Episode 6
L'arrivée au château
« La tolérance, c’est connaître des imbéciles et ne pas dire leurs noms. »
Pierre Doris
Où Maître Panille poursuivi par des loups sauve ses miches in-extremis et se retrouve devant un château impressionnant
Maître Panille venait d’arnoucher quelques paires de mirettes luisantes et rouges ; les hurlements qui suivirent lui collèrent une grosse pétoche.
C’était à n’en pas douter, une meute de loups qui se rapprochaient. Les canidés se déployaient en tenailles pour le coincer et il éperonna son bourrin pour accélérer l’allure ce qui était superflu car l’animal avait compris que ça commençait à chauffer vilain.
Malgré leurs efforts, les bestioles gagnaient du terrain, et lorsqu’au détour du chemin un portail majestueux entouré de hautes grilles brisa net leur allure, il ne leur restait plus qu’à vendre chèrement leur peau.
Cependant, le portail s’ouvrit devant eux, les laissant passer et se refermant aussi sec sur la tronche du loup le plus près qui débaroula cul par-dessus tête et en perdit quelques chaillotes.
« Il était moins une ! » S’exclama le Bonhomme en flattant l’encolure de sa monture qui hennit de joie.
Tout au bout de la grande allée, un château en pierres se dressait, inquiétant, mais c’est quand même plus bonnard que de servir de casse-graines à une meute hurlante. Descendant du cheval qu’il tint par la bride, il aperçut sur la droite, des écuries éclairées vers lesquelles il se dirigea. Elles comportaient douze stalles toutes inoccupées.
De chaque côté de l’entrée, deux lampes à pétroles dans des vasques cerclées et finement grillagées dispensaient une lueur douce ce qui permettait de constater la méticuleuse propreté de l’endroit et surtout de ne pas laisser l’animal dans le noir comme le craignent les chevaux. Un des box carré de 4m de côté (où le cheval pourra se tourner, rouler et se lever librement) était ouvert et aménagé d’une litière de paille de blé fraîche, d’une mangeoire avec un mélange de foin, d’avoine et de carottes et d’un abreuvoir alimenté par une source qui coulait doucement et dont le trop plein se déversait dans le conduit d’eaux pluviales garantissant ainsi la fraîcheur constante de la baille.
« Te voilà dans un quatre étoiles ! » Dit en souriant Maître Panille qui pansa et étrilla sa bestiole avant de le laisser se requinquer.
L’orage s’était calmé aussi vite qu’il avait éclaté et c’est au sec que notre ami grimpa les escadrins. Arrivé sur le parvis, il constata que l’interphone ne fonctionnait pas. Il cogna donc à l’huis à l’aide d’un lourd claque-porte de bronze qui ne représentait pas le poing fermé traditionnel, mais une tête de chat dont les yeux d’agates rouges semblaient l’arnoucher. Au premier heurt, la porte s’ouvrit silencieusement et lentement sous l’action de vérins hydrauliques parfaitement huilés.
Il s’entifla alors dans un immense hall en forme de rotonde très sombre comme les pensées du mecton qui vient de recevoir son tiers provisionnel. Il arreluqua, suspendu au plafond, un immense lustre en cristal qui cliquetait sous l’action du courant d’air. Il sursauta quand la lourde de l’entrée se referma dans un claquement sec et c’est alors que les cinquante lumignons de la suspension disposés en cercle sur trois niveaux, s’allumèrent l’un après l’autre.
Dans le même temps, répartis entre chacune des quatre baies vitrées ornées de panneaux de dentelles et de double-rideaux de velours rouge (composant elles même les deux quart de cercles situés de part et d’autre de la porte d’entrée), deux lourds chandeliers à sept branches tenus par des bras de bronze se déployèrent comme sortant des murs. Ils s’allumèrent à leur tour, chandelles après chandelles.
Le grand hall circulaire était carrelé de larges dalles noires et blanches posées en damier.
Au centre à l’aplomb du lustre, un motif représentait la tête d’un animal mi chat, mi lion.
Deux quenottes proéminentes sortaient de son maxillaire inférieur et ses mirettes paraissaient vous suivre dans vos déplacements.
Maître Panille en frissonna.
Sur le coté gauche de la bordure en ellipse qui entourait le dessin, la reproduction d’une rose avec sa tige était à ce point réaliste que la rose semblait naturelle comme tombée sur le sol. Il s’était d’ailleurs penché voulant la ramasser.
En face de l’entrée, un escalier majestueux en marbre de carrare rejoignait un balcon donnant sur les appartements de l’étage.
La rambarde comme la rampe de l’escalier était en fer forgé noir.
De chaque coté de l’escadrin, deux escalators en panne devaient assurer la montée et la descente.
Leurs marches étaient moquettées de la couleur de la rose.
Quand il s’en approcha pour monter, une force invisible l’en empêcha et c’est à ce moment qu’une porte du rez-de-chaussée à droite s’ouvrit lentement.
Fin de l’épisode, à suivre !
Bou Diou, qu’y a-t-il derrière cette porte?
Réponse A : Un loup qui avait réussit à sauter la grille, gueule grande ouverte et bavochant à l’idée d’avoir sa rebiffe.
Réponse B : La Bête qui va réclamer la vie du marchand ou celle d’un membre de sa famille.
Réponse C : Le ragdoll ou chat sacré de Birmanie venu souhaiter le bonsoir à Maître Panille. Dans les contes, les chats c’est très causant.
Réponse D : Rien du tout, juste un couloir.
C’est cornélien. Pire que le mystère de la chambre jaune!
Je continue d’enrichir le dictionnaire des mots nouveaux, d’argot et de lyonnais populaires. miches, pétoche, chaille ou chaillottes, entifler ou s'entifler– voir - Glossaire.
Pour la présentation du feuilleton, la vie de la romancière et l’évolution du conte depuis l’antiquité vous pouvez toujours voir – La Belle et la Bête.
22 février 2020
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