éclatant de rire et s’esclaffant :
– Bon bain les assassins !
Il les crus bel et bien noyés, mais il les zieuta de nouveau, sortant du fossé, et reprenant la poursuite avec leurs sacs à charbon qui dégoulinaient. Découragée, notre marionnette allait se coucher, se déclarant vaincue, lorsqu’elle aperçut dans le lointain, contrastant avec le vert sombre de la frondaison des arbres ...
Fin de l’épisode, à suivre... 02/11/2017
Qu’y avait-il donc dans le lointain ?
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Réponse A – Rintintin, suivi de Rusty, du lieutenant Rip Masters et de la cavalerie américaine venant, comme à leur habitude au tout dernier moment, au secours de la riche et jolie veuve poursuivie par des outlaws (qui sont les artoupans des westerns) aux intentions pas sympathiques.
Réponse B – Blek le roc, Roddy et le professeur Occultis venus tout droit des Amériques après l’indépendance pour se reposer en Italie et toujours prêts à défendre le faible et l’opprimé.
Réponse C – Le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie avec arrivant sur le chemin, le grillon qui parle, debout sur l’épaule de Geppetto.
Réponse D – Brillant dans le soleil levant, une petite maisonnette blanche immaculée était juste à quelques dizaines de mètres de Pinocchio.
Glossaire :
Clapoir, clapoire, clapet – le clapet, mot d’argot métaphorique pour désigner la bouche a été modifié en clapoir par San Antonio dans son livre « ça tourne au vinaigre » de 1956.
Se trisser – s’enfuir en courant très vite, viendrait de l’allemand stritzen : jaillir ; utilisé en 1905 par Chautard.
Faisandier – escroc : au début en 1843 c’était le terme faisant du participe présent du verbe ‘’faire avec’’ avant d’être rattaché en 1887 à l’oiseau faisan et par extension faisandier ; Aujourd’hui on utilise seulement faisan.
Tarabate – en parler lyonnais, désigne une personne remuante, qui s’agite en tous sens.
Pousse-cul – en parler lyonnais, c’étaient les personnes chargés de recouvrer les impayés par contrainte à corps ; par extension ce sont les huissiers.
Regrettier – en parler lyonnais, ce sont les régisseurs d’immeubles ; utilisé par Guignol à qui ça fait regret de payer son loyer.
Courser – poursuivre en courant ; utilisé en 1843 par Eugène Sue.
Artoupan – en parler lyonnais, c’est un mauvais sujet.
Episode 13 - L’avertissement négligé
Si les femmes étaient sans fesses
Que ferions nous de nos mains, nous autres pauvres humains
Raoul Ponchon
Où Pinocchio fait fi des recommandations et va s’en mordre les doigts ou, devrais-je dire, s’en raboter les pinceaux.
— Je suis l’ombre du Grillon-qui-parle, répondit la bestiole d’une voix tellement faiblarde qu’elle semblait venir d’outre-tombe.
— C’est quoi t’est-ce donc que tu viens me causer ?
— Je veux te donner un conseil. Tu fais un rétropédalage et tu files aussi sec porter les quatre pièces qui te restent à ton pauvre paternel qui chougne et se désespère en ne te voyant pas ralléger.
— T’inquiète ! Demain mon vieux sera un mec à la redresse car ces quatre sequins qui sont dans ma fouille vont en faire deux mille.
— Ne te fie pas mon gone, à ceux qui te promettent de te rendre plein aux as du jour au lendemain ; Ce sont toujours, soit des foldingos, soit des arnaqueurs. Te berlure pas et rentre chez toi.
— Cause toujours, mézigo au contraire, je ne change pas la main qui gagne.
— Il est tard...
— M’en fiche, je veux continuer.
— C’est une nuit sans lune et il fait aussi noir qu’au fond de l’enfer.
— Je veux continuer.
— Le chemin est craignos.
— Je continuerai quand même.
— Rappelle-toi que les mômes qui se la ramène sans discernement finissent tôt ou tard par s’en repentirent.
— Ça y est, t’as fini avec tes boniments ! Bonne nuit grillon.
