Peter Pan épisode 6 à 10
Comme de bien s'accorde, pour cette deuxième série, vous trouverez les épisodes classés en ordre inversé pour vous permettre de visualiser le dernier mis en ligne. Wendy découvre l'existence des fées et la vie de Peter qui propose d'apprendre à voler. Ils acceptent, s'envolent pour le pays de l'Imaginaire, se font repérer par les pirates. Wendy se retrouve seule avec Clochette la petite jalouse. Présentation des Garçons perdus et des pirates.
épisode 10 - Les garçons perdus et les pirates
17 novembre 2020
Si par hasard, vous avez assisté à la représentation de Peter Pan,
vous vous souviendrez que le chef des pirates était toujours en train de préparer son dernier discours,
car il craignait fort que l'heure de sa mort venue, il n'eût plus le temps de le prononcer.
Baden-Powell - son dernier message au scouts (1941)
Sentant que Peter était sur le chemin du retour, l’île s’était réveillée à nouveau dans la vie. En son absence, les choses sont généralement calmes sur l’île. Les fées dorment une heure de plus le matin, les bêtes s’occupent de leurs petits, les Peaux-Rouges festoient copieusement pendant six jours et six nuits, et quand les pirates et les garçons perdus se rencontrent, ils se mordent simplement les pouces les uns aux autres.
Mais avec la venue de Peter, qui déteste l’apathie, tout le monde reprend le collier et si vous mettez votre oreille à terre maintenant, vous entendrez toute l’île bouillonnant de vie. Ce soir-là, les principales forces de l’île étaient les suivantes. Les garçons perdus étaient à la recherche de Peter, les pirates étaient à la recherche des garçons perdus, les Peaux-Rouges étaient à la recherche des pirates, et les bêtes étaient à la recherche des Peaux-Rouges. Ils faisaient le tour de l’île, mais ils ne se rencontraient pas parce que tous allaient au même rythme.
Tous voulaient du sang, sauf les garçons, qui l’aimaient en règle générale, mais qui, ce soir-là attendaient leur capitaine.
Les garçons sur l’île varient, bien sûr, en nombre, selon qu’ils se font tuer ou autre chose ; et quand ils semblent grandir, ce qui est contraire aux règles, Peter les supprime. Actuellement ils étaient six en comptant les jumeaux comme une paire. Regardons-les marcher l’un derrière l’autre, chacun avec sa main sur le pommeau de sa dague.
Comme ils ne doivent jamais chercher à lui ressembler, ils portent les peaux des ours tués par eux-mêmes, si bien qu’ils sont si ronds et pelucheux que quand ils tombent, ils roulent. Ils ont donc appris à avoir le pied sûr.
Le premier à passer est La Guigne, pas le moins courageux, mais le plus malchanceux de toute l’équipe. S’il est dans moins d’aventures que n’importe lequel d’entre eux, parce que les grandes choses surviennent toujours quand il a le dos tourné. Cette malchance avait donné une douce mélancolie à son visage, mais au lieu d’en être aigri, il était le plus doux et le plus modeste des garçons. Pauvre La Guigne, il y a du danger dans l’air cette nuit. Sache que la fée Clochette, résolue à commettre un méfait pense que es le plus facile à tromper des garçons.
Vient ensuite Bon Zigue, le débonnaire, suivi par La Plume, qui coupe les sifflets dans les branches des arbres et danse extatiquement sur ses propres airs. C’est le plus vaniteux des garçons. Il pense qu’il se souvient des jours avant qu’il ne soit perdu, et cela a donné à son nez une pointe agressive.
Le Frisé est le quatrième; c’est un cornichon, car quand Peter demande sévèrement: « Un pas en avant celui qui a fait cette bêtise ! » il fait un pas en avant fautif ou non.
Enfin viennent les Jumeaux, que nous ne pouvons distinguer l’un de l’autre. Peter n’a jamais su ce que sont des jumeaux et comme son groupe n’était pas autorisé à savoir ce qu’il ignore, les Jumeaux n’ont qu’une vague idée de ce qu’ils sont.
