Episode 7
Un château vivant , ensorcelé !!!
« Bucolique… bucolique… Pourquoi qu’tu dis que j’suis bucolique ?
C’est-y qu’j’aurais une maladie ?
Arletty – Tempête (1939) Une parodie à la réplique culte de 1938 ?
Où Maître Panille se laisse choyer par ce château qui semble avoir une âme
Maître Panille se détroncha vers la lourde entrouverte. Elle donnait sur un couloir avec d’un coté une rangée de bustes en albâtre, représentant des praticiens romains, posés sur des stèles en marbre et en face des mains de bronzes sortant du mur tenant des petits candélabres dont les bougies s’allumèrent sur son passage. En traversant le corridor, il eut quelques fourmillements le long de la nuque avec la sensation que les gobilles des statuettes le borgnotaient dans sa progression.
Il s’enquilla alors dans une vaste salle à manger éclairées par quatre suspensions qui diffusaient une lumière chaude et douce. Le mobilier en tilleul massif comprenait une enfilade avec plateau en merisier et un confiturier. Accrochée au dessus de l’enfilade, la reproduction d’une scène de chasse sur toile tendue mettait au premier plan un chasseur sur son cheval blanc qui faisait face, mais curieusement, sa binette recouverte d’un halo bleuté semblait avoir été volontairement effacée.
"C’est quoi ce binz !" Se demanda le marchand en se grattant la perruque déclenchant la chute d’une famille de poux qui jouaient les squatteurs dans sa moumoutte.
La table pouvait recevoir dix convives, mais en son bord un seul couvert était préparé sur le chemin de table. Les assiettes étaient en porcelaine impériale russe de Saint-Pétersbourg, la verrerie en cristal de Bohème et la ménagère en argent de chez Carl Weill. Sur un chauffe-plat, une soupière exhalait le fumet délicieux de la soupe aux choux que lui mitonnait La Belle et dont la recette lui venait de sa copine Blanche Neige.
« Holà quelqu’un ! ? qui puis-je présenter mes respects ? » Bieurla Panille. Mais fifrelette, aucune réponse. Comme il crevait la dalle, il posa ses miches sur la chaise devant le couvert et après une courte hésitation prit un louchon de potage et s’enquilla le souper préparé dont je tairai le menu pour pas vous faire bavocher sur votre liquette. Après avoir liché une dernière coupe de champagne, Dom Pérignon cuvée 1999, il ressentit un petit coup de pompe.
« J’irai bien me jeter dans les toiles ! » pensa-t-il.
Comme si la baraque, qui décidemment semblait avoir une âme, avait lu dans ses pensées, la lourde du fond sur la droite s’ouvrit. Elle donnait sur une piaule comprenant un grand bardanier à baldaquin avec un gros édredon brodé d’une tête de chat qui décidemment était le symbole de ce château. Près de la fenêtre aux volets roulants baissés, sur un secrétaire de style anglais des feuilles de parchemin étaient posées à coté d’un encrier de porcelaine comportant la traditionnelle plume d’oie blanche.
Deux petites portes contigües donnait sur les cabinces et la salle d’eau où sur une étagère au dessus du lavabo il y avait une brosse à dents dans son emballage, un blaireau, du savon à barbe et un magnifique coupe-chou en corne avec lame en acier de Tolède. Sur le pucier, pliée et repassée attendait une chemise de nuit en pilou à sa taille, un bonnet de nuit assorti et sur le tapis épais et bouclé, des charentaises douillettes. Maître Panille rêva cette nuit à des êtres fantastiques mi hommes mi chats.
Le lendemain matin, sur le valet de nuit, il retrouva ses frusques nettoyées et repassées ainsi que ses bottes décrottées et cirées. Après ses ablutions, se pointant à la salle à briffer, il ne fut pas surpris de trouver un grand bol de caoua fumant, des petits pains viennois, de la marmelade et un pichet de jus d’oranges fraichement pressées. Avant de quitter la casbah, sur une feuille de parchemin de l’écritoire, il scribouilla un petit mot de remerciement à destination de la bonne fée ou de l’ange gardien l’ayant si bien cocooné.
La matinée était claire et ensoleillée. Un vent léger apportait les effluves de multiples fragrances comme les lendemains de pluie. En se gonflant les soufflets, il reconnut le parfum caractéristique d’une rose fraichement éclose qui lui rappela le souhait de sa fillotte. Il se dirigea vers le buisson d’où venait le parfum et découvrit un magnifique rosier buisson qu’il reconnut être la création Romy Schneider de la collection Orard (deux excellents frères rosiéristes créateurs de Feyzin, Rhône). Subjugué par la beauté des fleurs, ii sorti l’opinel de son étui et coupa une fleur avec soin et avec ses gants pour ne pas se piquer. C’est alors que derrière lui, un grondement le fit sursauter.
Fin de lépisode, à suivre...
D’où vient ce grondement ?
Réponse A : D’un ours échappé d’un cirque ambulant et qui s’était infiltré dans la propriété.
Réponse B : D’un tremblement de terre d’une magnitude de pi 3,1416 sur l’échelle de Richter.
Réponse C : Du proprio, La Bête qui n’a pas, mais alors pas du tout apprécié qu’on lui chourave une de ses fleurs préférées.
Réponse D : Du passage à toute berzingue d’une escadrille de cigognes fonçant à la maternité la plus proche. Sans doute une urgence !
J’ai une petite poussée d’adrénaline. Je pars licher un verre de schnaps !
Je continue d’enrichir le dictionnaire des mots nouveaux, d’argot et de lyonnais populaires. – cabinces, détroncher (se) et scribouiller qui réhabilite en argot l’action d’écrire. Voir - Glossaire.
Pour la présentation du feuilleton, la vie de la romancière et l’évolution du conte depuis l’antiquité vous pouvez toujours voir –
La Belle et la Bête.
29 février 2019
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