— Bonne nuit Pinocchio. Que le ciel te protège des embiernes et des assassins !
Ces dernières paroles prononcées, plus rien n’éclairait l’endroit où se tenait le Grillon-qui-parle. Il s’était éteint comme s’éteint une chandelle dont on vient de souffler la flamme (j’aime beaucoup cette métaphore comme lorsqu’on dit souffler sa bougie pour mourir). Et l’obscurité sur la route en fut, ce soir-là, plus profonde encore.
La marionnette se remit à crapahuter en gongonnant :
— Nous autres, les morpions, n’avons vraiment pas de bol. Tout le monde nous donne des leçons ou nous réprimande. À les esgourder, ils se la jouent comme s’ils étaient nos darons ou nos maître d’école. Tous, même un simple grillon ! Tout-ça parce que je n’ai pas voulu suivre les conseils de cet ennuyeux Grillon-qui-parle, le voilà qui me prédit plein d’ennuis. D’après lui, je risquerais de rencontrer des rouletiers ! Encore heureux que je n’y crois pas. D’ailleurs, je n’y ai jamais cru. Pour moi, les grincheurs ont été inventés exprès par les papas pour faire peur aux enfants qui veulent sortir la noille. Et même si j’en croisais sur cette route, est-ce que je me laisserais intimider ? Jamais de la vie ! Je ne suis pas un naveton et je leur dégoiserai bien en face :
— C’est à quel sujet messieurs les marque-mal ?
Ah mais ! Ils s’apercevraient vite que je ne suis pas un branque facile à plumer. Ils continueraient leur chemin et basta ! Des paroles bien senties et ces bandits, moi je les vois détalant comme si ils avaient les keufs aux trousses. D’ailleurs, s’ils n’étaient pas assez éduqués pour s’en aller, c’est moi qui partirait, méprisant, pour avoir la paix...
Pinocchio n’eut pas le temps d’achever son raisonnement car il venait d’entendre le bruissement d’une feuille derrière lui.
Il se retourna. Dans la pénombre, il arnoucha deux sinistres individus dissimulés dans des sacs de charbon qui le suivaient sur la pointe des ripatons. On aurait dit deux fantômes.
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— Crottibus (j’aurais pu dire m.... mais nous sommes entre gens bien éduqués) ce sont des bandits ! se dit-il.
Et comme il ne savait pas où planquer ses pièces d’or, il les fourra dans sa ganache et les glissa sous sa langue. Puis il essaya de se calter ; Mais à peine avait-il bougé qu’il sentit qu’on l’attrapait par le brandillon. Deux voix caverneuse vociférèrent :
— La bourse ou la vie ! (quand j’étais minot et que quelqu’un disait ça, on rajoutait sous forme de comptine : la canne ou l’parapluie, l’pot-de-chambre ou l’vase-de-nuit, la lampe ou la bougie. Je n’ai jamais entendu cette suite de formules ailleurs qu’en école primaire. Si quelqu’un connais l’origine de cette suite d’expressions, je suis preneur.
Pinocchio ne pouvait pas répondre à cause des sequins qu’il avait dans la bouche.
Il multiplia contorsions et mimiques pour expliquer à ces deux encagoulés, dont on ne voyait que les yeux à travers des trous faits dans les sacs, qu’il n’était qu’une pauvre marionnette n’ayant pas la moindre piécette, même fausse sur lui.
— Ça suffit ! Arrête ton baratin et montre ton pognon ! Crièrent en chœur les deux brigands.
Pinocchio opina du bonnet accompagné d’un mouvement des mains, leur signifiant qu’il n’en avait pas.
— Sors-ton pèze ! Sinon, tu es mort, menaça le plus grand.
— Mort ! Répéta l’autre.
— Et après on tuera aussi ton père !
— Aussi ton père !
— Non, non, pas mon pauvre papa ! bieurla Pinocchio, désespéré.
Hélas en disant cela...
Fin de l’épisode, à suivre...
Le suspense devient insoutenable, que va-t-il se passer ?
Réponse A – les sequins vont tomber par terre et les voyous vont s’en emparer et s’enfuir.