Les garçons disparaissent dans l’ombre, et après une courte pause, car les choses vont très vite sur l’île, les pirates arrivent sur leur piste. Nous les entendons avant qu’ils ne soient vus, car ils chantent toujours leur refrain horrible :
« Larguez les ris, yo ho hisse ho !
Nous allons piratant !
Et si un coup de feu nous sépare,
Nous sommes sûrs de nous retrouver en enfer ! »
Une belle brochette de lascars. Tout d’abord voici le bel italien Cecco qui inscrivit son nom en lettres de sang sur le dos du gouverneur de la prison de Gao. Le gigantesque noir qui le suit a eu beaucoup de noms depuis qu’il a renoncé à celui avec lequel les mères africaines terrifient leurs enfants sur les rives du Guadjo-mo.
Voilài Bill Le Truand, tatoué des pieds à la tête, puis vient Cookson qui prétend être le frère de Black Murphy (mais cela n’a jamais été prouvé), et Gentleman Starkey, jadis concierge dans une école publique ce qui lui confère de la délicatesse dans ses façons de tuer.
Vient Œil-de-Bœuf et le maître d’équipage irlandais Smee, un homme qui poignarde, pour ainsi dire, sans offense, et se trouve être le seul non-conformiste de l’équipage de Crochet. Suivent Plat-de-Nouilles, Mullins et Alf Mason et beaucoup d’autres ruffians de sinistre renommée et craints dans la mer des Antilles.
Au milieu d’eux, nous avons le plus mauvais et le plus grand en noirceur, Jacques Crochet, le seul homme que Barbe Noire dit le Cuistot-des-mers craignait.
Il se prélasse dans un vulgaire chariot, tiré et propulsé par ses hommes qu’il aiguillonne de son terrible harpon, le crochet de fer qui lui tient lieu de main droite. Il traite ses hommes comme des chiens, et comme des chiens, ils lui obéissaient.
Son teint est cadavérique et bistre et ses cheveux frisés en longues boucles, ressemblant à des chandelles noires, lui donnent une expression singulièrement sinistre. Ses yeux sont d’un bleu de myosotis, et d’une profonde mélancolie, sauf quand il plonge son crochet dans un corps et que s’allument au fond de ses prunelles deux horribles lueurs rouges.
À suivre…
épisode 9 - les pirates aperçoivent Peter et ses amis
10 novembre 2020
La jalousie n'est pour une femme que la blessure de l'amour-propre
Anatole France Le lys rouge
Émerveillés les trois enfants reconnaissaient tous les lieux de l’île, les animaux les objets et même le camp des Peaux-Rouges qui semblaient sur le sentier de la guerre du côté de la Rivière Mystérieuse. Peter se sentait un peu frustré de ne pas les épater et Clochette dormait sur son épaule.
Mais bientôt l’obscurité effrayante tomba et les enfants se pressèrent autour du "capitaine".
Ils progressaient lentement et à basse altitude frôlant la cime des arbres comme si une force voulait les empêcher d’atterrir.
Peter réveilla Clochette et l’envoya en éclaireur.
Que préfères-tu ? Demanda-t-il à John d’un ton désinvolte, une aventure tout de suite ou d’abord prendre le thé ?
D’abord prendre le thé, s’empressa de répondre Wendy approuvée par Michael.
Quel genre d’aventure ? s’enquit prudemment John.
Il y a au-dessous de nous un pirate endormi dans la pampa. Ne t’imagine pas que je vais le tuer pendant son sommeil. Je le réveillerai et ensuite je le tuerais. C’est toujours comme ça que je procède.
Épatant dit John, qui décida de prendre le thé d’abord en demandant
Qui est leur capitaine ?
Jacques Crochet répondit Peter, le visage durci en prononçant le nom de son ennemi.
