Episode 5
L'arnaque à la taverne
« Si le gouvernement créait un impôt sur la connerie, il n’y aurait plus de déficit public. »
Jean Yanne
Où il vaut mieux ne pas piccoler au risque de passer pour un blaireau
La Belle, pour ne pas se faire traiter de lèche botte par ses frelotes et ne pas gêner son dab en ne réclamant que dalle, jacta qu’elle aimerait qu’il lui rapporte une rose rouge comme celle qu’elle a zyeuté dans le catalogue de Meilland.
« C’est aussi la seule fleur qui n’a pas encore poussée dans notre jardin ! J’en ferai une bouture et elle deviendra un magnifique rosier. »
Le lendemain matin, à la petite aube, Maitre Panille harnacha son canasson, et rangea dans les fontes de la selle le casse-dalle, le kil de rouquin et le thermos de caoua mitonnés par La Belle qui s’était sortie des torchons pour y taper la bise et lui souhaiter bon voyage en lui prodiguant mille conseils.
La chevauchée dura trois jours avant qu’il n’arreluque en début d’après-midi, les faubourgs du port de Saint Zanno. Il cavala jusqu’à la capitainerie du port où, après avoir rempli et signé une tripotée de formulaires, il put récupérer ses marchandises aux entrepôts. Puis au marché-gare ousseque la vente aux enchères battait son plein, il refila sa camelote, récupérant au passage un bon pacson d’oseille.
Satisfait, il gicla jusqu’à l’auberge ‘’Aux faisans dorés et pigeons réunis’’, retint une piaule pour la nuit et après une rapide décrassouillette, il se posa à une table pour casser la graine et se mouiller la meule. Il choisit un menu qui devrait lui assurer la peau du ventre bien tendue.
(Je conseille aux âmes sensibles et amateurs de fast food de ne pas lire ce qui suit. Ca pourrait leur faire du mal. Pour les truculents, les épicuriens, les rabelaisiens, les amoureux de la bonne bouffe, imaginez donc et savourez ce que propose le chef breton Marc-André Boënnec. !)
En entrée, un tartare de harengs, suivi de moules à l’andouille puis un filet de lieu jaune et sa crème aux agrumes, et en dessert une tarte au lait ribot avec un coulis de fruits rouges et une pointe de crème chantilly. Elle n’est pas belle la vie ?
Pendant qu’il se pourléchait les babines, il fut interpellé par deux faux gentlemans, attifés en redingote et chapeau huit reflets, qui lui tapèrent la converse. Ils se présentèrent
« Jules Durenard et Marcel Lechat, négociants en picrate du domaine de Château Lapompe. » Sans souci la griotte, embrumé par la bectance et surtout par les canons que lui servaient sournoisement les deux compères, il dévoila la bonne fortune qui venait de lui arriver. Inutile de vous faire un crobar pour deviner ce qui va suivre. ? peine avait-il glissé sa viande dans les torchons qu’il rejoignit les bras de Morphée et se mit à ronfler. Ce qu’esgourdant, les deux fripouilles s’infiltrèrent dans la carrée et firent main basse sur la sacoche en cuir contenant le pognon de notre pauvre Maître Panille.
Le lendemain matin, se dépieutant avec une gueule de bois carabinée, il prit un rince cochon. Il mélangea dans un grand verre à bière un jus de citron, une grande quantité d’eau de source bien fraîche, une cuillerée à thé de sel de fuit, un aspirine et licha le tout, cul-sec. Il poursuivit par une douche écossaise et un café noir sans sucre.
Remis sur ses pattes, il constata la mort dans l’âme qu’il s’était fait lessivé et bourré le mou dans un attrape-gogos. Comme les marloupineurs ne lui avait pas tiré son larfouillet, il descendit casquer la douloureuse avant de calter sur le ruban tout tristounet. Il n'était pas tout à fait raide comme un passe-lacet et tailla directos, sans passer par les Galeries Farfouillettes, attriquer les frusques réclamées par ses fillasses.
Le premier jour du voyage de retour se passa sans encombre car faut tout de même pas pousser mémé dans les orties, c’n’est pas tous les jours que t’as la poisse. Le lendemain soir, il s’enquilla dans une forêt aussi peu engageante qu’une bignole qui t’attend aux pieds des escadrins pour te faire cracher ton arriéré de loyer. Mais c’était mieux que de rester en plaine où s’amoncelaient de lourds nuages, qui étaient accompagnés d’un vent violent qui avait bien failli par deux fois le fiche à bas de son canasson.
Des éclairs zébrant le ciel, illuminaient les arbres accentuant l’aspect fantomatique et inquiétant de ce coinsteau peu accueillant. Il espérait bien trouver refuge dans une cabane de charbonnier qui lui permettrait de passer la nuit qui se pointait, lorsque ce qu’il esgourda, lui fit dresser ses tifs sur son bocal.
Fin de l'épisode, à suivre...
Qu’a-t-il ouï ?
Réponse A : Le son d’un cor de chasse annonçant l’hallali et le galop de nombreux chevaux lui fonçant dessus.
Réponse B : Les grondements de mouines et d’éfélants qui sont d’horribles créatures de la forêt à ce qu’on dit.
Réponse C : Une série de hurlement de loups arrivant sur ses flancs lui coupant toute retraite.
Réponse D : Le crépitement de flammes d’un incendie qui se propageait vers lui à la vitesse du vent.
J’en ai les genoux tout mous et les guiboles qui flageolent !
14 février 2020
Je continue d’enrichir le dictionnaire des mots nouveaux, d’argot et de lyonnais populaires. crobard, casquer, décrassouillette
voir - Glossaire.
Pour la présentation du feuilleton, la vie de la romancière et l’évolution du conte depuis l’antiquité vous pouvez toujours voir – La Belle et la Bête.
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