Réponse B – les voyous apitoyés vont relâcher Pinocchio et le laisser partir rejoindre son père.
Réponse C – les sequins tombés par terre vont glisser dans un trou de taupe et disparaître à tout jamais.
Réponse D – les voyous vont s’apercevoir que les sequins sont dans la bouche de Pinocchio et vont tout faire pour lui ouvrir la bouche de force avant de le pendre.
Glossaire :
Fouille — tout le monde sait que c’est la poche, mais savez-vous qu’à l’origine ce mot fut employé par Rabelais en 1546 et signifiait ‘’la bourse’’ !
Arnaqueur — nous savons que cela signifie escroc et ce mot (d’origine picarde venant de harnacher : travestir) fut utilisé par le professeur Lacassagne en 1928 ; professeur de médecine légale à Lyon, il avait été à l’origine de la vocation du docteur Edmond Locard créateur de la scène de crime et du premier laboratoire au monde de police scientifique.
Crapahuter — à l’origine s’était un terme militaire pour désigner une marche forcée avec exercices au sol. Par extension c’est devenu : faire une randonnée, marcher sur un chemin difficile ou long.
Gongonner — en parler lyonnais, c’est l’action de ronchonner, parler sans desserrer les dents, rouspéter.
Morpions — s’utilise dans le sens d’un enfant insupportable.
Rouletier — voleur de grands chemins et roulottier c’est un voleur de voitures en stationnement.
Grincheur — mot d’origine germanique qui signifie saisir, agripper ; on dit aussi grinchisseur. Le mot désigne aussi l’amoureux, celui qui s’est fait aggriper.
Noille — la nuit ; nous avons en 1889 neuille puis en 1901 noille et noïe et enfin en 1947 noye, à vous de choisir.
Nave (1890) ou naveton (1957) – désigne un imbécile qui est aussi un naïf et le mot vient bien sûr de navet le légume. Ne pas confondre avec navet en argot qui est le client d’une prostituée... et aussi... le pénis.
Dégoiser — vient de dégoise, le discours et ces deux mots ont été créés par San-Antonio (livre6 – Des clientes pour la morgue 1953).
Branque — qui se laisse facilement berné, sot ; c’est aussi un insensé, un fou ou quelqu’un de stupide et enfin c’est également le client d’une prostituée. Le mot vient de branci qui en piémontais signifie âne.
Ganache — c’est la machoire inférieure. En parler lyonnais, c’est un apéritif composé d’eau de noix et d’arquebuse, c’est aussi un qualificatif cordial pour saluer un ami tandis que ganacher cette fois c’est parler comme un sot. Le parler lyonnais est aussi surprenant que savoureux car le même mot peut avoir des sens contraires selon la situation !
Episode 12 - Première arnaque
Comment expliquer qu'à force de manger beaucoup de pain, on finisse par avoir de la brioche ?
Pierre Dac - Les pensées (1972)
Où Pinocchio, bonne pomme ne réalise pas qu’il se fait entuber à cha peu.
Ils arrivèrent enfin à l’auberge de l’Écrevisse Rouge.
– Nous allons poser nos valoches icigo, Déclara le Renard, et le temps de croquer un morceau puis de faire une petite pioncette, nous repartirons vers minuit pour être dès l’aube au champ des miracles.
Entrés dans l’auberge, ils prirent place tous les trois à une table.
Avertissement : pour les personnes sensibles, je conseille la prise d’un alka-selzer et surtout d’’être à jeun car même pour les ceusses qu’auraient zieuté « La Grande Bouffe » le film franco-italien réalisé par Marco Ferreri en 1973, ce qui va suivre pourrait bien vous brasser l’estogome. |
Le Chat, après avoir dégoisé qu’il n’était pas en appétit, se goinfra en ingurgitant : trente-cinq rougets à la sauce tomate et quatre portions seulement de tripes à la mode de Parme (c’est comme à la mode de Caen, mais nous sommes en Italie, alors elles sont "molto bene" préparées avec des tomates au basilic et du parmesan) tout en réclamant trois fois de suite, ne les trouvant pas assez onctueuses, du beurre et du fromage râpé.