Michael se mit à pleurer et John tremblait car tous deux connaissaient la réputation de Crochet. John précisa :
C’est l’ancien maître d’équipage de Barbenoire, le pire de toute la bande redouté par Barbenoire lui-même. Il rajouta : Il est gros hein ?
Pas aussi gros qu’autrefois répondit Peter, j’en ai coupé un morceau, sa main droite et comme il est gaucher, il a mis un crochet à la place de sa main droite et s’en sert pour griffer. Alors voilà, si nous rencontrons Crochet dans la bataille tu dois me le laisser.
Je te le promets, dit John sincère.
À ce moment Clochette revint éclairant leur route de ses paillettes lumineuse.
Clo me signale que les pirates nous ont aperçus et qu’ils pointent Long Tom sur nous, leur gros canon. Ils doivent voir la lumière de Clochette.
Ne peut-elle s’éloigner ? Demandèrent les enfants.
Elle est effrayée et je ne vais pas la chasser quand elle a peur répliqua sèchement Peter.
De plus elle ne peut s’éteindre que si elle est endormie et elle ne peut pas dormir si elle n’a pas sommeil et nous n’avons pas de poche pour la cacher. Il reste le haut-de-forme de John.
La fée accepta si on porte le chapeau à la main, mais au lieu que ce soit Peter qui s’en charge, ce fut John qui ensuite le passa à Wendy ce qui contrariait Clo qui ne voulait rien devoir à sa rivale.
Ils continuèrent de voler en silence, un silence que Michael trouvait terrifiant, lorsqu’un fracas épouvantable déchira l’air.
Les pirates venaient de tirer un boulet de canon sur eux.
Les montagnes se transmirent en écho ce grondement semblant dire : Où sont-ils, où sont-ils ?
C’est ainsi que, sans ménagement, les enfants apprirent à distinguer la différence entre une île pour faire semblant et une île pour de vrai.
Quand le silence revint, John et Michael se retrouvèrent seuls à voler côte à côte.
Le vent du boulet avait chassé Peter au-dessus de la mer tandis que Wendy était projetée vers le haut.
Avait-elle prémédité son geste, toujours est-il que Clo surgit du haut-de-forme et se mit à guider Wendy tout droit vers sa perte.
Elle n’était pas vraiment méchante, tantôt foncièrement méchante, tantôt foncièrement bonne. Les fées ne peuvent être que tout l’un ou tout l’autre ; elles sont si petites qu’il ne peut y avoir qu’un seul sentiment à la fois, chez elles.
Or Clochette était maintenant toute jalousie à l’égard de Wendy qui n’avait d’autre choix que d’abandonner son sort entre les mains de la petite fée car elle avait appelé John et Peter et seul l’écho moqueur lui avait répondu.
À suivre…
épisode 8 - Voyage dans les airs
02 novembre 2020
Le véritable voyage, ce n’est pas de parcourir le désert
ou de franchir de grandes distance sous-marines,
c’est de parvenir en un point exceptionnel
où la saveur de l’instant baigne tous les contours de la vie intérieure
Antoine de Saint-Exupéry – Le petit prince
Dix minutes s’étaient écoulées depuis l’arnaque de Liza et Nana par les garnements. Peter avait fait la démonstration de sa technique de vol sous les applaudissements des trois loupiots. Voler semblait à priori chose facile, mais les gamins échouèrent et commençaient à rouscailler.
Peter qui avait du pollen des fées en souffla sur chacun d’eux et le résultat fut magique, même s’ils n’atteignaient pas la virtuosité de leur instructeur.
Celui-ci au début donna la main à Wendy, mais comme la fée-minette Clo le fusillait du regard, il y renonça.
– Et si on allait tous dehors ! suggéra John en prenant son chapeau du dimanche car il venait d’apprendre qu’il y avait des pirates sur l’île.
Le couple Darling qui arrivait et biglait les quatre ombres qui se projetaient sur les rideaux de la fenêtre fermée en tournoyant dans les airs, ouvrit la porte d’entrée et avec Nana ils montèrent les escadrins.
La petite étoile cria :
- vingt-deux ! À destination du garçon qui ne voulait pas grandir et toutes les autres étoiles ouvrirent la fenêtre.
Peter sans perdre une seconde, s’élança dans la nuit suivit de John, de Michael et de Wendy.
Lorsque M. et Mme. Darling suivis de Nana, s’enquillèrent dans la carrée, trop tard, les marmousets avaient fait la belle.
– Droit devant jusqu’au matin ! Bieurla Peter.
L’aventure commençait. Ils avaient déjà traversé deux mers et passé trois nuits se faisant approvisionner de nourriture comestible pour les humains, volée aux oiseaux qui les pourchassaient en piaillant. Wendy trouvait que cette façon de gagner son pain quotidien n’était pas très régulière, mais elle faisait contre mauvaise fortune bon cœur et ne rouspétait pas.
Le problème, c’est que quand les enfants s’endormaient, ils tombaient comme des pierres, obligeant Peter à les rattraper alors que lui quand il dormait, il flottait sur le dos sans tomber.
Il leur apprit donc à se laisser porter par les courants aériens, comme le font les pilotes actuels de planeurs, et ainsi, couchés à plat ventre sur les vents, ils pouvaient dormir en toute sécurité.
– Tout le monde descend ! cria Peter de sa voix de capitaine.
Ils finirent par être en vue du pays de l’Imaginaire après des lunes d’un voyage follement gai même si parfois il fut entrecoupé de prises de bec lorsque leur " capitaine " se moquait d’eux en roulant des mécaniques ; il ne pouvait empêcher sa vantardise de prendre le dessus.
S’ils arrivaient, ce fut dû, moins au sens de l’orientation de Peter qu’au fait que l’île était venue elle-même à leur rencontre et les cherchait.
Nul ne peut venir au pays de l’imaginaire s’il ne vient pas à vous, sans quoi personne ne peut zieuter ses rivages magiques.
– C’est ici ! dit Peter.
– Où, où ? Rebriquèrent les trois momignards.
– Suivez toutes les flèches qui pointent dans sa direction !
Effectivement, un million de flèches d’or indiquaient l’île aux enfants ; c’étaient les rayons du soleil couchant qui voulaient rassurer ses petits amis avant de les quitter pour la nuit.
Curieusement, Wendy, John et Michael reconnurent l’île non pas comme un rêve qui se réalise, mais comme un ami intime chez qui l’on retourne régulièrement pour y passer ses vacances.
À suivre…
épisode 7 - Peter propose d'apprendre à voler
25 octobre 2020
Celui qui un jour veut apprendre à voler doit d’abord apprendre
à se tenir debout, à marcher, à courir, à grimper et à danser
Nietzsche – Ainsi parlait Zarathoustra
Peter se dirigea vers le lit de John qu’il fit tomber par terre. Wendy avec humeur, lui fit remarquer qu’il n’était pas le capitaine pour décider du sort de son frère, mais comme John ne s’était même pas réveillé et continuait de pioncer sur le parquet, elle permit à Peter de rester. Radoucie car l’intention était bonne elle l’autorisa à ce qu’il lui coque la miaille oubliant qu’il ignorait ce qu’était un bécot.
Peter lui tendit le dé qu’elle lui avait offert en guise de baiser et Wendy se reprit en lui disant qu’elle s’était gourée de mot et qu’elle lui permettait en fait de lui donner un dé et elle mima le geste de faire une bise sur sa joue.
Peter trouva ceci amusant et lui déposa un baiser sur la joue. À ce moment Wendy cria :
- On dirait que quelqu’un me tire les cheveux !
– Je n’ai jamais vu Clo aussi méchante ! S’inquiéta Peter tandis que Clochette reprenait sa danse désordonnée et proférait des impertinences.