Le Renard qui était quasi à la diète boulotta : un simple lièvre accompagné d’une terrine de poulardes et de coquelets. Pour faire passer le lièvre, il commanda ensuite une fricassée de perdrix, de lapin, de grenouille et de lézard aux raisins. Et puis il s‘arrêta là, disant qu’il ne pourrait plus rien avaler, que tout ce qui était nourriture le dégoûtait.
Pinocchio, ne commanda qu’une poignée de noix et un morceau de pain. Il pignochait, mangeottait laissant presque tout dans son assiette. Le pauvre gone était tellement obsédé par le Champ des miracles qu’il souffrait par avance d’une indigestion anticipée de pièces d’or.
Quand ils eurent fini, le Renard s’adressa à l’aubergiste :
– Donnez-nous deux bonnes chambres : une pour monsieur Pinocchio, une autre pour mon compagnon et moi. Nous ferons un petit somme avant de repartir. N’oubliez pas de nous réveiller à minuit.
– À vos ordres, messieurs, répondit l’aubergiste en faisant un clin d’œil au Renard et au Chat. Le salopiaud était, vous vous en doutiez, complices des deux sagouins.
Dès que Pinocchio fut au lit, il s’endormit et rêva immédiatement. Il rêva qu’il était dans un champ recouvert de jeunes arbres chargés de grappes de sequins d’or qui tintinnabulaient au gré d’une légère brise. Et cette musique semblait dire : « Viens donc nous cueillir ». Mais juste au moment où Pinocchio s’apprêtait à les récolter par poignées entières et à s’en mettre plein les poches, on frappa bruyamment à la porte de la chambre. C’était l’aubergiste qui venait le rencarder que minuit venait de sonner à la dégoulinante de la bastoche.
– Mes amis sont-ils prêts ? Quémanda la marionnette.
– Mieux que ça, ils ont décanillé depuis déjà deux plombes.
– Par sainte Marie des Terreaux, Pourquoi ?
– Le Chat a reçu sur son portable un sms l’informant que l’ainé de ses chatons avait choppé des engelures sur ses coussinets et qu’il était entre la vie et la mort.
– Nom d’un graton ! Le pauvre. Ont-ils réglé la douloureuse ?
– Que nenni, ils sont trop bien éduqués pour faire cet affront à votre seigneurie.
– C’n’est pas pour chipoter, mais l’affront ne m’aurait pas particulièrement traumatisé, fit remarquer Pinocchio en se grattant le ciboulot. Et où t’est-ce donc qu’ils m’attendent ces ‘’chers’’ amis ?
– Au champ des miracles dès le lever du jour ; vous suivez le ruban, c’est tout droit.
Pinocchio douilla la douloureuse qui lui coûta une pièce d’or. Puis il partit. Nous pouvons rajouter qu’il avançait à l’aveuglette tant la nuit était plus noire que la conscience d’un usurier. De temps en temps de gros oiseaux venaient battre des ailes sous son pif lui filant le traczir qu’il en beurlait : « Qui va là ? » Mais seul l’écho répondait « Qui va là, qui va là, qui va là... ».
Il aperçut soudain, au détour du chemin, sur le tronc d’un arbre, une petite bestiole nimbée d’un pâle halo de lumière, comme la petite flamme d’une veilleuse de nuit.
– Qui es-tu ? Chevrota Pinocchio.
Fin de l’épisode à suivre...
Bon sang ! Mais c’est bien sûr. C'est...
Réponse A – un ver luisant amoureux d’une étoile.
Réponse B – La fée Bleue venue pour éclairer la route du gamin.
Réponse C – Le Grillon qui parle, encore faiblard de son coup de marteau mais comme les scouts ‘’toujours prêt’’ !
Réponse D – La fée Clochette qu’était partie en vacances et s’était elle aussi paumée sur le chemin du retour.
Glossaire :
– Dégoiser : dire n’importe quoi.
– Pignocher : en lyonnais, manger lentement du bout des dents, on dit aussi mangeotter, manger sans faim.