– Elle dit qu’elle te tirera les cheveux chaque fois que je te donnerai un dé, traduisit-il en demandant : pourquoi Clo ?
– Espèce d’imbécile ! Rebriqua Clochette. Peter ne comprit pas alors que Wendy oui.
Elle fut un peu déçue quand il lui dit qu’il était surtout venu pour écouter des histoires car aucun des garçons perdus n’en connaissent et il jabilla
– Sais-tu que les hirondelles font leurs nids sous les débords de toits des maisons car ils peuvent ainsi esgourder les histoires. L’autre fois ta maman racontait celle d’un prince qui cherchait la demoiselle à la pantoufle de verre.
– Cendrillon ! Jubila Wendy ; et bien il l’a trouvée, ils se sont mariés et vécurent heureux.
Peter se prépara à partir par la fenêtre pour aller le raconter aux garçons. Wendy le retint en annonçant qu’elle connaît beaucoup d’histoires.
Intéressé, Peter lui demanda de tailler avec lui au Pays de l’Imaginaire, mais Wendy rappela qu’elle ne savait pas voler. Peter enthousiaste proposa :
– Je t’apprendrai à voler sur le dos du vent et au lieu de roupiller dans ce lit stupide tu pourrais voler avec moi et dire des fadaises aux étoiles. Et puis tu zieuteras les sirènes avec leurs queues splendides.
Nous te respecterons bien sûr et tu nous borderas le soir dans nos puciers car personne ne nous a jamais bordés.
Tu repriseras nos habits en leur mettant des poches, aucun d’entre nous n’a de poches à ses habits.
– C’est trop merveilleux, bieurla-elle. Apprendrais-tu à voler à John et à Michael ?
– Si tu y tiens ! Rebriqua-t-il.
Wendy couru réveiller ses frères pour leur annoncer la nouvelle. John se frotta les quinquets et se leva, mais Michael prit un air renfrogné. Peter leur demanda de se taire car il entendait le silence de Nana qui n’aboyait plus.
– J’entends venir dit John, Cache-toi vite Peter, lui commanda John pour la première et dernière fois de cette aventure.
Lorsque Liza entra avec Nana tout était nickel et on pouvait esgourder le souffle angélique des trois momignards. Liza était de mauvaise humeur à cause de Nana qui l’avait interrompue dans sa préparation des puddings.
– Toi et tes soupçons ridicules tu vois bien que tout baigne dans l’huile, gronda la servante à Nana qui n’était pas dupe et cherchait à échapper à la laisse. Mais Liza tint bon et la poussa hors de la chambre et descendit la rattacher dans la cour avant de retourner à ses gâteaux. Nana en désespoir de cause se mit à tirer sur sa chaîne tant et tant qu’à la fin elle se rompit.
Puis elle fit irruption dans la salle à manger du n° 27. Elle leva les pattes au ciel, avec une expression tragique facile à interpréter. M. et Mme Darling comprirent immédiatement qu’il se passait quelque chose de terrible dans la chambre des enfants et ils se précipitèrent dans la rue sans même prendre congé de leurs hôtes.
À suivre…
épisode 6 - Wendy découvre l'existence des fées et la vie de Peter
18 octobre 2020
Les fées font leur lessive dans une bulle de savon et cuisent leur soupe sur un feu follet
Béatrix Beck – L’île dans une bassine d’eau
Peter vint poser ses miches au pied du lit et lui tapota gentiment son petit peton.
- Wendy, pria-t-il, reviens, une fille est plus utile que vingt garçons.
Wendy se sentit mistonne, une belle poupée et jeta un coup d’œil par-dessus les toiles.
- Tu le penses sincèrement Peter ?
- Absolument.
- C’est gentil de ta part alors je gicle du plumard.
Elle offrit de lui cloquer un bécot et Peter ignorant ce que c’était tendit la pogne.
- Tu ne sais pas ce qu’est un baiser ?