– Salopiaud ou salopiot : se dit d’une personne à la moralité répugnante.
– Douiller : payer avec regret ce qui va bien avec la douloureuse qui est une addition salée, pas une simple note
Episode 11 - L'heure du leurre
Un homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours,
de poésie jamais.
Baudelaire
Où la soif de l’or conduit au leurre
– Veux-tu multiplier tes pièces d’or ? dit le Renard
– Que me chantes-tu là ? s'interloqua Pinocchio
– Eh bien, à la place de tes cinq misérables sequins, je me fais fort de te les faire fructifier en cent, mille, deux mille !
– Comment cela, tu me la joues Majax ou David Copperfield !
– Que nenni, c’est fastoche, au lieu de rejoindre ta cambuse, files-nous le train.
– Et où t’est-ce donc que nous irions ?
– Au Pays-des-Nigauds.
Pinocchio se mit à gamberger à s’en faire péter les boyaux du cerveau ; ça fumait sous sa caboche. Il déclara résolument.
– Désolé, je ne peux pas vous suivre. Je suis tout près de ma baraque et j’ai hâte de retrouver mon paternel qui m’attend. Je n’imagine pas tous les soupirs qu’il a dû pousser en ne me voyant pas revenir ! Je suis vraiment un marque-mal et le Grillon-qui-parle ne m’avait pas berluré en affirmant que les momignards désobéissants, outre les mésaventures et les ennuis qui leur tombent sur le casaquin, n’ont aucune chance de réussir dans la vie. Je l’ai appris à mes dépends avec toutes les embiernes que j’ai accumulés. Pas plus tard qu’il y a pas longtemps, chez Mangiafoco, j’ai bien cru que j’allais dépoter mon géranium et suivre la camarde. Rien que d’y penser, ça me donne la vasivite.
– Pas de lézard, si tu tiens absolument à rentrer, alors vas-y et tant pis pour tézigue ! Soupira le Renard.
– Je dirais même plus, tant pis pour ta pomme ! Renchérit le Chat.
– Mais en te conduisant ainsi, tu tournes le dos à la baraka.
– À la veine ! Rajouta le Chat.
– D’ici à demain tu aurais pu transformer tes cinq nap’s en deux mille, insista le Renard.
– En deux mille ! Échotisa le Chat.
– Tant que cela ? Comment est-ce possible ? Bredouilla Pinocchio dont la volonté première commençait diablement à se fissurer.
– Je ne suis pas un va-de-la-gueule et je vais t’affranchir, dit le Renard. Sache donc qu’au Pays-des-nigauds, il y a un champ sacré que tout le monde appelle ‘’Le Champ des miracles’’. Dans ce champ, au mitan de la nuit, tu creuses un petit trou et tu y mets un sequin d’or. Tu recouvres avec de la terre, tu l’arroses avec deux seaux d’eau, tu jettes une pincée de sel et tu rentres peinard te glisser dans les torchons. Pendant la nuit le sequin germe et fleurit. Le lendemain matin, tu retournes dans le champ et sous tes gobilles ébaubies tu arreluques un arbuste magnifique, chargé d’autant de sequins que d’épis d’une moisson d’avril. Attendu que chaque arbuste produit une grappe de cinq cent sequins et comme tu as cinq pièces, en comptant bien sur tes pinceaux, te voilà riche avec en poche deux mille cinq cents sequins sonnants et trébuchants. Alors, elle n’est pas belle la vie !
– Saperlipopette, mais c’est formidable ! Beurla Pinocchio en dansant de joie. Je ne suis pas un ingrat et dès que j’aurai récolté tous ces nap’s, j’en prendrai deux mille pour mon paternel et les cinq cents autres seront pour vous deux.
– Un cadeau ? Pour nozigues ? Dieu t’en préserve ! S’indigna le Renard en prenant une mine offensée.
– Dieu t’en préserve ! Scanda le Chat.
– Sache mon jeune ami que nous n’agissons pas par intérêt, notre seul objectif est le bien-être et l’enrichissement de nos compagnons de route.
– Nos compagnons ! Répéta le Chat.
– Non d’un rat ! Que voici que voilà de biens braves gugusses, se dit Pinocchio. Alors, oubliant instantanément son vioque, le manteau neuf, l’abécédaire et toutes ses bonnes résolutions, il déclara :
– Banco, je vous file le train.
Tous les trois s’enquillèrent sur le ruban où ils crapahutèrent longtemps jusqu’à la tombée de la nuit. Pendant le trajet, le Chat, en écrasant quelques poux qui lui grattaient le pelage, rêvait de bijoux. Le Renard s’amusait à donner des coups de pattes sur des cailloux qu’il projetait dans un champ de choux. Quand à Pinocchio, il songeait à tous les joujoux qu’il pourrait s’acheter une fois riche. On commençait d’entendre le hululement de quelques hiboux que l’obscurité réveillait, lorsque les deux ripous, mort de fatigue et mous des genoux aperçurent enfin ...
Fin de l’épisode à suivre...
Nota benêt : Je pense que vous avez tous constaté que j’ai casé dans le dernier paragraphe (rien ne m’arrête dans la facétie) les sept mots en ou qui prennent ‘’x’’ au pluriel. Oui, me diront quelques canants gones à l’œil d’aigle ou chenuses colombes à l’œil de biche, mais ripou prends un x lui aussi. Que nenni rétorquerai-je ! Le verlan de pourri en ripou s’écrivait avec ‘’s’’ au pluriel. C’est Claude Zidi dans son film « Les Ripoux » qui a rajouté ‘’x’’ à la fin. Et du depuis, en argot, on dit aussi : un ripoux et des ripoux ; le dictionnaire qui a gardé ripou autorise ‘’s’’ ou ‘’x’’ au pluriel. Bravo monsieur Zidi, excellent réalisateur et ‘’linguiste’’ ; vous avez fait évoluer notre belle langue sans franglisme.
Qu’aperçurent Renard et Chat ?
Réponse A – L’auberge du Homard Thermidor dont l’origine de la recette provient d'un diner qui a été donné suite à la première de la pièce de théâtre « Thermidor » de Victorien Sardou en date du 24 janvier 1891 à la Comédie Française !
Réponse B – L’auberge du Crabe aux pinces d’or où Hergé écrivit la neuvième aventure de Tintin qui déjoua un trafic d’opium planqué dans des boites de crabes et où il fit la connaissance du capitaine Haddock, ‘’mille sabords’’ !
Réponse C – L’auberge de l’Écrevisse Rouge qui sert la recette typique de la région Rhône-Alpes, « le poulet aux écrevisses » qui est d’ailleurs traditionnellement servi avec un gratin Dauphinois.
Réponse D – L’auberge de la Langouste internationale où le chef cubain Guillermo Smith Duquesne, cuisinier de l’Ambassade de France à Cuba de 1966 à 71 peut nous concocter sa célèbre « langouste au café » une des 160 recettes qu’il a répertorié dans son livre.
Ça vous excite les papilles n’est-ce pas !
Glossaire :
– Berlurer : à l’origine c’était rêver, se faire des illusions (se berlurer), Audiard l’employait aussi pour tromper.
– Casaquin : métonymie de ce qui était au XVIIIe siècle un petit vêtement du dessus du genre paletot et donc c’est le dos à la hauteur des épaules.
– Embiernes : en parler lyonnais ce sont les ennuis, les embêtements de toutes sortes et parlant par respect, le Parisien dirait, ‘’les emmerdes’’.
– Dépoter son géranium : encore une façon imagée de mourir.
– Un va-de-la-gueule s’emploie pour celui qui fanfaronne et dis n’importe quoi pour faire de l’esbroufe.
– Glisser dans les torchons c’est se mettre au lit sous les draps.
– Franglisme ou franglais, ce sont des mots, des effets de mode (souvent un peu snob) qui sont un mélange d’anglais et de français, ce qui n’apporte rien à la langue anglaise ou française, à l’inverse d’un anglicisme où comme beefsteak, week-end... nous adoptons un vrai mot anglais dans le français usuel.
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