- Je le saurai quand tu me l’auras donné.
Pour ne pas le froisser, davantage, elle lui fit le présent d’un dé à coudre.
- À mezigue, dit Peter. Veux-tu un baiser ?
Elle tendit la joue, mais Peter lui mit dans la main un gland qui servait de bouton à son habit.
- Je porterais ce bécot suspendu à la chaîne de mon cou, dit-elle.
Heureuse idée qui devait par la suite lui sauver la vie.
Soucieuse des règles de bienséance, elle voulut savoir l’âge de Peter.
- Je ne sais pas, répondit-il, mais je suis très jeune. Je me suis enfui le jour de ma naissance car j’ai entendu mes parents parler de ce que je serais une fois adulte et je ne veux pas être un homme, je veux vivre en m'amusant. Alors je me suis sauvé à Kensington où j'ai vécu longtemps parmi les fées. Elles sont plutôt assommantes rajouta-t-il et se mêlent souvent de mes affaires.
Mais il les aimait bien et raconta à Wendy leur origine.
- Quand le tout premier gluant de tous les bébés se mit à rire pour la première fois, son rire se brisa en mille morceaux qui sautillèrent de tous les côtés et devinrent des fées. Chaque petit gamin ou petite gisquette devrait avoir sa fée.
- Ce n’est pas toujours ainsi, questionna Wendy ?
- Non, les gniards sont tellement savants maintenant qu’ils ne croient plus aux fées et quand l’un d’eux jacte : je ne crois pas aux fées, alors l’une d’entre elles avale son pébroque et tombe raide morte. Mais au fait où est Clochette. Il l’appela.
Wendy en avait le palpitant qui s’emballait à l’idée de voir une fée.
- J’esgourde comme un tintement de clochettes, dit-elle !
- C’est Clo, c’est le langage des fées et le bruit vient de la commode. Il se mit à rire et son rire était comme un gazouillis de bébé.
Il ouvrit le tiroir et Clochette voleta dans la carrée en glapissant de fureur.
- Tu ne devrais pas dégoiser de telles horreurs, je m'excuse, je ne savais pas que tu étais dans le tiroir et arrête de t’agiter comme une secouée du bocal.
Elle se posa sur le sommet du coucou en grimaçant de rage et Wendy put la lorgner.
- Comme elle est mignonne dit-elle. !
- Clo, dit aimablement Peter, cette dame voudrait t’avoir comme fée.
Clochette répondit par une insolence. Peter la disputa.
- Wendy n’est pas une vilaine fille et tu sais bien que tu ne peux pas être ma fée, je suis un mecton et tu es une minette.
- Espèce d’imbécile ! rebriqua Clochette qui disparut faire la bobe dans la salle de bain.
- C’est une fille très ordinaire pardonna Peter. On l’appelle Clochette-la-Rétameuse parce qu’elle répare les casseroles et les bouilloires.
Ils s’assirent dans le fauteuil et Wendy demanda où il créchait maintenant.
- Avec les garçons perdus qui sont des enfants tombés d’un landau et s’ils ne sont pas réclamés ils sont expédiés au pays de l’Imaginaire où je suis leur capitaine. Mais nous nous sentons seuls car nous manquons de compagnie féminine.
- Comment ça, il n’y a que des garçons ?
- Les filles sont bien trop intelligentes pour tomber de leur landau.
Cette explication chatouilla délicieusement l’amour-propre de Wendy qui soupira.
- Tu parles très gentiment des filles, dit-elle, mon frère John n’a que du mépris pour notre sexe.
À suivre…
Commentaires
-
- 1. Giniy Le 09/11/2020
Bonsoir mon pipa, en attendant que jujue rentre des son stage, j'ai lu tous les épisodes que j'avais loupé. Ça y est maintenant je suis à jour, gros bisous.-
- fabulgoneLe 10/11/2020
pas tout à fait ma chic pie, l'épisode 8 sort aujourd'hui Pipa
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